Qui n'a pas brûlé du désir de ressentir davantage la présence de Dieu, de ressentir que l'Esprit divin est plus tangible, plus proche, plus réel ? Bien sûr, nous apercevons que cela implique peut-être davantage d'étude, d'« écoute » dans le calme, de prière, que ce que nous faisons actuellement. En fait, nous attendons l'occasion de nous y mettre: dès que nous aurons achevé ce projet au bureau, que nous aurons fini le ménage, que les factures seront payées, que nous serons allés faire notre gymnastique, que nous aurons rempli nos engagements à l'église, que nous nous serons occupés des besoins familiaux du moment, et que nous aurons gardé un tout petit peu de temps pour nous, nous allons sans faute prendre le temps de ressentir davantage la présence de Dieu. Coup d'œil rapide à l'agenda, il reste bien une plage de deux heures... dans trois mois !
La vie quotidienne nous impose un rythme d'enfer. Et ce ne sont pas seulement les occupations habituelles qui nous absorbent. La crainte, la douleur et les myriades d'autres préoccupations de l'existence mortelle ont tendance à nous écarter du sentiment d'être engagé spirituellement. N'avons-nous pas tous vécu cette scène: nous sommes en réunion ou nous déjeunons avec quelqu'un, mais nous sommes tellement préoccupés que nous ne prêtons attention qu'à moitié aux propos de notre interlocuteur ? En d'autres termes, nous sommes présents, mais nous ne sommes pas vraiment là.
Que se passe-t-il quand ce scénario décrit précisément notre relation à Dieu ? Quand notre engagement envers Dieu n'est plus qu'une activité supplémentaire dans notre vie, il n'est pas surprenant que nous ayons du mal à nous sentir proches de Lui et que nous devions consacrer de l'attention et de la concentration pour restaurer un sens de proximité avec le Divin.
Je me souviens d'une époque où, dans ma pratique de la guérison par la Science Chrétienne, j'étais occupé à prier et à travailler toute la journée, et pourtant les guérisons étaient lentes à venir. Je sentais que quelgue chose manquait, mais je n'avais pas compris que j'en étais arrivé insensiblement à parler de Dieu et à penser beaucoup à Lui, mais sans communier suffisamment avec le Divin: je n'étais pas vraiment animé de l'Amour infini et de l'Entendement divin qui est Dieu. Tout comme je ne m'attendrais pas à devenir un grand pianiste en ne faisant qu'assister à des concerts et écouter de la musique, je ne devais pas m'attendre à me sentir vraiment en communion avec l'Esprit divin juste parce que j'étais engagé dans des activités religieuses. Je devais me consacrer de tout cœur à exprimer Dieu.
C'est à peu près à cette époque qu'un ami nous a offert de séjourner dans sa maison de campagne pendant une semaine. Le reste de ma famille ne pouvant pas y aller, j'ai décidé que ce serait le moment idéal de me ressourcer spirituellement. J'ai pris des dispositions pour n'avoir ni patients, ni télévision, ni téléphone pendant cette semaine; il n'y aurait que Dieu et moi. Mais, alors que je commençais à prier et à étudier, je me retrouvai dans un tourbillon de pensées qui ne se calmait pas. Je me demandais quelles étaient les nouvelles, j'avais envie de passer des appels téléphoniques, même la vaisselle sale dans l'évier me distrayait de mon but. Réellement écouter Dieu allait impliquer davantage que simplement réaménager mon emploi du temps.
Ce qui m'a bien aidé a été de réaliser que l'homme, en tant que reflet de Dieu, possède toujours la capacité de savoir et de ressentir ce que l'original est en train de faire. J'ai décidé de me consacrer totalement à exercer cette capacité et ce droit de connaître Dieu. J'ai cessé de considérer les rêveries, les craintes, les discordes comme des obstacles futiles, pour les percevoir plutôt comme des ennemis agressifs s'opposant à mon union avec Dieu. Je me suis appliqué à me détourner mentalement de toute pensée qui pouvait me faire croire que je n'étais pas capable de ressentir la présence de Dieu. Je me suis rendu compte que ma façon d'exprimer activement les qualités de Dieu était en elle-même une démonstration de la présence de Dieu.
Je me suis attaché à rester tranquille et à aimer Dieu consciemment, à ressentir de la gratitude pour l'Entendement divin, pour le bien, pour l'Esprit, et à reconnaître que j'étais un enfant dont Dieu S'occupait tendrement. Cette vigilance a beaucoup élevé ma perception des choses. Avant la fin de la semaine, des paroles de la Bible et de Science et Santé que j'avais étudiées depuis des années prirent soudain du sens et de la puissance. Ressentir Dieu n'était plus une perspective lointaine, mais un vécu primordial, intime et vivant. De ce fait, l'écriture d'un discours que je devais donner à cette période s'est pratiquement faite d'elle-même. Les guérisons, dans mon travail de praticien, devinrent bien plus naturelles et régulières. Et j'ai été davantage « moi-même », plus présent, plus conscient de mon prochain, plus sensible.
Evidemment, si mes seules chances de ressentir la présence de Dieu dépendaient de la possibilité de mettre tout le reste de côté, je serais dans de beaux draps ! Ce qu'il fallait dans ce cas, c'était que j'arrête de penser à Dieu comme à un thème parmi d'autres ou comme « quelque chose à faire » sur une longue liste, et que je commence à prendre conscience que Dieu est l'essence même de ma Vie, de mon Entendement, de mon Amour.
Depuis ce jour, il y a encore eu bien des fois où j'ai dû rétablir la conscience de la présence de Dieu dans ma vie, et la plupart du temps, il a bien fallu que cela se passe dans le contexte mouvementé de la vie quotidienne. Mais je tâche de ne jamais oublier le fait suivant: si Jésus, mon Maître et Guide, éprouvait le besoin de se retirer pour être avec Dieu, que ce soit pour passer toute la nuit en prière ou quarante jours dans le désert, alors combien davantage aije besoin de la bonne volonté de passer régulièrement du temps avec Dieu, un temps si sacré qu'il ne doit pas être interrompu !
Mary Baker Eddy a souligné l'importance d'approfondir sa relation à Dieu. En tant que Leader du mouvement de la Science Chrétienne, elle a dû se battre âprement pour que les nécessités de son travail n'empiètent pas sur la priorité qu'elle donnait au temps consacré à Dieu. Et elle conseilla à ses étudiants de faire de même. Quand un jour un membre de son personnel se sentit submergé de travail, Mary Baker Eddy lui dit de consacrer encore plus de temps à la dévotion spirituelle. En l'occurrence, elle lui écrivit pour lui donner les instructions suivantes: « Réservez quatre heures chaque jour pour lire, prier et méditer seul avec Dieu. » Et au cas où il y aurait eu un doute quelconque sur l'importance de ce temps ininterrompu avec Dieu, elle ajouta: « Que cette règle n'ait pas plus d'exception que si vous étiez seul sur une île déserte ! » L14478, Mary Baker Eddy à Septimus J. Hanna, 5 août 1897, The Mary Baker Eddy Collection, The Mary Baker Eddy Library for the Betterment of Humanity
Je suppose que chacun de nous aimerait s'entendre dire qu'il peut ressentir davantage la présence de Dieu dans sa vie sans avoir besoin de changer grandchose à ses habitudes. Mais ce n'est pas vraiment possible. Nous ne voulons certainement pas donner à nos amis, notre conjoint, nos enfants une affection à moitié présente et absorbée par d'autres préoccupations. Cela nous mènerait un jour ou l'autre à nous souvenir avec tristesse de toutes les occasions manquées. Nous voulons être actifs, sensibles, attentifs quand nous aimons. Nous voulons tout mettre en œuvre pour que cela réussisse.
Alors, il faudrait faire de même quand il est question de notre amour pour Dieu. Comme Mary Baker Eddy le déclare dans Science et Santé, « les mortels peuvent bien chercher à comprendre la Science Chrétienne, mais ils ne pourront pas glaner dans la Science Chrétienne les faits de l'être sans lutter pour les acquérir » (p. 322-323).
Bien sûr, l'enjeu va bien au-delà de savoir si nous devons donner plus de place à la croissance spirituelle au sein même de nos activités quotidiennes ou si nous devons nous retirer pendant une semaine pour nous ressourcer spirituellement. La question est de savoir si, pour nous, notre relation à Dieu a de l'importance. Elle en a. Et elle requiert notre attention et nos efforts. La bonne nouvelle, c'est que rien ne peut nous faire sentir plus en phase avec notre raison d'être que de vivre la présence de l'Entendement, de la Vérité et de l'Amour divins.