Le rayon « Cartes d'anniversaire » d'une papeterie en dit long sur la façon dont on aborde le plus souvent la question du vieillissement. À mesure que le temps passe, on fête son anniversaire avec joie, en grimaçant, en se moquant, et en se plaignant de son âge. Pleins d'espérance, les trentenaires envisagent sereinement le grand palier de la quarantaine. Passé cinquante ans, il semble raisonnable de penser que la soixantaine est comme « une nouvelle quarantaine », puisque ceux qui nous paraissaient autrefois âgés commencent à présent une autre vie, passent des examens et explorent de nouvelles frontières à 70 ou 80 ans et plus.
Des millions de personnes investissent énormément de temps et d'argent dans tout ce qui promet de les aider à paraître plus jeunes, à se sentir mieux, à rester en bonne santé: régimes, exercices, produits cosmétiques, vêtements, médicaments, chirurgie plastique. Mais la plupart de ces efforts concernent le corps physique.
Cependant, d'autres personnes, dont les scientistes chrétiens, apprennent qu'une meilleure stratégie de longévité consiste à ne plus se préoccuper de « freiner le processus de vieillissement », pour s'attacher plutôt à « découvrir la vraie vie ». La vie ne se limite pas au physique, c'est en fait un voyage d'exploration spirituelle et de révélation.
Ce changement de préoccupation est à rapprocher du conseil de Jésus-Christ: « Ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous serez vêtus. La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. » (Luc 12:22, 23) Ce qui pour moi signifie: « Ne soyez pas si anxieux à propos de vos besoins physiques. » Jésus a également promis: « Je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu'elles l'aient en abondance. » (Jean 10:10, d'après la version King James)
Nous entretenons tous des pensées fondamentales sur la vie, des questions qui puisent au cœur de notre identité: qu'est-ce que la vie ? d'où vient-elle ? comment fonctionne-t-elle ? aura-t-elle une fin (et quand) ? et autres interrogations liées au déroulement propre à toute existence. Toutes ces questions, les plus grands maîtres religieux et les plus grands philosophes se les sont posées, ils les ont enseignées et méditées. Elles exercent une influence puissante, et sans doute plus que nous le pensons, sur notre quotidien, notre santé, le déroulement de notre carrière et, d'une façon générale, sur notre épanouissement. Notre existence et notre corps reflètent notre état d'esprit. Même si nous ne sommes pas tous des philosophes reconnus, la vie que nous menons et les grandes décisions que nous prenons sont basées sur notre conception (souvent totalement erronée) de l'existence et de ce qui la gouverne.
Qui croit aujourd'hui que la terre est plate ou que le soleil tourne autour de notre planète ? La société a dépassé depuis longtemps ce genre d'opinions erronées. C'est pourquoi nous sommes libres de parcourir les mers et d'explorer le système solaire. Mais pour ce qui est de la vie et de la spiritualité, nous avons un peu plus de mal à nous débarrasser de certains concepts tout aussi erronés. Notre vie quotidienne et notre longévité s'en trouvent limitées. Il y a en particulier trois domaines dans lesquels les opinions erronées exercent directement leur influence sur la façon dont nous grandissons, nous développons, viellissons, et dirigeons notre vie en général.
La naissance
Peu mettent en question l'opinion selon laquelle notre existence commence à un point précis dans le temps et qu'elle se déroule le long d'un vecteur temporel biologique soumis à un code génétique fixe.
Mais considérer que la date de naissance marque le véritable commencement de la vie, c'est accepter (peut-être malgré soi) de ne pas avoir existé avant cette date et de ne plus exister un jour futur (que l'on espère le plus lointain possible). D'autre part, réfléchissons aux incidences de l'idée, rarement mise en doute, que le code génétique détermine et façonne notre existence humaine avec davantage de précision que les plans d'architecte le font d'une maison. Ce n'est guère enthousiasmant quand on sait que ces cartes génétiques comportent souvent des imperfections qui destinent certains d'entre nous à une existence insatisfaisante, marquée par la maladie, et peu prometteuse.
Le livre de la Genèse offre deux points de vue radicalement opposés sur notre naissance et notre ascendance. Sommes-nous réellement faits de poussière, comme l'affirme le deuxième chapitre de la Genèse (ou, comme les sciences l'ont expliqué par la suite, de la rencontre d'un ovule et d'un spermatozoïde) ? Ou sommes-nous fondamentalement des êtres spirituels, créés à l'image et à la ressemblance de l'Esprit, comme le rapporte le premier chapitre biblique ? (voir Genèse 1:26)
En réalité, chacun de nous, sans exception, existe depuis toujours. Tout au long du chapitre intitulé « La Genèse », dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy explique que le premier récit biblique présente la vraie création, qui est fondamentalement spirituelle. Ainsi existons-nous déjà en tant que fils et filles spirituels de Dieu depuis que Dieu existe, c'est-à-dire de toute éternité. Nous existons, ou plutôt nous coexistons avec Dieu dans l'être et l'action éternels. Comme coexister signifie « exister ensemble » avec Dieu et non « commencer », nous ne cesserons jamais d'être ce que Dieu a voulu que nous soyons. Son « plan d'architecte » spirituel n'est pas imparfait, il est au contraire plus grandiose que celui de toute « maison de rêve » photographiée pour un magazine.
Nous avons toujours vécu et exprimé, d'une façon unique et individuelle, les bienfaits qui ont leur source en Dieu, notre vrai Père-Mère, et il en sera toujours ainsi. Dieu brille en chacun de nous comme le soleil dans ses rayons de lumière individuels. Et comme Il ne meurt jamais, nous ne pouvons jamais mourir. Jamais. Mieux comprendre notre « non-commencement » nous permet de vivre plus longtemps et dans une plus grande liberté.
La croissance et le développement
Croître et se développer est a priori une bonne chose. Mais si nous croyons être par essence des créatures matérielles, biologiques, il est naturel de penser que la croissance et le développement sont à la base un processus physique régi par le temps. De ce point de vue, croissance et développement ont aussi un mauvais côté, puisque la matière grandit, se développe, parvient à maturité, puis décline sur la pente du vieillissement et de la détérioration.
Examinons d'un œil neuf la façon dont nous « grandissons » et nous « développons ». Dans la mesure où nous « découplons » un tant soit peu notre origine de notre prétendue date de naissance dans la matière, nous entretenons un meilleur concept du progrès, de la croissance et du développement. Nous cessons de considérer ces étapes de vie comme des réactions matérielles et chimiques par nature, et nous les percevons comme de merveilleuses occasions de découvrir une existence bien plus riche de sens. Une existence qui ne doit pas à terme stagner ou diminuer, mais au contraire devenir plus intéressante et plus heureuse, plus spontanée et plus active à mesure que nous grandissons.
Spirituellement parlant, nous n'avons jamais vraiment été privés de formes splendides, de raison d'être, de créativité ni de capacités. Les idées spirituelles composées que nous sommes véritablement, en tant que création de l'Entendement divin, sont toujours complètes, pleinement développées, matures et utiles. Nous avons toujours été dotés de talents, de sagesse, d'aptitudes et d'une raison d'être. Ce qui ressemble à un processus de maturation ou à une suite d'accomplissements progressifs au cours du temps est en réalité la découverte ou révélation de ce qui a toujours été notre nature, puisque nous sommes les fils et les filles individuels et complets de Dieu.
La mort
Pour aller droit au but, mourrons-nous un jour ? Pour la plupart des gens, la question même est absurde: « Évidemment, pensent-ils, nous allons tous mourir, mais nous vivrons autrement, ailleurs. » D'autres croient qui'il n'y a rien avant la naissance ni après la mort.
Jésus avait un point de vue différent sur la vie et la mort, un point de vue qu'il a enseigné et vécu. Il a déclaré: « Avant qu'Abraham fût, je suis. » (Jean 8:58) Il a dit aussi: « Quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. » (Jean 11:26) Au lieu d'esquiver la question de la mort, il a accepté le crucifiement afin de montrer à tous le caractère pratique d'une compréhension de Dieu en tant que Vie. Cette compréhension lui a permis de ressusciter puis de connaître l'ascension, c'est-à-dire de s'élever « encore plus haut dans la compréhension de l'Esprit, Dieu » (Science et Santé, p. 46).
Jeunes ou âgés, peu importe, si nous croyons que notre vie s'arrêtera à un moment donné dans le futur, cela peut influencer négativement nos pensées et décisions actuelles, et ce plus que nous l'imaginons. Cela peut générer, de manière subtile, de l'angoisse et de la crainte, et ainsi aigrir notre caractère et retarder nos progrès. Cela risque aussi de favoriser l'indifférence, l'apathie ou un sentiment d'impuissance; c'est l'attitude de celui qui estime que « rien n'a d'importance puisque tout a une fin ». Nous pourrions même penser: « Pourquoi s'efforcer d'être bon, honnête ou pur ? Autant se moquer des règles puisqu'en fin de compte tout revient au même. »
Il est vraiment important de comprendre que la mort n'est pas tant un èvénement final qu'un défi fondamental à la vie et à l'identité, défi auquel chacun fait face et que nous finirons tous par surmonter, à l'exemple de Jésus. Le simple fait d'admettre aujourd'hui, même sans le comprendre vraiment, que la mort ne met pas un point final à la vie, permet dès maintenant de mener une existence plus remplie, plus longue et plus riche. C'est là une bonne nouvelle, à dix-neuf ans comme à quatre-vingt-onze ! De ce point de vue, la longévité est moins l'objectif lointain d'atteindre le troisième ou le quatrième âge qu'un déroulement auquel tous peuvent naturellement s'attendre, indépendamment de l'âge. La longévité découle d'une manière spirituelle plus exacte de concevoir la naissance, la croissance, le développement et la mort.
Le fait de moins considérer ma propre existence et mes activités comme une série d'étapes dans le temps en fonction de l'âge m'a aidé à surmonter la « crise de la cinquantaine », il y a quelques années. Parvenu à un certain âge et à une certaine étape dans ma carrière, j'étais convaincu que j'aurais dû accomplir davantage de choses, et bien plus tôt. J'avais le sentiment d'avoir « manqué le coche », sentiment cuisant dont j'avais du mal à me défaire. Si j'avais compris plus tôt que ce jugement était fondé sur une conception erronée du déroulement de la vie, je me serais certainement épargné quelques années d'angoisse existentielle.
Aujourd'hui, je perçois mieux les possibilités éternelles, illimitées, que j'ai de faire le bien, sans être limité par le facteur temps du « trop tôt » ou « trop tard ». C'est un soulagement de savoir que la vie ne commence ni ne finit jamais, et que nous aurons toujours le temps et la possibilité d'accomplir le dessein que Dieu a conçu pour nous. « La vie est éternelle », écrit Mary Baker Eddy, et elle ajoute: « Nous devrions reconnaître ce fait et en commencer la démonstration. La Vie et la bonté sont immortelles. Modelons alors nos vues concernant l'existence sur la beauté, la fraîcheur et la continuité, plutôt que sur la vieillesse et la décrépitude.» (Science et Santé, p. 246) Ce qui nous est demandé — et nous en sommes tous capables — c'est de changer nos vues très arrêtées concernant le pourquoi et comment de la vie.
En acceptant dès aujourd'hui de repenser notre existence, en admettant que la vie est bien plus qu'un processus matériel ou physique, nous connaîtrons peu à peu une existence plus productive, plus longue et plus satisfaisante. Une existence de moins en moins limitée par « les lois du viellissement ».