UNE FONTAINE DE BIENFAITS

Récemment, une amie m'a envoyé un message par Internet dans lequel elle me demandait de prier pour la ville d'Oaxaca au Mexique où elle réside et qui était en proie à une escalade de violence. Puis j'ai reçu un autre courriel parlant de la traite des esclaves en Inde, et un autre encore, sur le génocide au Darfour. Une de mes amies a un parent en poste en Irak. Dans le même temps, l'un de mes anciens élèves d'école du dimanche enseignait l'anglais en Corée du Sud lorsque la Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire. Et ma nièce vit en Afghanistan.

La liste de situations préoccupantes, voire terrifiantes, semble sans fin. Si je croyais que j'avais la responsabilité de la sécurité de chacun, je risquerais de reculer et même probablement de m'effondrer sous le poids de ce fardeau, mais je ne suis pas responsable du bien-être du monde.

Dieu gouverne l'univers. Là où l'humanité se débat avec la peur ou la frustration, Dieu est la divine puissance du bien qui nous ressource et nous rétablit, nous secourt et nous guérit. Cette force divine œuvre continuellement au bien. Notre prière ne stimule pas cette force, mais elle nous permet de voir l'activité du bien dans notre vie. Là où la mentalité matérialiste ne voit que violence et problèmes sans issue, la mentalité spiritualisée voit des solutions se profiler. Prier n'est pas ignorer les problèmes, c'est refuser de se laisser submerger par eux. Vous avez peut-être négligé de prier pour des problèmes du monde tels que la guerre ou le terrorisme, car ils vous semblent trop importants ou trop nombreux. Peut-être croyez-vous que votre prière n'est pas suffisamment bonne, ou que prier ne peut pas vraiment changer quoi que ce soit. Quelle qu'en soit la raison, j'aimerais vous rassurer par ces paroles tirées des Écritures: « La prière fervente du juste a une grande efficace » (Jacques 5:16)

Votre prière compte: Mary Baker Eddy, qui a créé cette revue, a recommandé de prier au sujet des grands défis de l'époque, empruntant les mots d'un poème populaire de son temps:

J'ai toujours aimé ce poème. Il y a des années, j'ai travaillé un été comme secrétaire dans un cabinet juridique et, chaque midi, en déjeunant dehors, je regardais une magnifique fontaine d'où l'eau jaillissait vers le ciel. J'essayais de suivre une goutte de cette eau, en la détachant du flot qui retombait en cascade. En un sens, il était impossible de séparer une goutte unique, car chacune d'elles faisait partie intégrante d'un tout magnifique, bien que chacune soit indépendante et suive sa propre trajectoire et son rythme propre.

Tout en regardant cette fontaine, je priais pour le monde. Je voyais Dieu comme le pouvoir invisible du bien agissant à l'instar de la force invisible qui mettait l'eau de cette fontaine en mouvement. Dieu qui est Amour, n'apparaît peut-être pas de façon matérielle, mais les effets de l'Amour sont évidents pour quiconque est désireux de regarder. Je pensais que chaque gouttelette ressemblait à une création, une idée de l'Amour, libre de s'envoler tout en étant gouvernée par la loi divine. Aucune ne prenait la place d'une autre, chacune d'elles était à sa propre place.

Je pensais aussi à la façon dont chaque goutte s'élevait sans effort, symbole de la façon dont l'Amour divin, et non l'énergie personnelle humaine, sert de moteur à l'action spirituelle.

Remarquant la manière dont certaines gouttelettes s'élevaient plus haut que d'autres, j'ai vu que si la fontaine était agréable à contempler, c'est que les trajectoires étaient variées, ce qui n'aurait pas été le cas si toutes les gouttelettes avaient dû suivre un même chemin monotone. J'ai commencé à apprécier le brouillard léger, sur les côtés de la fontaine, autant que la gerbe centrale, car c'était l'illustration de la valeur de chaque goutte, égale aux autres et individuelle.

C'était pendant la guerre du Viêt Nam et cet été-là, j'avais des amis qui combattaient au loin. Certains sont revenus, d'autres pas. Regarder la fontaine jour après jour m'a donné un sentiment grandissant de paix et d'espoir au sujet de la sécurité de chacun d'eux. Cette fontaine a commencé à représenter pour moi le flux continu de la vérité spirituelle sur terre. En pensant au fait que chaque goutte d'eau représentait un message précis de guérison issu de Dieu, je réfléchissais à ce pouvoir de guérison et de salut qui n'est pas limité à un seul endroit, comme la fontaine: le Christ guérisseur et sauveur était présent partout.

C'est à peu près à cette époque que j'ai découvert cette phrase de Science et Santé, ouvrage dans lequel je puisais depuis longtemps pour trouver une inspiration spirituelle applicable au quotidien: « L'Amour donne à la moindre idée spirituelle la force, l'immortalité et la bonté qui se révèlent à travers tout comme la fleur se révèle déjà dans le bouton. » (Science et Santé, p. 518). Cette phrase m'a encouragée à apprécier chacune de mes inspirations spirituelles, si modeste soit-elle, et à prendre conscience que derrière chacune se trouvaient la puissance et la bonté de Dieu.

Chaque jour, j'étudiais de nouvelles façons de considérer la fontaine: elle représentait l'inspiration spirituelle, le pouvoir de Dieu, Son action, Son harmonie et ainsi de suite. Au lieu de me sentir impuissante ou insignifiante, je me suis aperçue que cette prière transformait mon point de vue. Je pouvais me représenter mes prières, ou visions de la réalité spirituelle, s'unissant à celles des autres personnes dans le monde. Je ne voyais peut-être pas leur compréhension de la puissance divine de façon aussi tangible que l'eau de la fontaine, mais je pouvais avoir confiance dans le fait que nous travaillions tous ensemble, poussés par la même source divine. J'ai senti de plus en plus que j'étais unie avec ces millions de personnes inconnues priant pour prendre conscience du pouvoir protecteur de Dieu sur terre. Alors, cette prière quotidienne et cette aspiration à penser de façon spirituelle se sont traduites en un désir de prier de façon spécifique pour les problèmes dont j'avais connaissance.

Par exemple, mon train de banlieue traversait une partie misérable de la ville: la pauvreté, la décrépitude et la violence marquaient cette zone comme un panneau d'affichage annonçant le désespoir. Chaque jour je priais pour y voir quelques preuves de la puissance de Dieu à l'œuvre.

Un soir, en rentrant à la maison dans ce train, j'ai vu très clairement que l'Amour divin était présent, inondant cette zone d'amour. J'ai pensé aux mères qui aimaient leurs enfants, aux époux exprimant leur amour mutuel, aux employeurs soucieux du bien-être de leurs employés. Il se présentait à moi une fontaine perpétuelle de nouvelles manifestations de l'activité de l'Amour divin, et qui allaient bien au-delà de cette zone défavorisée. J'imaginais que l'Amour divin englobait toutes les zones urbaines, notamment là où se déchaînaient des tensions raciales. Je me suis mise à voir dans ma pensée la puissance de l'Amour divin qui englobe toute la terre. Il ne s'agissait pas tant de voir des images matérielles que de percevoir plus clairement des concepts spirituels. J'ai senti que le pouvoir de l'Amour était capable d'atteindre tous les fils et les filles de Dieu et d'être ressenti par eux, où qu'ils se trouvent. J'ai pris acte que cette prière m'unissait à chacun d'eux, partout dans le monde.

Ce soir-là, ma mère qui était venue me prendre à la gare m'a dit qu'elle avait été guérie d'un problème physique pendant que j'étais dans le train; elle m'a dit qu'à un moment elle s'était sentie très mal, et que le moment suivant elle était tout à fait bien. Elle avait eu l'intuition que je priais. Même si je n'étais pas en train de prier spécifiquement au sujet de sa situation, elle avait senti le pouvoir de guérison de l'Amour divin. Le fait que j'aie affirmé la réalité du pouvoir de Dieu l'avait aidée à sentir de façon tangible la présence de l'Amour grâce à la guérison. Qui sait combien d'autres personnes ont été touchées par ce moment de prière dans le train et en ont reçu des bienfaits ?

Cet été-là ma confiance dans le pouvoir de la prière a continué de grandir. Prier chaque jour sans faillir m'a transformée. En m'efforçant de saisir des vues nouvelles de la réalité spirituelle, j'ai commencé à discerner que l'objet de la prière est de porter témoignage de ce que fait Dieu. Les évènements du monde, même les plus perturbants, ont cessé de me bouleverser. J'ai commencé à me sentir mieux armée, grâce à un arsenal grandissant d'inspirations spirituelles.

Revenons à cette suite de courriels que j'ai reçus en cascade l'autre jour, et qui faisaient état de violences et d'actes terroristes dans le monde: ma réaction a été de chercher l'inspiration dans des idées spirituelles toutes neuves jusqu'à ce que je ressente que la fontaine d'idées spirituelles se déversait sur chaque personne. Tandis que j'achève cet article, je continue de prier pour la ville d'Oaxaca; mon amie de Corée du Sud m'a dit qu'elle se sentait en sécurité, et ma nièce en Afghanistan poursuit son important travail en dépit de conditions de vie difficiles. Pour ma part, je vois chaque jour des preuves du pouvoir guérisseur de l'Amour qui transforme la vie des gens. Les peurs sont peut-être nombreuses, mais les bienfaits issus de la fontaine de Dieu le sont plus encore.