À la question: « Avons-nous un moyen de lutter individuellement contre la mafia qui semble contaminer toutes les couches de la société ? », le commandant français d'Interpol avait répondu en substance: « Cela est impossible si on se contente de lutter physiquement contre cette puissante organisation. Il existe cependant un moyen, et c'est de commencer à lutter contre "l'esprit mafieux", dans notre vie quotidienne — contre la malhonnêteté, la tricherie, le détournement des lois, etc.»
Cet échange m'a interpellé. Il faisait partie d'une série d'émissions télévisées expliquant comment la police d'Interpol pouvait lutter contre les ramifications des différentes mafias et leur pouvoir en Europe.
Dans le même ordre d'idées, à la question: « Avons-nous, en tant qu'individus, un moyen de promouvoir la paix dans un monde où la violence et le terrorisme semblent prédominer ? », je répondrais par un énorme « OUI », bien sûr que c'est possible ! Et c'est à la portée de chacun, puisque c'est par soi qu'il faut commencer.
Souvent, le piège que présentent les questions ci-dessus, c'est de nous renvoyer à la nécessité d'agir dans un monde extérieur à nous-même, beaucoup trop vaste et complexe pour notre connaissance et notre pouvoir. Cela entrave notre désir d'agir, jusqu'à nous conduire au découragement, à l'abandon de nos idéaux les plus nobles et, au pire, à l'indifférence.
Ne nous laissons pas paralyser par de telles pensées !
Ne devrions-nous pas plutôt nous interroger sur les racines du terrorisme, de la violence et de la haine ? Ne sont-elles pas mentales ? Et, si tel est le cas, comment puis-je empêcher les pensées terroristes de nuire, dans ma vie personnelle et dans mes relations avec les autres ? Comment puis-je agir de manière efficace pour la paix ?
Si nous nous référons aux conseils de notre commandant d'Interpol, la réponse devient évidente: la seule façon consiste à prendre la décision radicale d'arrêter toute violence, toute haine et tout terrorisme... dans notre pensée et nos actes. Toute personne qui fait cela vraiment vous dira à quel point il est difficile de changer ces tendances de pensée et d'action. Pourtant nous pouvons le faire. Nous pouvons examiner sincèrement nos pensées, les corriger, et changer notre manière d'agir.
Christ Jésus insiste sur cette nécessité dans un message qui, encore aujourd'hui, défie la logique humaine: « Aimez vos ennemis... afin que vous soyez fils de votre père qui est dans les cieux. » (Matthieu 5:44, 45) De ce « père » que l'apôtre Jean identifie plus tard comme l'Amour même. Quel message révolutionnaire ! Être le « fils » signifie être le produit, être de la même nature que le Père, et nous apprenons que ce Père c'est l'Amour. Cela veut dire que si nous aimons nos ennemis, nous découvrons qui est notre Père: l'Amour, Dieu.
L'époque à laquelle vivait Jésus était tout autant une époque de terrorisme, où les hommes étaient habitués à la violence, à la loi du talion, et vivaient sous le joug de l'occupation romaine. Imaginez l'effet que ce message: « aimez vos ennemis » a dû produire ! Pourtant, c'est sur ce message que le ministère de Jésus a été fondé.
Mary Baker Eddy a saisi l'essence des enseignements de Jésus. Théologienne éclairée du XIXe siècle, dont la révélation est applicable de nos jours, elle découvrit dans sa vie l'extraordinaire puissance de l'Amour, une puissance que l'on qualifie de miraculeuse. Elle déclara que « ... l'Amour est maître de la haine ». (Écrits divers, p. 336) Ainsi, l'Amour est le seul pouvoir et la haine est impuissante. Donc aimer nos ennemis de façon inconditionnelle, c'est-à-dire être capable de discerner en eux la nature de notre Père, éclaire notre pensée au point de détruire les pires effets de la haine et de ramener la paix. Cela nous inspire et nous permet de trouver des solutions originales à chaque conflit. Pour faire face à la complexité de notre monde, nous n'avons pas d'autre choix.
Attention, cela ne signifie pas que nous devons aimer « les hommes au service du mal », ni aimer les mauvais traits de caractère en nous ou chez les autres. Il s'agit plutôt de découvrir ce que Jésus et Jean étaient capables de voir dans l'homme, à savoir chez leurs amis, leurs ennemis et en eux-mêmes: la nature même de Dieu, l'Amour. C'est cela que nous devons aimer.
Si cet amour occupe nos pensées — et l'amour de Dieu le fait assurément — il change inévitablement notre vision du monde, puisque c'est avec la pensée que nous comprenons notre environnement. Nous remplaçons les réactions de colère par la patience, la bonté, le respect de nos frères, et même de nos ennemis. Progressivement, nous pénétrons dans un état de pensée actif où l'Amour règne et où, comme le dit Jean, « l'amour parfait bannit la crainte » (I Jean 4:18). Nous découvrons alors un nouveau sens de paix dans notre propre conscience. Peu à peu, nous acceptons la nature de notre père comme la nôtre et celle de tous.
Il est certain que cette démarche exige un changement radical de la pensée. C'est loin d'être facile, mais lorsque nous commençons à faire cet effort, nous découvrons une force divine qui nous aide. Saul, un anti-chrétien qui pourrait être considéré comme un terroriste du 1er siècle de notre ère, découvrit, dans les efforts qu'il fit pour changer sa pensée, que Dieu était là pour l'aider et le guider. Après avoir pris le nom de Paul, il écrivit à un groupe de ceux qui suivaient les enseignements de Jésus: « ... c'est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. » (Philippiens 2:13)
Relevons le défi d'acquérir cette nouvelle façon de voir, de nous voir, nous-mêmes et les autres comme les vrais enfants de notre Père, la pure création de l'Amour divin, et que ce soit pour nous la plus importante tâche du XXIe siècle. Il est urgent d'agir ! Devenons ainsi les champions de l'Amour. La tâche ne devient-elle pas plus aisée lorsque nous comprenons à quel point nous contribuons à changer notre monde — notre conscience — par les actes que nous inspire l'Amour divin ?
