Depuis leur vaisseau spatial, c'est avec beaucoup d'affection et d'émerveillement que les premiers astronautes ont contemplé notre planète. Vue de si haut, cette petite boule lumineuse évoluant majestueusement dans l'univers ne donnait aucun signe de division, de violence ou de discordance de quelque sorte, elle n'exprimait que beauté et perfection.
Leur perception était-elle faussée par leur éloignement ou bien est-ce notre perception qui est parfois faussée par nos points de vue limités ?
Sommes-nous, par exemple, influencés par les médias qui, jour après jour, présentent un monde où règne un manque évident de cohérence et d'harmonie, où les moyens d'accomplir le mal semblent décuplés ? Le terrorisme dont nous entendons si souvent parler pourrait nous donner le sentiment que la violence est inévitable, qu'elle est inhérente à notre condition.
Nous ne devons certes pas ignorer les problèmes importants auxquels nous sommes confrontés, mais une manière de voir plus élevée nous permet de remettre en question cette notion que la violence est inhérente à notre monde. En fait, lorsque nous parlons de « notre monde », s'agit-il d'une réalité objective et universelle, ou bien de notre perception individuelle de la réalité ?
J'aime penser à l'illustration suivante: deux prisonniers regardent à travers les barreaux d'une même cellule; l'un voit la boue, l'autre les étoiles. Lorsque ces deux hommes regardent ce qui se trouve à l'extérieur, leurs pensées, elles, se trouvent dans des sphères très différentes; l'un se voit emprisonné, n'ayant rien d'autre à contempler que son désespoir, la boue représentant son état de pensée, tandis que l'autre est dans un tout autre monde, un monde d'espoir, de beauté et de paix, symbolisé par les étoiles.
Nous sommes donc placés devant cette question: Dans quel monde vivons-nous? Les pensées que nous acceptons au sujet de notre environnement et qui sont actives dans notre conscience, jour après jour et moment après moment, façonnent le monde dans lequel nous nous trouvons.
Dans son Sermon sur la Montagne, Jésus a déclaré: « L'œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé » (Matthieu 6:22). Cet œil « en bon état » dont parle Jésus n'est-il pas la faculté, innée en chacun de nous, de voir au-delà des apparences matérielles la réalité spirituelle et harmonieuse de l'univers créé par Dieu, l'Esprit infini, le Principe divin toujours à l'œuvre ? Et Jésus a démontré cette affirmation par ses œuvres.
Un jour, par exemple, une foule remplie de fureur à cause de son enseignement s'était emparée de lui et le menait au sommet de la colline sur laquelle la ville était bâtie, pour le précipiter du haut d'une falaise. Ces gens s'étaient enfermés dans un monde mental d'étroitesse d'esprit, de haine et de violence. Mais leur rage ne pouvait s'opposer à la paix divine perçue par Jésus. La Bible conclut le récit en disant: « Mais Jésus, passant au milieu d'eux, s'en alla. » (Luc 4:30) Rien ne nous oblige à rester emprisonnés dans un monde soumis à la crainte, au doute et à la violence. Le monde que nous percevons mentalement, lorsque notre pensée est en accord avec la nature spirituelle de la création, n'est pas uniquement une vision qui réconforte, c'est avant tout la réalité divine, qui transforme notre existence et qui nous permet de trouver l'harmonie et la sécurité auxquelles nous aspirons.
La Bible parle aussi d'un homme maltraité par ses frères jaloux, et qui plus tard a été injustement accusé et jeté en prison. On pourrait voir dans cette situation la vie d'un homme subissant un environnement injuste et violent. Mais cet homme, Joseph, avait compris qu'un monde d'injustice et de violence n'était pas celui dans lequel il se trouvait. Sa conscience d'être constamment en présence de l'Amour divin lui donnait la paix et la protection dont il avait besoin. Et donc, non seulement il a été profondément respecté et apprécié de ceux qui l'entouraient, même au cœur de la prison, mais il a pu sortir de cette prison et trouver la liberté et le progrès. (voir Genèse, chapitres 37, 39-50)
Nous aussi pouvons nous libérer de tout ce qui voudrait nous emprisonner. Dans son livre Science et Santé, Mary Baker Eddy énonce une règle simple et fondamentale pour y parvenir: « En tous temps et en toutes circonstances surmontez le mal par le bien. » (p. 571) C'est notre conscience du bien qui détruit le soi-disant pouvoir du mal. Jésus déclare: « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira. » La vérité au sujet du monde dans lequel nous nous trouvons nous est révélée par notre perception de la nature spirituelle du Créateur et de Sa création. Un Créateur qui définit la nature du bien infini et de l'Amour omniprésent, et une création qui est le reflet de cette plénitude. Comprendre et chérir cette vérité dans notre cœur nous met à même de démontrer l'harmonie dans notre vie et peut aider les autres à se réveiller et à abandonner leur monde d'illusion, d'insatisfaction et de violence.
Une de mes amies m'a raconté comment elle a trouvé la sécurité un soir très tard, alors qu'elle avait été agressée par un jeune homme. Elle rentrait chez elle et devait traverser un endroit boisé non éclairé. Soudain, un jeune homme sortit de derrière un arbre et la saisit brutalement par le bras. Dans sa frayeur, elle s'apprêtait à crier: « Lâchez-moi, laissez-moi partir ! » Cependant, tout aussi soudainement, la pensée lui est venue: « Tu n'as pas besoin de rentrer dans le monde de quelqu'un d'autre, reste dans le tien. » Au moment de cet incident, elle était en train de penser à la présence de Dieu et à Son amour pour Sa création. Elle ressentit alors un grand calme. Elle prit la main du jeune homme et, posément mais avec détermination, elle la retira de son bras. À cet instant, non seulement le calme s'était établi en elle, mais elle sentit que quelque chose avait changé chez son agresseur. Lui aussi s'était calmé et ils partirent tous deux en paix.
Le plus grand danger auquel nous pouvons être confrontés ne provient pas d'un monde en dehors de notre conscience, mais de toutes les pensées qui se présentent à nous et qui voudraient engendrer la crainte.
Le terrorisme est basé sur la crainte. C'est la croyance que l'idée du mal — la haine, le danger, la souffrance — peut paralyser nos facultés mentales et nous faire oublier que nous sommes libres, libres de penser, libres d'écouter Dieu, libres de voir la création de Dieu telle qu'elle est en réalité, et par conséquent libres de ne pas nous laisser paralyser par la crainte du danger.
La crainte disparaît lorsque nous devenons conscients du bien que Dieu exprime dans notre vie. Mary Baker Eddy explique: « Fixez fermement votre pensée sur ce qui est permanent, bon et vrai, et vous le ferez entrer dans votre existence dans la mesure où cela occupera vos pensées. » (Science et Santé, p. 261)
L'entendement mortel — la pensée qui se fonde sur une perception purement matérielle de la création et sur la prémisse que tout ce qui est imparfait et discordant est bien réel — voudrait parfois nous convaincre que le bien est éphémère et fragile et qu'il n'est pas toujours présent dans notre vie. Mais le fait demeure que Dieu est toujours présent, que Son amour est toujours présent, là même où nous sommes, et que cet Amour divin est la base de tout ce qui est bon et permanent dans notre vie. De plus, notre faculté d'être conscients du pouvoir de l'Amour divin ne vient pas de nos capacités personnelles, c'est l'expression de l'activité divine.
Lorsque nous comprenons que l'Amour divin, infini, est toujours présent, toujours actif, nous percevons que la nature de l'univers est fondamentalement bonne et ne peut inclure ni violence ni discordance. C'est une vision du monde que nous pouvons chérir et aider les autres à percevoir. Notre paix et notre sécurité en découlent et ne sont pas uniquement importantes pour nous-mêmes, mais aussi pour tous ceux qui nous entourent.
