Été 2006. Mon mari et moi sommes en vacances. Dans notre itinéraire, nous avons prévu une expédition de pêche d'une semaine sur la Côte Nord de notre belle province de Québec, au Canada. Dans cette région, il y a de nombreux lacs, dont plusieurs sont longs et larges. La nature est sauvage mais extraordinairement belle.
Le troisième jour, nous prenons la décision de nous éloigner de notre chalet et du lac qui le borde pour aller pêcher dans un autre lac.
La journée est magnifique. Pendant que mon mari prépare les lignes, le moteur dix forces, les rames et la gazoline de réserve, je prépare de quoi pique-niquer. L'enthousiasme est de la partie.
Une fois sur l'eau, nous prenons de belles truites sauvages.
Vers treize heures, nous mangeons. Que la vie est belle ! Mon mari suggère alors d'aller plus loin. Un petit vent se lève et me fait frissonner. À ma demande, mon mari tente de trouver des endroits à l'abri du vent pour continuer de pêcher. À seize heures, fatigués, nous décidons de rentrer, mais nous découvrons qu'il n'y a plus de carburant. Après avoir fait de grands signes et appelé à l'adie, nous voyons un jeune homme qui pêche plus loin s'approcher et nous offrir cinq litres de gazoline. Nous le remercios, sans oublier de remercier Dieu pour Son aide et Sa protection.
Puis, pendant une heure, nous cherchons notre route en vain. Je commence à avoir froid et à éprouver quelque crainte. Le jeune homme nous avait recommandé d'aller franc soleil et de suivre les gorges. Nous ne l'avons plus revu. Inutile de compter sur son aide.
À dix-sept heures, mon mari arrête le moteur. Le soleil a disparu derrière les montagnes. Nous sommes au milieu de nulle part sur un immense lac, seuls et complètement désarmés. Nous sommes perdus.
Mon mari dit tout haut: « Qu'est-ce qu'on fait ? » Il ne nous reste plus qu'à prier, lui dis-je.
Au cours des années, j'ai appris à quel point Dieu est Amour. Il m'a protégée à plusieurs reprises et c'est maintenant une nouvelle opportunité pour m'appuyer sur Son pouvoir infini. Je récite le Notre Père à haute voix et je chante les paroles d'un cantique tiré de l'Hymnaire de la Science Chrétienne (no 148):
En l'Amour je demeure,
je ne crains nul danger;
Confiant à toute heure,
là, rien ne peut changer.
Lorsque l'orage gronde
ou que mon cœur est las,
Sa tendresse profonde m'entoure à chaque pas.
Où tu voudras conduire,
je suivrai sans broncher.
Cela me calme, et je reçois l'idée qui va nous sauver d'une nuit passée dehors, ce qui peut s'avérer dangereux. « Allons vite au petit chalet que nous avons aperçu cet après-midi. » Mon mari accepte.
Après avoir débroussaillé la végétation nous arrivons au chalet, inhabité depuis quelques mois. Et là, l'Amour nous attend, une fenêtre s'ouvre d'un seul coup sans se briser. À l'intérieur, nous trouvons des couvertures de laine, du bois coupé et un poêle pour se chauffer, de la nourriture sèche, des divans confortables pour dormir... tout ce qu'il faut ! Réconfortés par la chaleur ambiante, nous exprimons notre gratitude.
Mon mari taille des filets de truite pour notre souper. Nous sommes si contents d'être à l'intérieur, car dehors les nuages s'amoncellent et envahissent tout le ciel.
Épuisés, nous dormons quelques heures. Quand je me réveille, de temps à autre au milieu de la nuit, je m'accroche à l'idée que je suis dans la main de Dieu et nulle part ailleurs, qu'll ne peut nous oublier, à cause du grand amour qu'll a pour tous Ses enfants, et je me rendors.
Le lendemain, il pleut à verse, impossible de penser sortir.
Nous passons donc la journée dans une bonne humeur relative. C'est facile de s'imaginer les risques qu'auraient représenté une trentaine d'heures passées dehors dans le froid, sous la pluie.
Vers seize heures, je me sens déprimée et je décide de traiter la situation d'un point de vue spirituel, comme je l'al appris en Science Chrétienne. Je trouve du papier et je note les idées qui me viennent:
• J'affirme que Dieu étant parfait, l'homme, Son reflet est parfait, que toute Sa création est partaite. J'identifie les suggestions contraires qui me viennent comme étant des mensonges et je les réfute vigoureusement. Je cesse de voir la nature comme une ennemie. Nous ne sommes pas perdus. Dieu peut-il se perdre ou perdre la trace de Ses enfants ? Non.
• Mon mari est-il coupable ? Non. Je rejette la méfiance et l'irritation que j'ai pu ressentir, et je les remplace par des sentiments plus purs à son égard. Dieu est son intelligence, le guidant toujours. Je peux donc à nouveau lui faire confiance, lui qui est pour moi un réel soutien depuis plus de vingt-cinq ans.
• J'affirme une fois de plus que nous ne sommes pas perdus car Dieu est notre guide infaillible qui sait tout. Et je maintiens que rien ne peut me persuader du contraire et que rien ne peut empêcher ma prière d'être efficace car Dieu est le seul pouvoir.
• Comme l'explique Mary Baker Eddy dans Science et Santé, « rien n'est plus décourageant que de croire qu'il existe un autre pouvoir opposé à Dieu » (p. 380). Nous sommes Ses enfants. Il est notre Père. Je peux donc m'en remettre entièrement à Lui quant au bon déroulement de la situation.
J'écris avec force AMEN sur le papier, et je mets un point final en appuyant sur mon crayon. Je lève la tête et je me sens parfaitement bien. Je me détache de l'idée obsessionnelle que le secours doit forcément venir du lac ou des airs, et je prends plaisir à regarder le feu dans l'âtre, à jouer aux cartes et à inventer un souper avec des nouilles blanches.
Vers dix-neuf heures, le soleil se montre. Le ciel s'éclaircit. Mon mari a la conviction alors qu'il faudra partir vers la gauche. Je suis prête à le suivre.
Après une deuxième nuit passée dans le chalet, nous déjeunous de gruau et nous écrivons une lettre pour exprimer notre gratitude. Nous faisons le ménage et nous partons à sept heures trente. Mon mari rame avec détermination, ne ménageant pas ses forces. Quand des doutes se présentent, je l'encourage à continuer.
À un moment, nous devons faire passer notre embarcation d'un lac à un autre sur un terre-plein, et mon mari fait preuve d'une force inhabituelle. Parvenus sur l'autre rive de ce second lac, nous réalisons que nous sommes enfin arrivés. Soit quatre heures plus tard.
Nous crions de joie, nous sommes seuls. Nous nous embrassons et nous pleurons.
Lorsque j'y repense, je vois qu'à chaque étape de notre sauvetage, nous avons reçu des idées claires, communiquées avec force. Ces idées nous ont sauvés. Ce sont des idées données par Dieu, l'Amour divin toujours présent. Chacun a le privilège de les entendre et de les mettre en pratique dans n'importe quelle situation.
J'en ai la ferme conviction.