Lorsqu'en 1993 une conférence sur la Science Chrétienne fut organisée à Brazzaville par trois filiales de L'Église Mère, notre société de la Science Chrétienne, qui regroupait quelques membres de L'Église Mère et une poignée de sympathisants, voguait sur un marigot de difficultés.
À cette époque, nous célébrions nos cultes dans le salon d'une maison d'habitation. Pour créer une surface convenable, des meubles devaient être déplacés tous les dimanches matin, ainsi que les mercredis soir pour la réunion de témoignages hebdomadaire. Avec les maigres ressources que généraient les collectes du dimanche, nous ne pouvions envisager l'achat d'une parcelle. Cependant, grâce à la prière, un membre de notre société eut l'inspiration d'offrir un terrain qu'il venait d'acheter, juste derrière le bâtiment dans lequel nous nous réunissions. Un hangar en mauvais état s'y trouvait. Mais vu l'aspect du terrain plein de broussailles, de marécages et d'une faune venimeuse, il semblait difficile d'imaginer que l'assemblée pourrait un jour y bâtir un temple.
C'est alors que le pays tout entier a sombré dans un chaos sans précédent. Une guerre civile ravagea toutes les régions. Au sortir de ces troubles, nous avions perdu notre lieu de culte, redevenu une simple maison d'habitation. Nombreux étaient les défis auxquels les membres de notre petite société étaient confrontés. La communauté était meurtrie. Le besoin de cette institution qu'est l'église se faisait sentir plus que jamais pour apporter l'eau fraîche de la Vérité à la communauté et panser ainsi les blessures.
Dans la partie de son livre, Science et Santé, intitulée « La Clef des Écritures », Mary Baker Eddy définit en partie l'Église comme suit: « L'Église est cette institution qui donne la preuve de son utilité et qui, ainsi qu'on le constate, ennoblit la race, réveille des croyances matérielles la compréhension endormie en l'amenant jusqu'à la perception des idées spirituelles et à la démonstration de la Science divine, chassant ainsi les démons, l'erreur, et guérissant les malades. » (p. 583)
Après avoir réfléchi à l'utilité et à la place de cette « Église » que Mary Baker Eddy définit en premier lieu comme « la structure de la Vérité et de l'Amour », trois membres de la communauté se firent un devoir d'ouvrir le chemin. Parmi eux, un agronome qui avait les connaissances voulues pour mettre en valeur le nouveau terrain. Ainsi, un matin, armés de houes, de bêches et de machettes, ces trois membres se sont attaqués au vieux hangar et à ses alentours. Ils ont nettoyé l'intérieur, colmaté les brèches, et placé quelques bancs dans ce bâtiment de fortune.
Grâce à la prière de tous ses membres, la petite église prenait son élan. Leur modeste nombre ne constituait pas un obstacle. Dans le livre de Samuel est décrite une victoire remportée par deux personnes seulement, pour sauver tout le peuple d'Israël quand celui-ci fut confronté à un grand défi. Cette parole frappante que Jonathan a prononcée au cœur même du danger: « Rien n'empêche l'Éternel de sauver au moyen d'un petit nombre comme d'un grand nombre » (I Samuel 14:6), nous a tranquillisés.
Cependant, au fur et à mesure que le projet progressait, de nouveaux défis se profilaient à l'horizon. En particulier, le besoin d'asseoir les bases d'une démocratie se faisait sentir car le nombre des membres de la société s'était considérablement accru. Le Manuel de L'Église Mère stipule bien que « dans la Science Chrétienne, chaque église filiale sera nettement démocratique dans son gouvernement ». (voir p. 74) La Science Chrétienne enseigne que chacun des enfants de Dieu, que nous sommes tous en réalité, est directement inspiré par Dieu, l'Entendement infini, en qui toutes les créatures ont la vie, le mouvement et l'être. Dans la mesure où nous faisons confiance au gouvernement divin et comprenons que chacun de nous exprime toutes les qualités divines, dans cette même mesure nous aidons notre prochain à s'épanouir.
Vouloir appuyer la direction de l'église sur la force de la personnalité, telle était l'erreur que nous avons résolu de corriger. Et l'assemblée est parvenue à faire preuve de beaucoup de responsabilité dans ce sens. Par exemple, alors qu'auparavant seuls des hommes étaient élus à certains postes, une femme fut portée à la tête du conseil d'administration, par le jeu de la démocratie. Cette enfant de Dieu insuffla à l'église un sens pratique pointu et beaucoup de dynamisme. Pendant son mandat, un nouvel édifice de l'église commença à s'ériger, ce qui semblait un défi insurmontable aux yeux de beaucoup. Par la suite, à l'exemple de ce membre, les femmes sont devenues très actives au sein de notre église, prêtes à relever tous les défis. Ce fut le cas de la surintendante de l'école du dimanche qui rénova cette structure. L'effectif des enfants a presque triplé. Des moniteurs compétents ont été nommés. Certains, parmi eux, sont praticiens de la Science Chrétienne, et il y a même un professeur d'université qui fait preuve d'humilité en prodiguant les enseignements du Christ aux petits.
Dans le domaine des conférences, les membres ont aussi surmonté des défis par la prière. Le comité qui s'en occupe plus spécialement est déjà parvenu à organiser sept conférences en une seule année pour le bien de toute la collectivité.
Aujourd'hui, notre église a réalisé des progrès considérables. Elle est passée du rang de « société » à celui d'« église ». [Selon le Manuel de L'Église Mère, La Première Église du Christ, Scientiste, à Boston, États-Unis, pour constituer une église filiale, il faut avoir un certain nombre de membres, dont au moins un praticien inscrit. (voir p. 72) Les églises peuvent alors s'intituler « Première Église », « Deuxième Église », etc. selon leur ordre d'établissement dans une ville.] Notre église s'appelle maintenant Deuxième Église du Christ, Scientiste, Brazzaville, et nous avons à ce jour plusieurs praticiens de la Science Chrétienne.
Au-delà de cet édifice de pierres et de bois, fruit des prières des membres, qui exerce une attraction au sein de la communauté, l'église continue à accomplir sa tâche d'ennoblir la race humaine. La résolution harmonieuse, grâce à la prière, de certaines rivalités tribales, et de clanisme, observés autrefois jusqu'au sein de notre église, se reflète aujourd'hui dans les progrès accomplis dans la localité et au niveau national. La tolérance, l'abnégation, la cohésion ont fait merveille.
Pendant plus de dix ans, malgré tous nos recours administratifs, les émanations d'une fabrique artisanale voisine n'avaient cessé de perturber le quartier ainsi que notre culte dominical. Les détritus de cette usine étaient exposés en plein air à la portée des enfants de l'école du dimanche. Là aussi, les efforts sincères des membres qui se sont attachés à reconnaître le rôle guérisseur de l'Église ont porté leurs fruits. Cette fabrique a dû fermer ses portes et disparaître. Aujourd'hui, un climat d'écoute paisible de la parole de la Vérité, auréolé de révérence et d'humilité, flotte du début jusqu'à la fin de nos services.
L'enfance et la jeunesse sont spontanément attirées par l'amour exprimé dans notre école du dimanche. Ces jeunes grandissent et amènent à leur tour d'autres personnes de leurs quartiers, qui viennent assister notamment aux réunions de témoignages du mercredi soir. Une part importante de ceux qui donnent des témoignages de guérison, physique et morale, lors de ces réunions sont des nouveaux venus à la Science Chrétienne.
C'est donc au propre comme au figuré que des fleurs d'espèces diverses jaillissent de l'ancien sol marécageux où l'église est plantée. Constatant ces progrès déjà réalisés pour démontrer l'utilité de l'Église, « la structure de la Vérité et de l'Amour », nous sommes de plus en plus conscients de la présence et de l'action du Christ.
    