Il y a cinquante et un ans, sortait la chanson à succès d'Elvis Presley: « Blue Christmas » (triste Noël). Cette chanson faisait partie du répertoire « country » depuis dix ans, mais c'est la version d'Elvis Presley qui a ravi les cœurs en Amérique, avec la complainte sentimentale de cet homme qui doit passer un triste Noël, « sans toi ».
Beaucoup se sentent profondément touchés par ce message: non seulement les amants séparés, mais aussi tous ceux qui sont seuls parce qu'ils n'ont plus de contact avec leur famille, qu'ils vivent un deuil ou qu'ils se trouvent éloignés de ceux qu'ils aiment. Quelques églises dans ma région organisent même des services spéciaux à Noël pour aider les gens à surmonter leur chagrin, dans un environnement spirituel.
Ma femme et moi comprenons fort bien ce que certains nomment « le syndrome de la chaise vide ». Cela fait neuf ans qu'un membre de notre famille refuse de passer Noël avec nous. De plus, d'autres parents habitent à l'autre bout du monde et ne peuvent se joindre à nous. Ma femme et moi pourrions nous sentir déprimés en voyant les chaises vides autour de la table de fête.
Cependant, nous nous sommes vite rendu compte que nous devions faire un choix: soit gérer la situation tant bien que mal, soit faire confiance à Dieu pour traiter le problème. Nous avons choisi la seconde solution. Bien que beaucoup de choses restent à résoudre dans notre vie, nous nous sommes aperçus que notre perception accrue de l'Amour infini de Dieu a atténué, puis peu à peu guéri notre chagrin.
Que se passe-t-il en pratique ? La prière chasse la tristesse à Noël parce qu'elle détourne la pensée du chagrin pour la mener vers la louange. Ma réflexion sur ces chaises vides m'a conduit à ce passage d'Ézéchiel (39:20): « Vous vous rassasierez à ma table... dit le Seigneur, l'Éternel. ». En réfléchissant, je me suis rendu compte que Dieu, notre Père-Mère toujours présent, nous fait asseoir symboliquement à la table divine et nous comble de Son amour.
La perception de la totalité de Dieu élimine l'impression de vide béant dans notre vie, parce que nous savons que Dieu s'occupe non seulement de nous mais aussi des absents. Nous sommes tous assis à cette table si nous permettons à notre conscience de se rassasier de la présence de Dieu. Nous avons le droit de nous réjouir tranquillement et de ressentir l'amour de Dieu, quelles que soient les circonstances.
L'œuvre principale de Mary Baker Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures, nous offre des paroles de réconfort. Avec le mélange de réalisme implacable et d'inspiration spirituelle qui la caractérisait, elle écrivit: « L'existence vous semblerait-elle vide sans amis personnels ? Alors le temps viendra où vous serez dans l'isolement, privé de toute sympathie; mais ce qui semble être un vide est déjà comblé par l'Amour divin. » (p. 266)
Au premier abord, cette déclaration peut paraître dure. Personne ne veut se retrouver sans sympathie. Mais, souvenez-vous, l'Amour divin est déjà là, qui comble tous les vides. C'est un remède merveilleux au syndrome de la chaise vide. Ma femme et moi avons ressenti la sollicitude de l'Amour et cela nous a réconfortés. Dans notre cas, cela n'a pas signifié couper les ponts froidement, mais laisser l'Amour divin prendre soin des membres absents de la famille. Nous savons que cette sollicitude nous inclut également. Nous sommes tous des idées de Dieu, nous mouvant dans l'amour de Dieu, que nous soyons ou non ensemble.
Nous appuyer sur Dieu de cette manière nous a fait prendre conscience que nous sommes tous assis à la table infinie de l'Amour divin. Savoir que nous sommes dans la présence de l'Amour a guéri le sentiment de vide dans notre vie, notre sens spirituel de l'amour s'est développé et nous avons trouvé un réconfort permanent. La présence de l'Amour divin n'est pas abstraite. Elle s'étend à chaque membre de la famille humaine, faisant disparaître toute tristesse, apportant la paix... et finalement la guérison.
