Pendant quelques années, il m'arrivait, juste avant Noël, de rester tard le soir au bureau, en centre-ville. Quand venait enfin le moment de partir, les magasins étaient en train de fermer, la foule s'en était allée et j'émergeais, à la nuit tombée, sur une grande esplanade nue. Seuls quelques rares hommes d'affaires portant des paquets, achats de dernière minute, se hâtaient dans la nuit froide.
Sans personne autour, les décorations habituelles des réverbères et les arbres illuminés ne paraissaient pas très gais, c'était le moins qu'on puisse dire; ils avaient même l'air franchement mornes. Et on ne pouvait s'empêcher de penser que ces bâtiments hauts et imposants, vides à présent, n'avaient pas grand-chose à offrir qui puisse satisfaire l'esprit de leurs occupants de la journée. Ni le tourbillon des affaires, ni le prestige éphémère, ni un niveau de revenu élevé n'y parviendraient. En marchant dans l'obscurité, j'ai profondément ressenti le besoin que nous avons tous de chercher ailleurs l'essence de notre existence.
Toutes les réjouissances déployées aujourd'hui pour les fêtes de fin d'année apportent une sorte de répit chaleureux, mais provisoire, à la morosité ambiante. C'est pourtant l'histoire simple et originale de Noël qui promet de la manière la plus concrète de réchauffer le cœur de chacun.
Lisez le récit de Noël comme si c'était la première fois, sans vous contenter de vous laisser emporter par le rythme et la beauté de la langue tout au long des scènes familières, et vous constaterez que ce récit peut paraître d'une nouveauté saisissante. Au centre de l'histoire, bien entendu, il y a une naissance et un bébé, un moment de la vie habituellement chargé d'espérance et de générosité. Qui n'a pas éprouvé une bouffée d'amour et d'espoir purs lorsqu'une famille s'agrandit ! Dans le cas qui nous intéresse, l'enfant devient immédiatement un signe d'espoir pour le monde entier.
Dès le début du récit minutieux qu'on trouve dans l'Évangile selon Luc, il est évident que l'histoire parle de personnes réelles, à une époque réelle, dans un lieu réel. Le voyage entrepris pour aller se faire recenser dans une Bethléem surpeuplée se base sur des faits réels. Hérode le Grand est mentionné dans les livres d'histoire. Marie, la future mère, a des inquiétudes et des doutes compréhensibles à propos du message qu'elle entend, même si elle fait preuve d'une obéissance et d'un amour pour Dieu qui la spiritualisent et la transforment. Joseph, son mari, n'est pas naïf, mais en toute conscience il aime la pureté et la bonté de Marie, et il s'en remet avec confiance à ces qualités.
L'enfant Jésus naît dans une étable (certains disent qu'il s'agissait d'une grotte où on gardait les animaux). Lorsque les bergers arrivent et relatent leur étonnante rencontre avec la lumière et la gloire de Dieu, ils semblent être déjà au courant de cette naissance. Nous comprenons qu'ils attendaient l'accomplissement de la prophétie concernant la venue d'un Messie. Il est clair que, dès le départ, on relie ce tout petit enfant à un message d'une portée immense. Les bergers, les mages et Marie ne s'étaient pas trompés. L'enfant grandit et prit une grande signification pour le monde entier.
Jésus-Christ allait enseigner, et mettre en évidence, que Dieu est le bien illimité, dépassant ainsi toutes les conceptions humaines antérieures. Il allait montrer à maintes reprises que ce bien n'est en fait jamais absent ni éloigné, ne serait-ce qu'un peu, de la vie humaine, mais qu'il est au milieu de cette existence comme une présence et un pouvoir vitaux, qu'il est littéralement « Dieu avec nous ». Grâce à ses paraboles et à ses béatitudes, et surtout par son exemple et ses guérisons, il allait révéler aux gens une compréhension nouvelle et éclairée de la vie, et dire de lui-même qu'il est « la lumière du monde » (Jean 9:5). Il allait annoncer à ceux qui l'écouteraient qu'eux aussi étaient une lumière dans les ténèbres, s'ils acceptaient et comprenaient son message annonçant que leur nature véritable est l'expression même de Dieu, dont la Bible dit qu'il est Amour et Esprit (voir Matthieu 5:14).
Si nous aspirons à trouver une réponse à la tristesse résultant d'un sens matériel de l'existence, c'est là que nous la trouvons: dans cette lumière du Christ qui éclipse toute morosité. Et cette réponse imprègne Noël d'une signification et d'une joie que rien d'autre ne peut produire. Mary Baker Eddy, qui découvrit que la nature du christianisme original de Jésus était scientifique au sens le plus profond du terme, écrivit à propos de Noël: « Je fête Noël avec mon âme, mon sens spirituel, et je commémore ainsi l'entrée, dans la compréhension humaine, du Christ conçu par l'Esprit, par Dieu et non par une femme: la naissance de la Vérité, l'aurore de l'Amour divin qui se lève sur les ténèbres de la matière et du mal, avec la gloire de l'être infini. » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 262)
À la suite d'une guérison majeure, par des moyens spirituels, Mary Baker Eddy sentit ses yeux s'ouvrir sur la véritable dimension de la vie de Jésus. Elle commença à discerner à quel point le fait de penser constamment que la matière et ses contraintes avaient dans sa vie plus d'autorité, plus de réalité que Dieu, avait gravement limité sa compréhension de Dieu. Après cette guérison, elle consacra trois années de son existence presque exclusivement à l'étude intensive de la Bible et à la prière, en cherchant à comprendre comment elle avait été guérie. Elle ne pouvait se contenter de croire qu'il s'agissait d'un rare exemple de foi aveugle ayant eu un effet sur le corps, ce qui d'ailleurs n'avait pas été le cas. Elle se rendit compte qu'il lui avait été montré qu'aucune vie n'est enfermée dans l'existence matérielle qui paraît si réelle, mais que la vie est en réalité en Dieu et de Dieu, l'Esprit, malgré toutes les apparences.
Mary Baker Eddy établit un lien étroit entre la guérison chrétienne et Noël. Voici, par exemple, ce qu'elle écrivit dans un article: « À des époques différentes l'idée divine revêt des formes différentes, selon les besoins de l'humanité. À notre époque elle revêt, avec plus d'intelligence que jamais auparavant, la forme de la guérison chrétienne. C'est là le petit enfant que nous devons chérir. C'est là le petit enfant qui entoure affectueusement de ses bras le cou de l'omnipotence, et fait appel à la sollicitude infinie de Son cœur aimant. » (Écrits divers, p. 370) Aucune des guérisons soi-disant « miraculeuses » de Jésus, comme la guérison de Lazare, celle d'un garçon épileptique, de lépreux, d'aveugles, de sourds et de paralysés, ne respecte les prétendues règles et lois d'un univers matériel. Si ces événements étaient de simples exceptions mystérieuses, ils ne pourraient se répéter. Jésus n'aurait pas appris à ses disciples que le fait de comprendre que Dieu est infiniment bon a le pouvoir de guérir. Il ne leur aurait pas dit: « Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Matthieu 10:8)
Ces cas de désobéissance aux lois matérielles révèlent en fait les lois cohérentes qui soutiennent l'existence et qui sont spirituelles, non matérielles. Mary Baker Eddy a compris que ces lois scientifiques et chrétiennes de l'être n'avaient jamais changé. Elles existaient pour toujours, et on pouvait rétablir la guérison chrétienne sur leur base. À mesure qu'elle comprenait la vraie nature de la prière, elle vit guérir, l'un après l'autre, ceux pour qui elle priait.
Mary Baker Eddy vit que la prière la plus efficace exclut la peur et ouvre la pensée à l'immense bonté de Dieu, le Principe divin parfait, l'Amour, au lieu de demander à Dieu de changer quelque chose. Des milliers d'élèves auxquels elle enseigna la Science Chrétienne apprirent à guérir par la prière et par la compréhension spirituelle. De nos jours, la même forme de guérison découle de cette vision plus large de Dieu.
La guérison qui survient exclusivement grâce à la prière rencontre encore beaucoup d'incrédulité dans une société extrêmement matérialiste et sceptique. Cette atmosphère de la pensée a pour effet d'empêcher quiconque de connaître Dieu, de vivre cette expérience spirituelle. Elle a même tendance à limiter le christianisme pratiqué avec ferveur. Ce qui est formidable, c'est qu'il suffit d'un peu d'amour désintéressé pour rouvrir la porte de la pensée à davantage de cet amour et de cette bonté qui sont au centre de la vie. Et ce qui est encore mieux, c'est que tout l'univers spirituel de la bonté divine, ce que Jésus appelle le royaume de Dieu au milieu de nous (voir Luc 17:21), est déjà présent, et que chacun de nous y a sa place.
Il est certain que nous avons besoin de prendre davantage conscience de la présence divine dans notre vie quotidienne, de comprendre de mieux en mieux que Dieu est Tout-en-tout, qu'Il est notre Vie, dès maintenant, si nous voulons que la guérison chrétienne nous vienne naturellement. La façon dont Jésus pratiquait la guérison était plus que de la compassion pour l'humanité, bien plus même qu'un signe impressionnant de l'autorité divine qui lui avait été donnée. C'était la présence même de Dieu et l'amour de Dieu pour Sa création — un sens tout nouveau de la Vie en train de se révéler. À mesure que se dispersent les nuages mornes du sens matériel de l'existence, avec leurs maladies, leurs maux et leur tristesse, la lumière du Christ, la vraie idée de Dieu, entre à flots. Nous aussi, nous prenons davantage conscience du bien déjà présent. Cet effet irrésistible est ce qui caractérise la vraie guérison.
J'ai beau pratiquer quotidiennement la guérison par la Science Chrétienne, j'ai malgré tout été surpris récemment par le nombre de guérisons dont j'ai entendu parler sur une période de quelques mois seulement. Elles me sont parvenues par e-mail, par lettre, par téléphone et en personne. Elles provenaient d'amis, de connaissances, d'élèves auxquels j'ai enseigné la Science Chrétienne, et d'autres praticiens de la Science Chrétienne. J'ai entendu parler de guérisons d'un cancer médicalement diagnostiqué et censé être en phase terminale, d'un orteil cassé et d'une jambe raccourcie. Des guérisons d'une hernie qui durait depuis longtemps, de graves problèmes cardiaques, d'une commotion, de symptômes de la mucoviscidose et de la sclérose en plaques, d'hémorragie, de problèmes psychologiques et de la surdité diagnostiquée chez un enfant.
Il est impossible que Noël, sous son vrai jour, soit obscurci par la tristesse de l'existence matérielle. Le vrai message de Noël, l'« Appel du temps de Noël » (voir Écrits divers, p. 369) qui guérit, nous parle du bien illimité, d'une signification et d'un amour spirituels sans fin qu'il nous faut découvrir, et donne une dimension nouvelle et infinie au bien que nous hésitons beaucoup trop à attribuer à Dieu. En fin de compte, Noël est le message de Dieu Lui-même à l'humanité.
