Encore une nuit blanche et, de nouveau, je me retrouvais littéralement sur les genoux, devant mon garage. Levant les yeux au ciel, je me suis demandé jusqu'à quand j'allais pouvoir supporter la douleur de vivre. À cette époque, je dormais rarement plus d'une heure par nuit. Je m'assoupissais quelquefois pendant la journée, mais l'insomnie était constante. Et puis, quelques mois plus tard, je ne pouvais plus ni boire, ni manger, ni sortir de mon lit pendant des jours: j'étais constamment angoissé et déprimé.
Je pourrais faire la liste de tous les maux qui m'assaillaient, mais je me contenterai de dire qu'un jour, j'en avais dénombré vingt-quatre: des problèmes physiques aussi bien que des tempêtes émotionnelles. Dans un bon jour, je n'avais que deux ou trois problèmes, mais dans un mauvais jour, je devais faire face à quatre ou cinq. Toutefois, tout au fond de moi, je savais, grâce à mon étude de la Science Chrétienne, que Dieu pouvait me guérir de cette profonde dépression. Malgré tout, j'ai consulté plusieurs médecins pour obtenir quelque soulagement et un état dépressif a été diagnostiqué. J'ai pris des médicaments, mais ils ne m'ont pas aidé. Finalement, je les ai tous jetés. La seule chose qui me faisait du bien, c'était de me retrouver avec mes amis scientistes chrétiens qui pensaient de manière spirituelle, qui ne voulaient pas m'abandonner, quoi qu'il arrive. Je me rendais tant bien que mal à l'église et, une fois que j'y étais, je ne voulais plus partir, parce que je redoutais la solitude. Pendant cette période de seize mois environ, plusieurs membres de l'église m'ont emmené chez eux, se sont occupés de moi, ont prié avec moi, m'ont rendu visite, m'ont apporté à manger, m'ont réconforté, m'ont emmené en vacances avec eux. Ils savaient toujours qui était le vrai Alvin et ils ne croyaient pas à l'image qu'ils avaient devant les yeux.
Bien sûr, il m'était arrivé des choses qui avaient précipité cette chute incroyable vers le néant. J'avais subi des violences sexuelles quand j'étais petit et pendant toute ma scolarité j'avais été atteint de troubles du comportement; en fait, je ne pouvais pas me concentrer plus de quelques minutes, j'étais dyslexique et je souffrais d'angoisses. À cette époque, on pensait que j'étais mauvais éléve et incapable d'apprendre comme les autres. Plus tard, arrivé à ce point de dépression, j'avais détruit deux mariages et je m'étais considéré comme un raté qui ne pouvait espérer aucun bonheur dans l'avenir. Je pensais que ma vie était finie. Parfois, je pensais au suicide, ou alors, j'avais le sentiment que ma vie avait déjà atteint son terme.
Toutefois, la seule chose qui ne m'ait jamais quittée, c'est ce que j'avais appris en étudiant la Bible et Science et Santé. Je savais que l'homme que je regardais dans la glace, un mortel triste, usé, déprimé, n'était pas vraiment moi. Je savais, jusqu'à un certain point, que tout cela n'était qu'un rêve mortel. Plusieurs de mes amis qui étaient praticiens de la Science Chrétienne ont prié avec moi à différents moments pendant cette période. Je pense réellement qu'ils m'ont sauvé la vie, ainsi que d'autres amis scientistes chrétiens qui m'aidaient de toutes sortes de façons. Avec leurs prières et les miennes, et un traitement en Science Chrétienne, j'ai commencé à me rendre compte que ce que je voyais dans la glace n'était pas le vrai moi. Mon vrai moi était la réflexion de Dieu. Par ce terme, je veux dire que je voyais que l'homme de Dieu est la manifestation de Dieu, la façon dont ll apparaît. L'image physique que j'avais détestée et rejetée n'était qu'une illusion.
Il me fallait lutter constamment pour maintenir cette image plus élevée de moi-même, parce que la façon charnelle de penser continuait à me tirer vers le bas, à me dire que j'étais un mortel inutile. Comme je l'ai déjà dit, le cauchemar a duré à peu près un an et demi et j'ai mené cette lutte sans arrêt. Mais, en fin de compte, j'ai commencé à me voir d'une manière plus positive. Je déclarais même parfois tout haut que j'étais l'image de Dieu, et je comprenais ce fait de plus en plus.
Je lisais souvent les leçons bibliques hebdomadaires de la Science Chrétienne [indiquées dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne] et aujourd'hui, ces leçons sont devenues pour moi ma matière première. Elles sont mon pain quotidien. Je prenais aussi l'Hymnaire de la Science Chrétienne et je le lisais en entier. Certains vers des cantiques me tenaient compagnie pendant des jours entiers. Je sais qu'ils m'ont aidé. Le cantique 324 m'a particulièrement affermi. Il commence ainsi:
Prends ma vie et qu'elle soit,
Seigneur, consacrée à Toi ;
Prends mes jours et mes instants,
Qu'ils se passent en priant ;
Prends mes mains, fais-les toujours
Agir selon Ton amour.
Ce passage de Science et Santé a également beaucoup compté pour moi et il signifie encore beaucoup: « ... l'Amour divin ne peut être privé de sa manifestation, de son objet... » (p.304)
Un beau matin, après toute cette prière, après m'être tourné constamment vers Dieu et avoir reçu l'amour et le soutien des praticiens, quelque chose a cédé. Quelque chose s'est passé dans ma vie. Je me suis levé et je ne suis pas retourné me coucher.
Environ dix jours plus tard, je déjeunais avec un ami et j'ai senti que cette chape de plomb, ce sentiment d'oppression que j'éprouvais, commençait à s'évanouir. Il a fallu quelque temps pour que ce sentiment me quitte à tout jamais, mais je savais à ce moment-là que j'étais sur la bonne voie. Bientôt, je me suis senti totalement libre.
J'ai changé physiquement. J'ai perdu ma crainte de la mort. J'ai perdu la crainte de devenir vieux, décrépit, inutile. J'ai compris que je ne pouvais pas mourir. Je me suis rendu compte que la Vie est éternelle. J'ai compris qu'il n'y a pas de mort. La réflexion de Dieu, Son image et Sa ressemblance, ne peut pas manifester autre chose que les qualités de Dieu. De manière surprenante, mes quelques cheveux gris ont disparu et n'ont jamais réapparu. J'ai recouvré mon énergie, mon intérêt à vivre et maintenant je ressens une réelle joie spirituelle. J'ai même commencé à entendre des notes de musique que je n'avais jamais entendues auparavant, ce que j'appelle « de la musique dans la musique ». J'ai commencé à apprécier l'art. J'ai perdu mon anxiété. J'ai pu me concentrer davantage quand je lisais ou que j'apprenais de nouvelles choses. Toute incapacité à me concentrer sur ce que je lisais a disparu. Je suis vraiment né de nouveau.
Je peux honnêtement parler de résurrection: je suis remonté de l'abysse de la dépression pour embrasser la vie comme je ne l'avais jamais fait auparavant. Je ne pourrai jamais assez exprimer ma gratitude pour les bienfaits que j'ai reçus grâce à mon étude de la Science Chrétienne, et pour avoir été amené à cette magnifique compréhension de Dieu.
    