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Tendre l'autre joue ?

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne d’octobre 2007


« Vous avez appris qu'il a été dit: Œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre. » (Matthieu 5:38, 39)

Existe-t-il une injonction qui interpelle autant que celle-ci ? Pourtant, parmi les directives et les enseignements donnés par Jésus à ceux qui le suivent, cet ordre s'avère sans doute la réponse la plus efficace pour mettre fin aux conflits les plus dangereux, qu'ils soient d'ordre politique, territorial ou religieux.

Cette instruction figure parmi une série d'injonctions proposées par Jésus dans son Sermon sur la montagne, chacune d'elles démontrant ce qu'il décrit comme une justice qui « surpasse celle des scribes et des pharisiens » (Matthieu 5:20). Jésus promet que cette justice plus grande n'abolira pas la loi mais l'accomplira. (Matthieu 5:17) Un accomplissement qui est la nouvelle alliance annoncée par le prophète Jérémie: « Je [Dieu] mettrai ma loi au-dedans d'eux, je l'écrirai dans leur cœur; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. » (Jérémie 31:33)

Pendant des millénaires, la loi du talion, « œil pour œil, dent pour dent », a contribué avec succès à faire diminuer le nombre d'actions violentes en donnant à la victime la possibilité de rendre, une fois seulement, une offense équivalente (mais pas pire) à celle reçue, loi que la société considérait comme la façon la plus juste de résoudre des conflits. Jésus savait pourtant que ces méthodes traditionnelles n'allaient pas jusqu'au cœur du problème, qu'elles ne guérissaient pas en profondeur les personnes concernées.

En outre, le but de ces consignes est d'aider les disciples de Jésus à être « fils de [leur] Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons [...] » (Matthieu 5:45) Les enfants de Dieu, de par leur qualité, ne peuvent rechercher la vengeance, même si elle est tenue sous contrôle. Le fait de tendre l'autre joue est donc bien plus qu'un idéal humanitaire, c'est l'élan de chaque individu vers la nature même de Dieu qui créa toutes choses de façon parfaite, aimant chacun de façon impartiale.

Mais l'approche de Jésus qui consiste à tendre l'autre joue est-elle vraiment efficace ? Ses disciples ont eu l'occasion de mettre ses paroles à l'épreuve: un jour, par exemple, alors que l'un de leurs voisins ennemis leur avait refusé l'hospitalité et que les disciples avaient demandé à Jésus s'ils devaient commander que le feu descende du ciel sur eux, leur Maître ne s'est pas écarté de l'enseignement qu'il leur avait donné concernant « l'autre joue ». Voici ce qu'il a répondu: « Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés. Car le Fils de l'homme est venu, non pour perdre les âmes des hommes, mais pour les sauver. » (Luc 9:51-56) L'Esprit dont Jésus parlait était celui-là même qui brille à la fois sur les bons et les méchants et qui ne nécessite aucune violence ou revanche, mais qui appelle à la rédemption par le pouvoir de la grâce et de l'amour de Dieu.

Il y a un certain nombre d'années, l'occasion m'a été offerte de mettre à l'épreuve l'enseignement radical de Jésus lorsque j'ai dû choisir comment j'allais répondre à une injustice qui m'avait été faite personnellement. Je vivais avec ma famille en Afrique du Sud dans l'État du Swaziland, travaillant pour une école internationale. L'un des professeurs était en conflit avec l'administration de l'école au sujet d'un problème personnel et je trouvais que cette personne ne pensait qu'à servir son propre intérêt. Elle s'était arrangée pour entraîner un grand nombre d'enseignants dans cette histoire et elle avait aussi impliqué injustement un membre de ma famille, l'accusant d'être un des premiers fautifs dans l'affaire. Alors que des insinuations et des rumeurs mettaient tout l'établissement en ébullition, je me tenais à l'écart non sans critiquer cette « faiseuse d'embrouilles ». Il me semblait qu'au nom de la justice, un comportement aussi répréhensible connaîtrait sa minute de vérité, et je voulais être présente pour être témoin de la punition le moment venu !

Après avoir passé une semaine à me tourmenter et à tenter de prévenir des répercussions négatives, et me sentant épuisée, je me suis finalement arrêtée pour appeler Dieu à l'aide. Je me sentais mal à l'aise, car je me rendais compte que, secrètement, j'espérais voir « mon ennemie » souffrir comme nous-mêmes avions souffert. Mais cette satisfaction temporaire procurée par la loi du talion n'aurait jamais pu panser les cœurs et les esprits privés de la rédemption que procure la tendre présence de Dieu. Je me sentais vidée et j'aspirais à la paix.

Je pensais que mon seul autre choix était le suivant: jouer les martyrs stoïques, et sans me plaindre, recevoir les coups de l'injustice, tendant l'autre joue comme Jésus l'avait recommandé. Or, il me semblait injuste de simplement capituler devant de mauvaises actions. Instinctivement, je sentais que mon cœur s'y refusait, que ce geste sonnerait faux, car l'amour réclamé par le sermon de Jésus ne l'inspirerait pas. J'ai commencé à voir que Dieu ne ferait pas partie de cette solution dépourvue d'amour.

Martin Luther King a fondé sa pratique de la non-violence sur ce qu'il a appelé ce « principe », l'amour, et sur les impératifs moraux qu'il contient. Dans son essai intitulé « Aimer ses ennemis », il fait une remarque saisissante qui montre bien sa compréhension de l'importance de l'ordre donné par Jésus: «[...] la non-coopération avec le mal est autant une obligation morale que la coopération avec le bien. » Martin Luther King, La force d'aimer, Casterman, 1990

Ces idées m'ont fait réfléchir plus profondément à ma situation: comment allais-je obéir à cet enseignement qui prescrit de tendre l'autre joue et de ne pas collaborer avec le mal ? Je pris conscience que mes prières allaient m'emmener au-delà de l'impasse de la colère vers une confiance sincère dans la puissance et la présence de l'Amour qui guérit et bénit universellement. Sachant alors ce que j'avais à faire, j'ai tout simplement lâché prise. Le calme qui m'a aussitôt envahie m'a purifiée instantanément de tout ressentiment.

Le jour suivant, le professeur en question a abandonné sa plainte contre l'administration de l'école. Presque tout de suite, une solution à ses préoccupations concernant des besoins de sa famille, s'est présentée. Tout ressentiment s'est rapidement dissipé. La satisfaction de voir le problème résolu ne nuisait à personne, elle découlait de la joie de voir chacun recevoir des bienfaits.

Bien des années après cet épisode, j'ai pu être le témoin direct d'un bienfait plus vaste encore: l'ordre de Jésus de ne jamais user de la loi du talion apporte des récompenses bien au-delà du cercle immédiat de nos relations. Pendant la période de transition vers la prise de pouvoir par une majorité noire en Afrique du Sud, Nelson Mandela, qui était sorti depuis peu d'un emprisonnement de vingt-sept ans, est venu nous voir dans notre école au Swaziland, où son petit-fils était élève. La poignée de main de Nelson Mandela était vigoureuse, mais elle n'avait pas autant d'autorité que son message éloquent et l'exemple de réconciliation, et non de vengeance, qu'il a donné à son pays. Sa vie, qui a démontré la puissance de l'enseignement de Jésus, après l'aridité d'une si longue oppression, faisait penser à une vague d'espoir et de rédemption remplissant l'Afrique du Sud « comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent ». (Ésaïe 11:9)

Il est difficile d'imaginer notre monde sans le modèle de Jésus, à savoir un appui radical sur Dieu lorsqu'on est confronté à l'agression. Si Jésus avait prévu d'adapter son ordre au gré des circonstances, pourrions-nous saisir la profondeur et la plénitude de l'Amour divin et ses possibilités de guérison infinies et renouvelables ? La Prière du Seigneur nous promet l'action de Dieu « sur la terre comme au ciel. » (Matthieu 6:10) Malgré tout ce qu'on peut lire ou entendre sur la guerre et sur des situations extrêmes tout autour du monde, les lois universelles de Dieu, des lois de paix et d'harmonie pour tous Ses enfants, sont donc bien présentes, prêtes à être révélées.

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