On définit souvent la misère selon les termes matériels les plus simples: le douloureux manque de nourriture ou de domicile. Or, il existe également une misère spirituelle qui est tout aussi destructrice. Elle se présente sous la forme d'un désir ardent d'avoir des amis, une raison d'être, de bonnes perspectives, un statut; sous la forme d'un manque d'idées, d'inspiration, d'innovation, ou encore d'une sécheresse dans la sensibilité et les affections.
Dans le monde industrialisé, les gens cherchent souvent à soulager ces sensations de vide en recourant aux drogues, en dépensant sans compter, en ayant des relations passagères, mais tout cela s'avère finalement décevant.
On pourrait appeler ce phénomène « la misère de l'abondance », croyance erronée selon laquelle les biens matériels peuvent se substituer à l'amour. À propos de ce sens mortel de la vie, le prophète Aggée déclarait, dans la Bible: « Vous semez beaucoup, et vous recueillez peu, vous mangez, et vous n'êtes pas rassasiés, vous buvez, et vous n'êtes pas désaltérés, vous êtes vêtus, et vous n'avez pas chaud; le salaire de celui qui est à gages tombe dans un sac percé. » (1:6)
Bien entendu, il n'y a aucun mal à désirer de bonnes choses. L'essentiel, c'est de se demander ce qui est à l'origine de nos désirs. Jésus le Christ nous a fait cette promesse: « Cherchez plutôt le royaume de Dieu; et toutes ces choses vous seront données pardessus. » (Luc 12:31) Ce grand enseignement du Maître nous incite à nous détourner de la croyance selon laquelle il suffirait de remplir son existence de biens matériels pour remédier au sentiment d'insuffisance.
Chercher le royaume de Dieu, de l'Esprit, c'est une assurance que le bien reçu sera permanent et réel. Cette recherche nous permet de comprendre que le bien est totalement spirituel, qu'on le trouve seulement en Dieu. Lorsque nous reconnaissons que nous sommes spirituels, entourés de la sollicitude d'un Dieu aimant, nous sommes capables de nous libérer d'impulsions matérialistes qui ne nous apportent pas vraiment la paix. Le Psalmiste révéla le lien qui existe entre l'identité spirituelle et le sentiment de satisfaction, quand il écrivit: « Pour moi, dans mon innocence, je verrai ta face; dès le réveil, je me rassasierai de ton image. » (Ps. 17:15)
De même que le reflet inclut toutes les caractéristiques de la personne placée devant le miroir, vous et moi reflétons Dieu et exprimons Sa bonté et Sa générosité. En prenant conscience de notre véritable identité à la ressemblance de Dieu, nourrie et soutenue par l'Amour divin, nous constatons que, par réflexion, nous possédons déjà tout bien.
La solution fondamentale de la misère consiste par conséquent à comprendre notre véritable identité de fils et de filles de Dieu, notre seule origine réelle. Le concept de l'homme comme étant mortel, donc limité, suppose par définition une pénurie endémique. Cette vision de l'homme séparé de l'Amour divin, la source de tout bien, est un concept erroné qui n'a aucune réalité, parce que Dieu n'a créé que la bonté et la perfection.
Néanmoins, nous percevoir comme des êtres spirituels exigera peut-être un changement dans notre façon de penser. Jésus a dit: Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. » (Jean 3:3) « Naître de nouveau » implique de retrouver le lien préexistant et éternel qui nous unit à Dieu, notre Père-Mère, lien qui n'est pas né de la chair et n'a pas commencé dans ou par la matière.
Dans son livre, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy explique clairement comment comprendre cela: « Si les hommes comprenaient que leur vraie source spirituelle est toute félicité, ils s'efforceraient de recourir au spirituel et trouveraient la paix; mais plus profonde est l'erreur dans laquelle l'entendement mortel est plongé, plus intense est l'opposition à la spiritualité, jusqu'à ce que l'erreur cède à la Vérité. » (p. 329)
Lutter pour recourir à sa source spirituelle, c'est en fait lutter contre un sens erroné de son être. Nous ne créons pas notre unité avec Dieu. Nous la découvrons, parce qu'elle est déjà un 2 fait spirituel. Nous ne créons pas un trésor enfoui dans le sable; nous le trouvons en creusant le sable.
L'entendement mortel est l'opposé supposé de l'Entendement divin ou Dieu. Il suggère toutes sortes de pensées erronées pour nous convaincre que nous sommes ce que nous ne sommes pas: du sable au lieu d'un trésor ! Jésus nous a enseigné le rejet constant du matérialisme et de l'attirance de la chair, afin de voir et d'accepter le bien qui est déjà à notre portée.
La sensualité, l'élément le plus fondamental de l'entendement mortel, est sans doute l'attirance charnelle qui, plus que toute autre, doit être détruite. La sensualité détourne nos pensées de Dieu, de l'Esprit pur et inaltéré, de la source de tout bien. Elle favorise toutes les caractéristiques qui nous limitent. Elle est avide, égoïste et cherche la satisfaction dans les choses matérielles.
Le Christ, le pouvoir divin qui animait la vie de Jésus, est à l'opposé de toute sensualité. Le Christ est l'expression de Dieu Lui-même. Il agit dans tous les domaines de la vie au moyen de la loi spirituelle, le Saint-Esprit ou Science divine. Il perce les ténèbres de l'entendement mortel auto-satisfait.
Il n'existe aucun mur de résistance que le Christ ne puisse pénétrer, aucune volonté opiniâtre aussi dure soit-elle que le Christ ne puisse adoucir, aucune complaisance envers soi-même que le Christ ne puisse dissoudre. Personne ne peut tomber dans une fosse de souffrances si profonde que le Christ soit incapable de le trouver et de l'en tirer pour le ramener à la lumière, parce que le Christ s'adresse constamment à notre conscience humaine, en nous disant que nous sommes maintenant même les enfants de Dieu, que nous sommes aimés, chéris et l'objet de Sa sollicitude.
Le matérialisme et le sensualisme sont incapables de résister à l'activité et à la présence perpétuelles du Christ. La parabole de l'enfant prodigue le montre clairement (voir Luc 15:11-32). Le fils déraisonnable, illustrant la vision matérialiste de la vie, quitte la maison de son Père, prend avec lui tous ses biens et les dissipe dans une existence hédoniste. Tout cela le conduit à une profonde misère.
Or, ces souffrances finissent par l'obliger à « se trouver », à prendre conscience des exigences du Christ. Il retourne vers son Père, Dieu, la source de tout bien, et se rend compte qu'en réalité il n'a rien perdu.
Science et Santé montre ce qui se produit dans la pensée: « S'éveillant aux exigences du Christ, les mortels éprouvent de la souffrance. Alors, comme des hommes qui se noient, ils font de vigoureux efforts pour être sauvés; et grâce à l'amour précieux du Christ leurs efforts sont couronnés de succès. » (p.22)
Le Christ réhabilite et régénère l'entendement mortel en détruisant la sensualité et en dissipant le brouillard du matérialisme qui limite notre existence. Aucun individu, dans aucune nation, ne peut être privé de la sollicitude du Christ, parce que celui-ci est toujours présent dans la conscience humaine.
L'appel du Christ qui nous guide et l'impulsion du Saint-Esprit nous assurent que la promesse de Jésus est encore valable aujourd'hui: « Ne crains point, petit troupeau; car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume. » (Luc 12:32)
Cette promesse s'adresse à chacun, en tous lieux. Dans ce royaume, qui est ici, maintenant, il n'existe ni manque ni être insatisfait. Dans la présence de Dieu, tous les besoins sont comblés en abondance.
    