Dans une lettre à James Neal, qui avait été son élève dans un de ses cours de Christian Science, Mary Baker Eddy a écrit: «On ne saurait atteindre une position plus élevée que celle d'un Guérisseur scientifique authentique dans cette sphère de l'être.» L03524, Mary Baker Eddy à James Neal, 29 janvier 1897, Collection Mary Baker Eddy, Bibliothèque Mary Baker Eddy pour le progrès du genre humain Dès que cette affirmation m'a été connue, je l'ai méditée profondément. Et j'ai compris que Mary Baker Eddy percevait l'exigence, pour ceux qui désirent être dans la pratique publique de la Christian Science, d'être dévoués, pleins de discernement, d'inspiration, calmes, humbles, persévérants, fermes dans la conviction spirituelle qu'il n'existe qu'un seul Créateur et qu'une seule création. Cette vérité est basée sur le premier chapitre de la Genèse. Plus loin dans cette même lettre, elle écrit: «Pour y parvenir, vous devez avoir un seul Dieu, une seule affection, un seul chemin, un seul Entendement.»
Plus j'ai travaillé avec cette lettre, plus j'ai compris que si je devais atteindre cette «position la plus élevée,» je devais être utile à tous ceux qui font appel à moi. Je dois me réjouir de chaque guérison et je dois être un soutien quel que soit le défi à relever.
Dans mon travail, j'ai constaté que c'est un privilège d'apporter la preuve que la Christian Science guérit. L'exigence de faire cela provient de l'essence même de mon être. Je m'aperçois que tout ce que je fais est le résultat de cette pratique. Tous les bienfaits que j'ai recus ont été le résultat de ce travail de guérison. Si Mary Baker Eddy a affirmé que ce travail est la position la plus élevée que l'on puisse atteindre dans cette sphère d'existence, alors il n'existe rien qui puisse apporter davantage de satisfaction.
Lorsque je regarde en arrière, je réalise que la pratique a été la réponse à ce que j'avais toujours cherché sans jamais le trouver. J'avais envisagé de reprendre des études pour obtenir un diplôme et enseigner. J'avais pensé à travailler pour des organisations qui aident les enfants dans le besoin. J'avais réfléchi quasiment à toutes les options qui s'offraient à moi pour aider mon prochain. J'avais pensé ne pas me lancer dans la pratique de la guérison avant d'avoir pris ma retraite, et mis de l'argent de côté. Dans mon esprit, le travail d'un praticien de la Christian Science ne pouvait pas permettre de subvenir aux besoins d'une famille. J'avais deux petites filles, et pour assurer l'avenir de la famille, j'avais d'abord besoin d'un revenu. J'avais vendu une petite affaire, et le montant de la vente me permettait de rembourser notre emprunt-logement. Ma femme pouvait faire face aux dépenses alimentaires grâce à son travail. Mais personne ne faisait appel à moi pour obtenir de l'aide, et d'un point de vue pratique, selon ma compréhension, ce n'était pas la façon de démarrer dans le ministère de la guérison. Ne fallaitil pas d'abord que les gens vous appellent, pour obtenir de l'aide par la prière, pour que vous deveniez conscient que le moment était venu pour vous de franchir le pas ? Est-ce que cela ne fonctionnait pas de cette façon ? Inutile de vous dire que j'étais rempli de crainte, de doute, et très inquiet.
Mais cette lettre à James Neal continuait de me pousser à élargir mon concept de ce qu'était la pratique de la Christian Science. Il n'était pas vraiment nécessaire que des gens malades m'appellent, et me permettent ainsi de vivre. Il ne s'agissait pas de vivre grâce aux problèmes des autres. Il n'était pas non plus question de faire vœu de pauvreté ! C'était tout simplement l'exigence d'avoir davantage «l'affection de l'esprit» (voir Romains 8:6). C'était l'exigence de voir où se trouvait réellement mon cœur.
Quand je repense à ces débuts, je ressens de la sympathie pour celui qui veut faire ce pas et qui, cependant, se débat avec les craintes que j'avais moi-même. Lorsque vous considérez ce travail comme la position la plus élevée que l'on puisse atteindre, comment ne pas tout faire pour obtenir ce privilège ? Comment pourrait-on ne pas en être béni ? Comment craindre que cela puisse être un échec ? Je me dois vraiment de soutenir chacun de ceux qui sont dans la pratique de la Christian Science, ou qui envisagent de franchir ce pas. Car cela aide à bénir le monde entier grâce à la guérison.
La lettre de Mary Baker Eddy à James Neal se poursuit ainsi: «Ce qui vous aide pour atteindre ce but, c'est la spiritualisation. Pour y parvenir, vous devez avoir un seul Dieu, une seule affection, un seul chemin, un seul Entendement.» J'ai découvert que cette pratique de la guérison occupe toute la pensée: elle ne vous permet pas d'envisager l'échec. Elle ne vous permet pas de mettre en question ou de douter. Elle exige de vous l'adhésion à cette déclaration de la Bible: «Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.» (Matthieu 6:21) Vous ne pouvez pas accomplir cette tâche si vous êtes craintif. Ce travail exige du courage et de la fermeté. Mais c'est aussi le travail le plus satisfaisant que je connaisse. Il a répondu au but que je recherchais: aider mon prochain.
La lettre poursuit: «La société, la flatterie, la popularité vous tenteront dans votre quête de la croissance spirituelle.» En examinant ces termes, j'ai pris conscience de ce que Mary Baker Eddy disait là. Si je n'avais pas le contrôle sur la société (l'élitisme, un sentiment de supériorité), sur la flatterie (le fait de penser que j'étais celui qui apporte la guérison, manquant de sincérité, blessant), la popularité (le sens personnel, l'estime de soi, l'attirance vers l'humain non le divin), je n'étais d'aucune utilité pour ceux qui feraient appel à moi. Parfois l'appel d'une personne me ferait ressentir un faux sens de ma propre importance. Il me ferait croire que j'étais «l'oint», ou que j'étais différent des autres. Ce sont ces sentiments qui nous éloignent de la spiritualisation. Encore une fois, l'humilité est vitale dans ce travail. Paul a dit aux Colossiens: «Ainsi donc, comme des élus de Dieu, [...] revêtezvous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité de douceur, de patience.» (3:12) Ce sont là des qualités qui permettent de guérir de façon chrétiennement scientifique.
Pour me référer une fois de plus à sa lettre, Mary Baker Eddy a indiqué à James Neal comment venir à bout de toutes ces tentations: «Évitez-les du mieux que vous pouvez. Priez chaque jour, n'omettez jamais de prier aussi souvent soit-il: “Ne m'induis pas en tentation”, c'est-à-dire en langage scientifique: Ne m'induis pas à perdre de vue la pureté absolue, les pensées chastes et pures; que toutes mes pensées et tous mes buts soient élevés, désintéressés, charitables, humbles – inspirés par l'affection de l'Esprit. Grâce à cette altitude de pensée, votre esprit se détache de la matérialité et acquiert la spiritualité, et c'est là l'état d'esprit qui guérit les malades.» Comme un cher ami, praticien de longue date, me l'a dit un jour, alors que je débutais dans ce travail: «N'écoutez jamais les applaudissements.»
Les conseils contenus dans cette lettre ont été pour moi un guide, le plus rassurant et le plus utile que j'aie eu dans mon travail de praticien de la Christian Science. Ils m'ont permis de résoudre des cas difficiles pour lesquels on m'a demandé de prier, ainsi que des problèmes auxquels j'ai dû faire face dans ma propre vie. Je trouve que c'est là un guide pour chacun de nous, quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons. Lorsque nous avons perdu de vue le Christ dans notre travail – quel que soit le travail – nous avons perdu ce qui nous a poussés au tout début à embrasser cette vocation. Mais Dieu ne nous laissera pas en rester là.
    