William Moody a découvert l'existence de la Christian Science à l'université, lorsqu'une amie lui a prêté un Science et Santé qu'elle avait payé dix cents à une foire de livres d'occasion. Peu de temps après, M. Moody, qui aujourd'hui vit et travaille en Nouvelle-Angleterre, est devenu membre de L'Église Mère et a été Premier Lecteur dans une filiale de l'Église du Christ, Scientiste. Motivé par le désir d'aider les autres, il s'inscrivit dans le Christian Science Journal comme praticien à plein temps de la guérison par la Christian Science. Puis il devint professeur de la Christian Science en 1979, et depuis a donné chaque année un cours de douze sessions sur la guérison spirituelle, à la Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Depuis l'enfance, Bill Moody s'intéresse beaucoup à l'archéologie et aux cultures préhistoriques des peuples d'Amérique du Nord et d'Amérique Centrale. Il pratique le canoë, le camping, la randonnée, et il collectionne les pointes de flèches anciennes qu'il trouve, avec sa femme, Whitney, lors de leurs promenades. J'ai commencé notre entretien en demandant à Bill (c'est ainsi qu'il aime qu'on l'appelle) de me parler de son amour de la nature.
En quoi la paix et la beauté, l'émerveillement, que vous ressentez en présence d'un magnifique coucher de soleil ou d'une source d'eau pure qui court dans la montagne, se rapportent-ils à votre vision plus large de la vie et à votre pratique de la guérison par la Christian Science ?
Je pense que Dieu communique avec chacun de nous de nombreuses façons différentes. Et nous répondons individuellement. Certaines personnes sont émues par une belle œuvre d'art, par de la musique, par le chant des oiseaux au petit matin ou par le rire d'enfants sur une aire de jeux. Chacun réagit de manière différente, mais Dieu nous parle sans cesse. Et les gens ressentent la joie, la paix, la grâce, la présence divine, de diverses façons. Personnellement, j'ai souvent vécu cela dans la nature. J'aime penser que Dieu est l'Âme divine, que la beauté, les couleurs, l'harmonie, la grâce et la paix que je trouve dans la nature sont véritablement des expressions de l'Âme. Ce sont des qualités de Dieu.
Je me souviens qu'une fois, après avoir fait du canoë et du portage sur quelque soixante kilomètres dans les étendues sauvages de l'Ontario, au Canada, nous avons établi notre campement sur une île, au milieu d'un lac éloigné de tout. Et un matin, nous nous sommes réveillés très tôt, au moment où des oiseaux, les plongeons arctiques, s'appelaient d'une rive à l'autre. Je regardais le soleil se lever sur la rive la plus éloignée du lac, et tout était absolument calme et tranquille ! J'ai ressenti quelque chose de très spécial: Dieu me parlait à ce moment même. Et là, j'ai su, au fond de mon cœur, que Dieu nous aime. Je me sentais presque submergé par ce sentiment que Dieu nous aime. C'était particulièrement important pour moi à cette époque. Et je pouvais rapporter avec moi ce sentiment et l'appliquer à ma vie de tous les jours. J'ai constaté que ce genre d'expérience vous redonne de l'énergie et un élan spirituel. Il permet même de retrouver une raison de vivre en travaillant pour Dieu et en guérissant.
Mary Baker Eddy emploie des termes comme «Entendement-force» (voir Science et Santé, p. 209) et «guérison-Entendement» (voir ibid., p. xi) afin de faire ressortir la dimension mentale et divine, le rôle central de Dieu, dans l'ajustement de toute situation difficile ou la guérison de toute maladie. Or la guérison par la Christian Science ne résulte pas de la suprématie de l'esprit humain sur la matière. Elle ne concerne que l'Entendement, le seul Entendement, et il n'y a pas de matière ! Pourriezvous éclairer ce concept que, bien naturellement, les gens qui ne connaissent pas la Christian Science ou qui viennent de la découvrir ont parfois de la peine à comprendre ?
Bien sûr. La Christian Science a pour prémisse fondamentale que Dieu est l'Entendement créateur qui forme et préserve Son univers, y compris chacun de nous. Autrement dit, tel que je vois les choses, tout dans la création de Dieu est en réalité une idée de l'Entendement. Cet Entendement est infini et omnipotent; par conséquent, il doit forcément tout savoir, être l'intelligence parfaite. Donc chaque idée de Dieu doit exprimer les qualités ou la nature de l'Entendement qui a créé cette idée. Il s'agit là de la logique spirituelle ou raisonnement spirituel. Nous sommes tous les idées de Dieu, les idées parfaites, complètes, joyeuses, spirituelles, de cet unique Entendement divin.
Et il s'ensuit que rien n'existe qui ne provienne de cet Entendement infini et tout-puissant ou qui soit dissemblable à cet Entendement. Par exemple, la maladie n'existe pas dans l'Entendement qui est Dieu, par conséquent elle n'existe pas dans l'idée de l'Entendement. Les incompétences et les limites n'existent pas dans l'Entendement divin. La faiblesse et le handicap n'existent pas dans l'Entendement, donc ils ne peuvent exister dans l'idée de l'Entendement.
À mon avis, ces affirmations sont soutenues par ce que j'aime appeler la loi divine de maintenance. Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: «L'Entendement divin qui fit l'homme maintient Sa propre image et ressemblance.» (p. 151) Voyez-vous, Dieu, l'Entendement, maintient Sa création en préservant la forme et la fonction spirituelles et parfaites de chaque idée, telle qu'elle fut créée originellement. C'est la loi de Dieu. Saisir un aperçu de cette réalité transforme la façon dont nous nous concevons. Cette prise de conscience change la façon dont nous percevons le monde qui nous entoure. Et avec ce changement, qui est véritablement une nouvelle inspiration, non seulement notre pensée reflète davantage la nature de Dieu, mais tout le reste, dans notre existence, fait de même, notamment notre corps. Nous sommes guéris par cette inspiration, cette nouvelle vision.
Cela me rappelle ce que Mary Baker Eddy écrivit sur la manière dont Jésus abordait cette activité de la guérison. Cette déclaration est en rapport avec cette nouvelle vision. Voici ce qu'elle dit: «Jésus voyait dans la Science l'homme parfait...» (voir Science et Santé, p. 476) En d'autres termes, Jésus ne voyait que cette idée parfaite de Dieu, de l'Entendement. «Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparait aux mortels. En cet homme parfait, le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades.» C'était là la vision inspirée de ce que l'Entendement divin révélait à Jésus. On pourrait dire que Jésus voyait ce que l'Entendement sait de chacun de nous.
Pensez-vous à un cas en particulier ?
J'ai un exemple qui me vient à l'esprit, une guérison personnelle, survenue il y a un certain nombre d'années. Je souffrais de ce que j'appellerais une grave intoxication alimentaire: un jour, peu après avoir déjeuné, j'ai été très malade. Je souffrais beaucoup, et j'avais d'ailleurs l'impression d'être sur le point de perdre connaissance.
J'ai pu atteindre le téléphone et appeler un praticien de la Christian Science. Et lorsque je repense à ce qui s'est passé ensuite, je me rends compte que je n'avais pas besoin de me débarrasser physiquement d'une substance toxique qui se serait introduite dans mon corps. Ce dont il me fallait me débarrasser, c'était d'un concept erroné de l'homme créé par Dieu, de l'idée créée par l'Entendement: un concept erroné prétendant que l'idée spirituelle et parfaite de l'Entendement pouvait en quelque sorte ingérer une substance toxique nuisible à la vie et qui pouvait même la mettre en danger. Le praticien m'a aidé à voir que j'étais le reflet pur et parfait de Dieu. Et je pense que cette idée de pureté spirituelle a été essentielle dans la guérison.
Le praticien faisait ce que, d'après Mary Baker Eddy, Jésus faisait. Il voyait dans la Science l'idée pure et parfaite de l'Entendement, il me voyait ainsi, et il ne voyait rien d'autre que le parfait fonctionnement de l'idée de l'Entendement. Mary Baker Eddy écrit aussi: «Toute fonction de l'homme réel est gouvernée par l'Entendement divin.» (Science et Santé, p. 151) Il y avait donc ce fonctionnement qui devait toujours se dérouler de manière parfaite dans l'idée de Dieu. Et avec l'aide du praticien, à mesure que je comprenais mieux ces faits, au lieu de perdre connaissance, je suis revenu à moi. Mon corps n'a rien rejeté, mais ma pensée, elle, a rejeté quelque chose. Je me suis vu tel que Dieu m'avait créé. Et j'ai été guéri l'après-midi même.
Ce fut une guérison rapide. Mais toutes les guérisons ne se produisent pas aussi vite. Quelquefois, la guérison semble hors d'atteinte. Quels sont les obstacles qui se dressent sur le chemin de la guérison, pour un patient qui prie pour lui-même ou quand un praticien prie pour lui, et comment leur faire face ?
L'un des obstacles qui pourrait empécher quelqu'un de guérir, c'est le sentiment d'être séparé de Dieu. Autrement dit, cette personne pense qu'elle mérite de souffrir. C'est presque ce syndrome du «Qu'est-œ qui ne va pas chez moi ? D'autres gens ont été guéris. Je l'ai lu dans la Bible. Je l'ai lu dans Science et Santé, dans les périodiques de la Christian Science. Alors, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Pourquoi ne puis-je pas guérir ?» Derrière cette question se cache le sentiment d'être séparé de Dieu. Parfois, quand je perçois ce sentiment ou quand le patient m'en parle lui-même, je réponds par quelque chose du genre: «Essayons de ne pas nous concentrer sur ce qui va mal, mais sur ce qui va bien. Non pas sur ce qui ne va pas chez vous, mais sur ce que Dieu vous fait être, maintenant même, en tant que Son image et Sa ressemblance, en tant que l'idée parfaite de l'Entendement divin, Sa création spirituelle.»
Si quelque chose ne va pas dans notre façon de penser ou dans nos motivations, nous pouvons avoir l'assurance que, grâce à nos prières, l'activité du Christ, la Vérité, dévoilera l'erreur et la corrigera. Rien ne nous oblige à entreprendre une chasse aux sorcières, en fouillant dans les recoins les plus sombres de la pensée. Au contraire, si nous consacrons davantage de temps et d'énergie spirituelle à découvrir ce qui va bien chez nous, à voir davantage ce pour quoi Dieu nous a créés à Sa ressemblance spirituelle, alors le chemin vers la guérison s'éclairera d'autant plus. Nos prières, notre étude de la Bible et de Science et Santé, notre travail métaphysique ne nous donneront plus l'impression d'être une corvée, mais seront une source de joie.
Et je pense qu'avec cela, on peut encourager le patient à trouver des raisons d'être reconnaissant. Pour moi, la gratitude est souvent la porte ouverte qui mène à la guérison. Vous savez, il peut s'agir simplement d'une prière honnête et sincère comme: «Merci, mon Dieu, pour toutes les choses merveilleuses que tu as faites.» Avant de ressusciter Lazare, Jésus a dit: «Père, je te rends grâce de ce que tu m'as exaucé.» (voir Jean 11:41) C'est juste le sentiment de savoir que Dieu est là pour nous secourir, qu'il nous aime et prend soin de nous. Quelquefois il vous faut commencer par quelque chose de très simple, comme d'être reconnaissant que le soleil brille aujourd'hui, ou que votre femme ait préparé le déjeuner. Nous constatons alors que notre pensée passe du dénigrement de soi-même à la louange envers Dieu. Et ce changement ouvre vraiment la porte sur la guérison.
Un autre exemple ?
Pour moi, l'exemple type est celui de la guérison d'une longue maladie chronique, accomplie par Jésus à la piscine de Béthesda (voir Jean 5:2-9). Voilà un homme qui était infirme depuis trentehuit ans. Depuis tout ce temps il ne marchait plus, et vous pouvez imaginer ce que cela représente. D'un banal point de vue physique et biologique ou médical, après avoir cessé de marcher pendant toutes ces années, il était absolument impossible que ses jambes aient pu le soutenir.
Même si, d'une façon ou d'une autre, il avait réussi à se lever et à se tenir sur ses jambes, elles n'auraient pu le soutenir. Son était le même, jour après jour, sans aucun espoir. Lorsqu'il vit Jésus s'approcher de lui, c'est d'ailleurs exactement ce qu'il lui dit: qu'il n'avait pas d'espoir.
Pour cet infirme, le jour où Jésus est venu à Béthesda était un jour comme les autres. C'était juste un jour de plus à ajouter à ces longues années d'infirmité. Il ne savait pas que le Christ, l'influence de Dieu dans le monde, venait en ce jour. C'était pourtant bien le cas. Et je trouve cela très encouragement, car à chaque nouvelle journée passée à prier Dieu, nous pouvons savoir que le Christ vient. Jésus a fait lever cet homme et l'a guéri, et l'homme a marché le jour même.
C'est là un modèle de guérison idéale montrant la rapidité et l'autorité du pouvoir de Dieu, du pouvoir de l'Entendement, dont nous parlions tout à l'heure.
Oui, absolument.
Et ainsi que Mary Baker Eddy l'a découvert ce pouvoir de l'Entendement est à la portée de chacun aujourd'hui. Il est certain que Jésus a fait passer ce message. Il a indiqué à chaque disciple, passé et à venir, qu'il «fera aussi les œuvres que je fais» (voir Jean 14:12). Avez-vous d'autres idées sur la façon de suivre le modèle de Jésus aujourd'hui, par des guérisons plus efficaces ?
L'une des premières choses qui me vient à l'esprit, c'est l'humilité. À un moment donné, Mary Baker Eddy appelle l'humilité «le génie de la Science Chrétienne» (voir Écrits divers, p. 356). Réfléchissez à cela. L'humilité n'est pas faiblesse. Elle est puissance. Elle est force. C'est le «génie de la Science Chrétienne». Le monde considère l'humilité comme une faiblesse. Or Mary Baker Eddy dit de Jésus qu'il était «aussi doux qu'il était puissant» (voir Science et Santé, p. 597). Jésus donne d'ailleurs un exemple de cette humilité lorsqu'il dit: «Je ne puis rien faire de moi-même.» (voir Jean 5:30) C'est Jésus qui dit: «Je ne puis rien faire de moi-même.» Il rendait toujours hommage à la source, à Dieu, à cet Entendement omnipotent, omniscient et omniprésent.
Jésus disait donc avec humilité: «Je ne puis rien faire de moi-même.» Cependant, plus loin dans le Nouveau Testament, on nous assure que «je puis tout par celui qui me fortifie» (Philippiens 4:13). Il y a l'humilité et la puissance. La puissance ne vient pas de nous-mêmes. Elle ne vient pas grâce à notre propre mentalité ou à nos capacités personnelles. Elle vient par le Christ, l'activité rédemptrice de la Vérité et de l'Amour. Et je pense que si nous abordons notre travail de guérison en donnant la priorité à ces faits dans notre pensée, ils nous permettront de progresser.
Je ne peux m'empêcher de penser que l'humilité est précisément ce qu'on ressent en présence de la nature. On se sent humble lorsqu'on prend soudain conscience de la présence et du pouvoir de Dieu, qui se manifestent si clairement dans l'harmonie, la sérénité et la grandeur de la nature. N'est-ce pas vraiment un symbole du gouvernement plein de compassion et d'intelligence de l'Entendement qui règne sur chaque aspect de notre existence ?
Oh, absolument ! Vous savez, j'ai parlé de ce matin où nous étions sur un lac canadien éloigné de tout. Je me souviens aussi de nuits passées sur ce même lac où le ciel était peint d'innombrables étoiles. Ces étonnants diamants de lumière vous rendent humbles en présence de cette immensité de l'univers divin, et pourtant ils vous donnent également le sentiment d'être béni parce que vous savez que Dieu vous aime, qu'aussi grand et magnifique que puisse être Son univers, chacun de nous est indispensable à Dieu, en tant que Son idée. Il nous aime. Il vous aime. Il m'aime.
Que pouvez-vous nous dire de plus au sujet de la guérison par la Christian Science ?
J'espère vraiment encourager toute personne qui lira ceci à prendre conscience du fait qu'elle peut guérir les autres. La guérison n'est pas un don exceptionnel accordé à quelques privilégiés. J'ai entendu des gens dire qu'il leur était impossible de guérir quelqu'un d'autre, parce que tant de choses dans leur vie avaient encore besoin d'être guéries. «J'ai toujours ce problème» ou bien «Je n'ai jamais réussi à me guérir rapidement. Alors comment pourrais-je aider quelqu'un d'autre ?» Et parfois je réponds: «Pensez à l'apôtre Paul dans la Bible, l'un des hommes qui guérissaient avec le plus d'efficacité, il a même ressuscité un mort. Pourtant la Bible nous dit que Paul avait “une écharde dans la chair”. Il y avait dans la pensée et dans l'existence même de Paul quelque chose qui n'était pas encore guéri. Imaginez ce que le monde aurait perdu si Paul avait dit: “Vous savez, je ne crois pas être assez bon pour aider quelqu'un d'autre, parce que j'ai cette écharde dans la chair.”»
Une prière que quelqu'un m'a récitée un jour dit cette phrase, en substance: «Lorsque j'ai faim, envoie-moi quelqu'un à nourrir.» Pour ma part, j'ai ajouté quelque chose de semblable dans mes prières: «Quand j'ai besoin d'être guéri, envoie-moi quelqu'un à guérir.»
Ne laissez pas le monde perdre ce que vous avez à offrir. La guérison exige réellement un cœur rempli d'amour. C'est ce qu'elle exige, et également le désir d'inclure l'autre dans nos prières. Nous en sommes tous capables. Et le monde n'en sera que meilleur, différent. Cette sorte d'amour, ce cœur rempli d'amour, est à mes yeux extrêmement bien illustré dans un cantique de Mary Baker Eddy. En voici la dernière strophe:
Faire un peu de bien, chaque jour,
Aux Tiens, mon Dieu,
L'accomplir en Ton nom, Amour,
C'est là mon vœu !
(Hymnaire de la Christian Science, nº 253)
    