J'aurais pu être une publicité vivante pour le vaccin contre la grippe. Je toussais, j'éternuais, je ne me sentais pas bien et n'attendais qu'une chose: que cela se termine! Mais il fallait que je sois à mon travail, personne ne pouvant me remplacer. La journée avait été horrible et, malgré l'heure tardive, j'étais restée au bureau pour prendre de l'avance au cas où je serais incapable de venir travailler le lendemain. Mes pensées moroses ont été interrompues par une voix venant du couloir: «Il y a quelqu'un?» J'ai répondu par un son inarticulé, et la personne est entrée dans mon petit bureau.
«Vous avez dû entendre ma toux», ai-je dit.
«Non, j'ai entendu une présence», a-t-elle répondu d'un ton compatissant mais ferme.
Je savais qu'elle travaillait dans le même service que moi, mais j'ignorais qui elle était. J'étais une nouvelle employée et nous étions nombreux dans ce service. Nous avons échangé quelques mots, puis elle est partie.
Mais cette phrase: «J'ai entendu une présence», continuait à résonner dans ma tête. Une présence? Pourquoi ce mot était-il si important? J'ai arrêté de travailler et j'ai prié pour être éclairée.
Comme un lever de soleil chassant l'obscurité, une pensée m'est venue: la maladie ressemble souvent à une présence qui se déploie en nous sans avoir été invitée et assurément contre notre volonté. Peu à peu, elle paraît chasser les sentiments normaux de paix, d'harmonie, de bien-être, de joie et même d'amour. On se sent alors impuissant face à cette progression.
Mais quelque chose, dans ce lever de soleil mental, a eu raison de mon sentiment d'impuissance en m'apportant la conviction que la maladie était une fausse présence, un envahisseur, et non le vrai propriétaire des lieux. Ce qu'il fallait faire, c'était affirmer que cette fausse présence n'avait pas de place dans ma demeure mentale, qu'il n'y avait qu'une seule présence dans ma vie, la présence du Dieu tout aimant et de toute bonté, et que rien ne pourrait jamais me séparer de Lui.
Je priais ainsi depuis un moment quand je me suis rendu compte que la toux, les éternuements, le sentiment d'abattement, tout cela avait disparu. Pour résumer, en devenant consciente du lien indéfectible qui m'unissait à Dieu et à Sa bonté immuable, j'ai été instantanément guérie. Non seulement je me sentais bien, mais je suis allée joyeusement travailler le lendemain, ayant retrouvé toute mon énergie.
Il n'y avait là rien de mystérieux. Cette transformation n'impliquait aucune prouesse spirituelle ou mentale particulière. C'était le résultat d'une Science, la Science du Christ que Mary Baker Eddy a découverte, il y a plus d'un siècle. Bien des gens ont été guéris de maladies contagieuses en s'appuyant sur sa découverte – y compris durant des épidémies effrayantes comme celle de la grippe espagnole, qui fit le tour de la planète en 1918. L'un des aspects importants de cette découverte est qu'elle nous permet de comprendre le pouvoir transformateur de la spiritualité, qui guérit l'esprit et le corps grâce à la compréhension du lien qui nous unit à Dieu.
Savoir qui l'on est
Dans un livre en anglais consacré à la pandémie de grippe de 1918, John M. Barry déclare: «La clé du système immunitaire, c'est sa capacité à distinguer ce qui appartient au corps, le “soi”, de ce qui ne lui appartient pas, le “non-soi”.» (p. 107) Bien que M. Barry parle là de biologie, sa remarque peut conduire à une vérité supérieure. J'ai fait l'expérience de cette vérité supérieure, le soir où j'ai été guérie, lorsque j'ai perçu que les symptômes de maladie étaient le «non-soi». Mais cette perception a deux faces. De même que l'on doit comprendre ce qu'est le «non-soi», il faut aussi savoir ce qu'est le «soi». Cette connaissance de soi influence nos pensées et notre vécu de façon très directe.
Les arguments ne manquent pas pour soutenir que l'on a un corps organique qui fonctionne bien la plupart du temps, mais qui est sujet aux maladies, aux allergies ou aux blessures. Or la découverte de Mary Baker Eddy – découverte fondée sur une étude approfondie de la Bible et notamment de l'œuvre de guérison de Jésus – expose le lien qu'il y a entre la santé et la compréhension de la nature spirituelle de l'individu.
En tant que création de l'Esprit, chacun de nous est composé de qualités spirituelles comme la bonté, la joie, l'amour, la vérité, la paix et la pureté. Ces qualités sont infinies. Quand on accepte la maladie, ces qualités peuvent sembler provisoirement s'estomper ou même devenir inaccessibles, comme je l'ai constaté. Pourtant, cela n'est jamais vrai, en dépit des apparences. En réalité, la fausse présence de la maladie ou de toute autre discordance ne peut occuper la moindre place dans nos pensées, et par conséquent dans notre corps ou notre existence. Comme nous sommes spirituels, elle n'a rien à quoi se raccrocher. Toute apparence contraire s'explique par le fait que l'on donne mentalement son consentement à la maladie, soit en acceptant l'opinion générale selon laquelle l'hiver s'accompagne de rhumes et de grippes, soit en prêtant attention à la maladie et en s'attendant à tomber soi-même malade.
Refuser de donner son consentement à la maladie
La meilleure défense consiste à exercer sa vigilance afin de repousser avec énergie le premier symptôme de rhume, ou la première crainte qui s'exprime parfois par ce genre de pensée: «Il y avait tant de gens qui toussaient et se mouchaient à cette soirée!» On pourrait, au contraire, affirmer: «Il n'y a pas de maladie, cela ne peut me toucher ni toucher quelqu'un d'autre, car nous sommes tous spirituels et sous la protection d'un Dieu tout aimant.»
Science et Santé avec la Clef des Écritures, le livre d'étude de Mary Baker Eddy sur la guérison, énonce une mesure préventive fondamentale contre la maladie: «Gardez la porte de la pensée. N'admettez que les conclusions dont vous voudriez voir les effets se réaliser sur le corps, et vous vous gouvernerez harmonieusement. [...] Les effets de la douleur ou du plaisir proviennent forcément de l'entendement, et, comme une sentinelle abandonnant son poste, nous laissons entrer cette croyance importune, oubliant que, grâce au secours divin, nous pouvons lui interdire l'accès de notre pensée.» (p. 392-393)
La crainte, le vrai coupable
Ce qui pousse une sentinelle à abandonner son poste, c'est la peur. Dans un climat de crainte, il est difficile de refuser son consentement à la maladie, même si c'est ce qu'il faut faire en priorité. Science et Santé explique clairement que la crainte est l'essence même de la maladie, une sorte de consentement involontaire donné à une image de soi vulnérable et séparée de Dieu, le véritable protecteur de l'homme. Parfois la crainte est directement liée à la menace d'une maladie. C'est par exemple le signalement de plusieurs cas de grippe dans l'école de nos enfants. Dans d'autres cas, l'anxiété engendrée par une situation au sein de la famille, au bureau ou à l'église suggère que Dieu ne s'occupe pas de nos ressources financières ou de quelque autre besoin. Une telle influence mentale nuit à la paix intérieure, ce qui, par voie de conséquence, affecte le corps. Si cette réaction en chaîne se poursuit, le «malaise» risque de conduire à une maladie. Mais ce processus n'est pas une fatalité.
Le moyen de l'arrêter, et d'éliminer ainsi la crainte, est double. Tout d'abord il s'agit de cesser d'écouter la voix de la crainte. «C'est plus facile à dire qu'à faire!» pensera-t-on. C'est parfois vrai. Mais cela doit-il vraiment nous empêcher de le faire? Le second aspect, et le plus important, consiste à se rappeler que toute forme de crainte ou de maladie n'est qu'une fausse présence, une présence illusoire. Comme un brouillard qui flotte autour de soi. De fait, on attribuait autrefois la maladie à des «miasmes», terme signifiant une atmosphère malsaine ou embrumée. Selon cette théorie, la maladie était causée par des sortes de brumes dans l'atmosphère, provenant des marais ou de substances en décomposition, qui empoisonnaient et infectaient l'air. Mais que la sensation de maladie semble être due à l'atmosphère mentale ou au fait d'avoir été en contact avec des personnes malades, la Science du christianisme nous assure que ce n'est là qu'une illusion. Cette sensation ne peut s'immiscer dans la relation parfaite existant entre nous et l'Amour divin, la source de toute santé et de toute bonté. A mesure que l'Amour divin nous deviendra plus réel et plus tangible grâce à la prière et à l'expression quotidiennes de cette bonté, nous nous apercevrons que nous sommes moins sujets à la maladie car nous aurons mieux compris la vraie nature de notre identité. Si la grippe ou une autre maladie fait les grands titres de l'actualité ou vide écoles et bureaux, nous reconnaîtrons plus sûrement l'intrus et saurons l'empêcher d'entrer.
Il n'est jamais trop tard
Mais supposons que nous soyons déjà malades. Le secours divin n'en est pas moins présent. Le Psalmiste l'affirme ainsi: «Quand je suis dans la crainte, en toi je me confie... Je me confie en Dieu, je ne crains rien: que peut me faire la chair ? (Psaume 56: 4, 5, d'après la version King James) Jésus a élevé cet enseignement à un degré plus élevé encore en redonnant la santé aux malades sans qu'ils aient besoin d'une période de convalescence pour se remettre tout à fait. La main paralysée ou les membres estropiés, les états fiévreux et maladifs, la lèpre, tous les maux disparaissaient, et à chaque fois la personne recouvrait la santé.
Selon la Science qui est à la base de l'enseignement de Jésus, pour obtenir pareil résultat, il est important de rejeter les symptômes de maladie, en sachant qu'ils ne font pas partie de nous, car nous sommes l'enfant spirituel, ou idée spirituelle, de Dieu. C'est parce que nous sommes spirituels et sous la protection d'un Dieu omnipotent que nous ne pouvons abriter la maladie. Même si la maladie semble présente, elle est fondée sur une conception erronée de soi-même et de Dieu: nous nous croyons matériels et vulnérables et nous croyons Dieu absent. C'est cette conception, et non notre santé, qui est vulnérable. La ferme conviction qu'il n'y a qu'une seule Présence, l'Amour divin, suffit à prévenir et à vaincre la maladie et la peur d'être malade.
Santé transmissible
Mary Baker Eddy traitait la maladie sans crainte, mais elle ne la prenait pas à la légère. La variole, le choléra, la tuberculose et autres maladies contagieuses faisaient partie du monde dans lequel elle vivait. Pourtant, en étudiant les œuvres de Jésus, elle acquit la conviction que la santé est l'état naturel de l'homme, et que chacun peut faire l'expérience d'une santé maintenue par Dieu. Dans un article où elle traite de la contagion, elle invite à considérer la santé comme transmissible, plutôt que la maladie, étant donnée la nature mentale de toute existence. Évoquant l'inquiétude que suscitent les maladies contagieuses, elle écrit: «Si l'on croyait aussi sincèrement que la santé est contagieuse lorsqu'on est en contact avec des gens bien portants, on manifesterait ce qu'ils ressentent tout aussi sûrement que l'on manifeste ce que ressent un malade, et avec un meilleur résultat.
«Si seulement les hommes voulaient croire que le bien est plus contagieux que le mal, puisque Dieu est omniprésence, combien plus certains seraient le succès du médecin et la conversion des pécheurs par le pasteur.» (Écrits divers, p. 229)
La santé serait-elle aussi contagieuse que la maladie? Le bien serait-il plus contagieux que le mal? De telles idées peuvent sembler surprenantes. Mais plus nous serons nombreux à prendre conscience des effets mentaux de la maladie, plus il deviendra facile de comprendre pourquoi il est utile de prier en partant du point de vue que la santé, non la maladie, est naturelle, normale et accessible à tous.
Peut-on parler d'efficacité ? La guérison dont j'ai parlé au début de cet article a eu lieu il y a plus de 25 ans. Après cette expérience, j'ai été en meilleure santé et je n'ai plus pensé à la maladie de la même façon. Je ne me suis plus jamais fait vacciner contre la grippe et j'ai rarement dû faire face à cette maladie. Comprenant de mieux en mieux ces concepts, j'ai beaucoup moins peur des maladies contagieuses. Cela demande-t-il une discipline mentale et spirituelle? Certainement (ainsi que je l'ai appris lors des quelques fois où j'ai eu la grippe). Mais si l'on considère, comme je l'ai fait, les différentes options offertes, on se rend compte que cela en vaut vraiment la peine.