Ceux qui connaissent Verta Driver l'entendent souvent parler de ses nombreux enfants, et dire combien il est difficile de les garder tous dans le droit chemin. La fibre maternelle est une part intrinsèque de sa vie.
Mais Verta n'a jamais eu véritablement d'enfants à elle. C'est une décision qu'elle et son mari, David, avaient prise ensemble au début de leur mariage. Ils désiraient disposer de temps pour aider les autres, spécialement ceux qui cherchaient une famille. Et Verta était certaine qu'il n’était pas nécessaire qu'elle ait ses propres enfants pour exprimer les qualités spirituelles d’une maman – comme l'amour inconditionnel, l’abnégation, l’intuition et le fait d’être un bon modèle pour d’autres.
Verta donne cette explication: chacun de nous est père ou mère tout simplement en exprimant sa nature même qui consiste à refléter notre divin Parent. Et les enfants de Dieu – les idées qu’ll crée constamment – sont toujours présents dans notre vie, sous quelque forme que ce soit, et toujours réceptifs aux qualités spirituelles de la paternité et de la maternité.
«Lorsque vous réfléchissez à la définition que Mary Baker Eddy donne des enfants en tant que “pensées spirituelles et représentants spirituels de la Vie, de la Vérité et de l'Amour”, (Science et Santé, p. 582), vous réalisez que chacun de nous est entouré de ces “enfants” chaque jour, dit Verta. «Nous sommes tous connectés à Dieu – à la Vie, à la Vérité, à l’Amour. Et l’expression enfantine de la bonté, l’expression de Dieu, fait également partie de notre expérience quotidienne. Ainsi, notre vie s’organise véritablement en fonction de ces idées inspirées que nous attendons et auxquelles nous répondons – en fait, elle tourne autour des enfants.»
Parce que Dieu est le Créateur, ajoute Verta, nous devons L’exprimer en faisant preuve de créativité. Voilà une partie importante du rôle de mère: être attentif aux idées créatives. Que ce soit dans le cadre d’un rôle parental au sens traditionnel ou dans un sens moins conventionnel, comme par exemble s’occuper d’un jardin, créer un objet artistique, voire écrire une lettre, chacune de ces activités implique créativité, progrès, et la naissance de quelque chose de nouveau. Et cela, dit Verta, c'est vraiment être père ou mère: être attentif, garder, cultiver, guider, élever. Lorsque vous considérez les choses sous cet angle, explique-t-elle, «pas un jour ne se passe sans que vous exprimiez votre rôle de mère, sous une forme ou une autre.»
Verta a toujours vu se présenter des occasions d’exprimer la maternité, peut-être parce qu'elle a toujours été prompte à répondre avec amour aux personnes dans le besoin. Et il y en a eu beaucoup, de l'adolescent qui a failli se retrouver dans un centre de détention juvénile, jusqu'à ce jeune homme confronté à de graves problèmes familiaux. Mais Verta considère que son «premier enfant» est un certain Stuart, venu d'abord pour entretenir leur jardin lorsqu'il avait dix-huit ans, et qui est resté vivre avec eux pendant plusieurs années.
«La mère de Stuart ne savait pas comment lui dire qu'il était aimé», raconte Verta. «Alors il a fallu trois ans, trois ans pendant lesquels nous avons déversé sur lui des flots d'amour, avant qu'il ne commence à comprendre ce qu'est l'amour et qu'il ne nous le rende. Mais c'est ce qu'il a fait. Et il fait partie de notre famille depuis.»
Devenu maintenant adulte, Stuart reste en relation constante avec Verta. Il se confie à elle, lui parle de sa vie, et il l'appelle «maman». Verta a vu Stuart développer des amitiés pleines de sens et trouver un emploi, choses qu'il n'aurait peut-être pas obtenues aisément si elle ne l'avait pas entouré et n'avait pas prié quotidiennement pour lui.
Et puis il y a Colleen, que Verta a rencontrée à son Association d'élèves de la Christian Science il y a déjà onze ans. Adoptée à l'âge de deux ans, Colleen avait essayé sans succès de se mettre en rapport avec sa mère biologique, puis s'était trouvée séparée de sa famille d'adoption au décès de ses parents adoptifs, alors qu'elle était adolescente.
Colleen se souvient très bien du moment où Verta lui a dit, quelques années plus tard: «Eh bien, je serai ta maman.»
«J'avais prié pour voir l'aspect pratique de l'amour maternel de Dieu, et voilà qu'il se présentait à moi !» raconte Colleen. «Verta a été une mère dans tous les sens du terme. Je me sens acceptée, je me sens entourée de ses bras tout le temps. C'est une forme d'amour et d'acceptation que je n'avais jamais ressentie auparavant dans ma vie.» Verta et Colleen se parlent tous les jours. Et les deux enfants de Colleen, âgés de seize et treize ans, parlent à «Tatie Verta» de leurs études, de leurs amis et des questions qu'ils se posent sur la vie.
Selon Verta, les bienfaits de telles relations s'étendent non seulement aux enfants, mais aussi à la personne qui joue le rôle de parent.
«Le fait d'exprimer la maternité vous empêche d'être égoïste et préoccupé uniquement de vous-même», explique-t-elle. «Vous devez être disponible et ouvert vers l'extérieur. Les enfants ont grand besoin d'être guidés: il faut les aider à avancer dans la vie et à réaliser leur propre potentiel spirituel.»
«Et la maternité est une activité quotidienne, ajoute-t-elle, pas simplement quelque chose que l'on manifeste de temps en temps.»
Le sens étendu de la famille que possède Verta lui a été également d'un grand soutien il y a quelques années, tout particulièrement après le décès de son mari. En fait, elle dit qu'elle a un sens encore plus grand de la famille aujourd'hui que jamais auparavant.
«Dieu donne vraiment “une famille à ceux qui étaient abandonnés”» (Ps. 68:7), dit Verta. «Et lorsque nous nous entourons d'enfants — de ces qualités attribuées aux enfants — cela apporte de la vivacité dans notre existence. Cela nous force à être plus actif, plus attentionné, plus dévoué, et finalement plus proche de notre divin Parent.»
Elle cite un de ses passages favoris, un passage qui l'a guidée tandis qu'elle chérissait les qualités enfantines en elle et chez les autres: «Enfants bien-aimés, le monde a besoin de vous — et davantage en qualité d'enfants qu'en qualité d'hommes et de femmes: il a besoin de votre innocence, de votre désintéressement, de votre fidèle affection, de votre vie sans souillure... Quelle plus noble ambition y a-t-il que de maintenir en vous-mêmes ce que Jésus aimait et de savoir que votre exemple, plus que des paroles, constitue un critère de morale pour l'humanité !» (Écrits divers, p. 110)
Verta nous dit qu'elle ne peut penser à une aventure plus passionnante que celle qui consiste à demeurer semblable à un enfant, grâce à la vigilance et à la prière.
«N'est-ce pas lorsque nous sommes le plus semblable à un petit enfant que les pensées spirituelles affluent le plus librement ?» demande-t-elle. «Elles nous permettent de nous élever au-dessus de la psychologie, du manque, de la maladie, de la crainte. Les occasions que j'ai eues d'être une mère, d'entretenir ces qualités d'enfant, ont vraiment élevé ma vie. Elles l'ont rendue merveilleuse, pleine de fraîcheur, de vitalité, de récompense. Et ces occasions sont à la portée de chacun.»