Quand je suis avec ma mère, il lui arrive de remarquer: « C’est intéressant comme nous avons inversé les rôles. A présent, c’est toi qui prends soin de moi. Je suis si heureuse que tu te tiennes au courant de ce qu’il y a à faire et que tu t’occupes de tout ! »
Je dois reconnaître que de temps à autre je me dis: « Tu ne sais pas la moitié de ce que cela représente ! » Cela fait un certain nombre d’années que je m’occupe de mes parents: d’abord de tous les deux, et maintenant de ma mère seulement.
Étant fille unique, je me suis sentie parfois découragée par cette responsabilité écrasante à laquelle je devais faire face toute seule. Il m’a fallu en effet veiller à ce que l’on s’occupe des soins personnels de mes parents, organiser, quand la situation l’a exigé, plusieurs déménagements complexes (dont un très loin de chez moi), être disponible en cas d’urgence, m’occuper de leur situation financière, des impôts et de toute la paperasserie habituelle, mettre en vente une maison et deviner quels étaient leurs besoins quand ils n’étaient pas capables de les exprimer. Face à cette situation classique, on finit parfois par perdre espoir.
Lorsque cela m’arrivait, je gardais sans cesse à la pensée une vérité spirituelle puissante qui n’a jamais manqué de me soutenir: l’Entendement divin règle chaque détail. Notre Père-Mère Dieu, cette intelligence de l’univers, qui sait tout, embrasse avec assurance chaque fait, chaque décision, chaque nouveau pas, dans un ensemble harmonieux. Je pourrais écrire un livre entier pour évoquer toutes les fois où une situation a été réglée dans ses moindres détails, où des tâches « impossibles » ont été accomplies malgré un emploi du temps surchargé, et où j’ai pu compter sur l’aide et le soutien affectueux de mes amis.
Ces moments m’ont prouvé que Dieu ne cesse de nous guider. Selon les paroles rassurantes de Jésus: « Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux sous ? Cependant, pas un d’eux n’est oublié devant Dieu. Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés. Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup de passereaux. » (Luc 12:6, 7)
On entend parfois cette réflexion humoristique, mais bien triste: « Dieu n’a pas dû aimer les femmes pour qu’elles se retrouvent en même temps avec des enfants adolescents, la ménopause et des parents vieillissants ! »
Chaque fois que je me suis demandé si j’aurais l’énergie et la patience nécessaires pour venir à bout de la liste des tâches à effectuer pour mes parents, tout en vivant ma propre vie, j’ai puisé de la force dans ces paroles de compassion de Mary Baker Eddy: « Nous devrions nous débarrasser de la pensée déprimante que nous avons transgressé une loi matérielle et que nous devons nécessairement en subir la peine. Soyons rassurés par la loi de l’Amour. Dieu ne punit jamais l’homme pour avoir fait le bien, travaillé honnêtement et accompli des œuvres de miséricorde, bien que cela puisse l’exposer à la fatigue, au froid, à la chaleur, à la contagion. » (Science et Santé, p. 384)
La présence et le pouvoir immuables de Dieu renverse la tendance à la détérioration et au déclin.
C’est pourquoi, quand je sens peser sur moi le poids des responsabilités, je fais en sorte d’élever mes pensées et mes actes pour savoir qu’au-delà des efforts louables d’une enfant dévouée, je suis « au service de notre Créateur », comme le dit Mary Baker Eddy. Je sais alors que je peux connaître les bienfaits de cette promesse: « La Science de l’Entendement enseigne que les mortels doivent pouvoir “faire le bien sans se fatiguer”. Elle dissipe la fatigue quand nous faisons le bien. Donner ne nous appauvrit pas au service de notre Créateur et ne pas donner ne nous enrichit pas. » (ibid., p. 79) C’est à cette loi spirituelle que fait allusion Mary Baker Eddy quand elle évoque l’endurance de Florence Nightingale et d’autres philanthropes. Et elle conclut: « L’explication de ce fait réside dans le soutien qu’ils puisèrent dans la loi divine surpassant la loi humaine. » (ibid., p. 385)
En prenant soin de mes parents, je me suis efforcée de ne jamais baisser les bras, de ne jamais considérer le déclin physique ou mental comme inévitable, mais de nourrir l’espoir en m’attendant à des progrès. J’ai ainsi constaté des progrès remarquables dans des circonstances où cela semblait improbable. C’est dans ces moments-là que j’ai compris le plus clairement que la science de la guérison pratiquée par Jésus demeure la meilleure médecine, le meilleur conseiller, la meilleure thérapie. Cela m’a été prouvé dans la guérison de mon père.
Il avait été placé dans une maison de retraite pour personnes dépendantes. Ma mère vivait toujours chez elle, dans la même ville. Bien que le personnel n’ait pas mon approche spirituelle concernant les soins, il veillait au bien-être de mon père avec compassion et compétence. Lorsqu’il a eu une attaque, une ambulance l’a transporté à l’hôpital. Quand mon père est retourné dans la maison de retraite, c’était un invalide, incapable de se tenir debout.
Peu après, on m’a informée qu’on ne pourrait plus le garder, car les membres du personnel n’étaient pas qualifiés pour lui apporter les soins que son état nécessitait. Non seulement ils ne pensaient pas que sa santé pourrait s’améliorer, mais ils étaient même certains qu’il continuerait de décliner. Comme je vivais très loin de là, ils m’ont proposé de prendre eux-mêmes les mesures nécessaires pour que mon père puisse venir dans une unité de soins de la région. Puis ils ont accepté de le garder une semaine de plus pour me donner le temps de prendre contact avec une maison d’accueil de la Christian Science, à trois heures de chez moi.
Ne pouvant obtenir de réponse rapide de la part de cet établissement, j’ai tout remis entre les mains de Dieu avec une confiance qui n’avait pas besoin de paroles pour s’exprimer. Plusieurs jours ont passé sans entamer ma paix. La veille du jour où mon père devait quitter la maison de retraite, le directeur de la maison d’accueil m’a fait savoir qu’ils avaient pu s’organiser pour sa venue.
Une fois installé, mon père s’en est remis au traitement par la prière d’un praticien de la Christian Science, ce qu’il préférait à un traitement médical. La qualité mentale de l’environnement constituait également une différence importante: tous les employés de la maison d’accueil gardaient l’espoir que son état s’améliore.
Il lui a suffi d’une semaine pour être à nouveau debout et se mouvoir sans aucune aide. Peu après, j’ai pris des dispositions pour que ma mère et lui puissent vivre ensemble dans une résidence confortable. Ma mère était à ses côtés quand il nous a quittés, dans la paix et la dignité, à l’âge de 90 ans.
Le souvenir de la guérison de mon père me permet de garder l’espoir aujourd’hui. Je sais que la présence et le pouvoir immuables de Dieu, le bien, renverse la tendance à la détérioration et au déclin. Parfois, lorsque ma mère connaît une difficulté passagère et que je ne suis pas là (elle vit maintenant près de chez moi), j’interromps toute activité pour me rappeler que le bras de Dieu l’entoure, et pour reconnaître que Dieu nous embrasse toutes les deux dans Sa tendre sollicitude. Soutenue par l’espoir, je m’attends avec confiance à des progrès.
