Il y a quelques années, je me trouvais dans une maison d’accueil pour scientistes chrétiens, m’évertuant à comprendre en quoi la vie valait d’être vécue. J’avais perdu mon mari et de nombreux amis. Ces sources de bonheur s’en étaient allées. Je croyais sincèrement à la promesse de Jésus concernant la vie éternelle. J’étais persuadée que la mort n’existe pas, mais cela ne me consolait guère. La vérité spirituelle de la vie éternelle signifiait que je ne pouvais compter sur la mort pour résoudre mes problèmes. Cette pensée n’était guère réjouissante.
Un jour, je suis tombée sur ce passage de Science et Santé, le livre de Mary Baker Eddy: « Job dit: “Mon oreille avait entendu parler de Toi; mais maintenant mon œil T’a vu.” Les mortels se feront l’écho de la pensée de Job, quand les prétendues douleurs et plaisirs de la matière cesseront de prédominer. Ils abandonneront alors la fausse évaluation de la vie et du bonheur, de la joie et de la peine, et ils atteindront à la félicité d’aimer sans égoïsme, de travailler avec patience et de vaincre tout ce qui est dissemblable à Dieu. » (p. 262)
Je me suis rendu compte qu’il me fallait absolument abandonner ma « fausse évaluation de la vie et du bonheur ». Avec reconnaissance — et surprise — j’ai compris qu’en dépit des circonstances humaines, la félicité était possible à ce moment même. J’ai donc décidé de tout faire pour remplir les trois conditions exposées par Mary Baker Eddy.
Le premier point consistait à « aimer sans égoïsme ». Jusque-là, je m’étais sentie accablée par les problèmes et les maux liés au vieillissement de mes plus proches amis. Je voulais des amis qui n’auraient aucun problème. Je me suis rendu compte alors que je pouvais faire preuve d’un désintéressement suffisant pour être à leur écoute et même les aider à surmonter leurs difficultés. Il me faudrait prier dans ce but, mais je savais que j’exprimerais la patience que Dieu m’avait donnée, deuxième condition nécessaire pour atteindre la félicité. J’ai également reconnu que mes amis et moi disposions de tout ce qui était nécessaire pour vaincre ces maux qu’on attribue souvent à l’âge.
Grâce à ces prières, j’ai acquis la claire conviction que je pouvais vaincre « tout ce qui est dissemblable à Dieu ». Je me suis réjouie de cette certitude nouvelle ainsi que des guérisons plus rapides qui l’ont accompagnée. J’ai poursuivi mon étude de la Christian Science, certaine qu’il n’existait en réalité rien en dehors de Dieu, source de la vie abondante dont parlait Jésus. Comme Job, je ne me contentais plus de lire des articles sur Dieu et d’entendre parler de Lui, je Le voyais et je voyais Sa création spirituelle à la fois masculine et féminine.
Peu de temps après, j’ai été en mesure de quitter la maison d’accueil pour retourner chez moi. En continuant de prier avec un praticien de la Christian Science, j’ai surmonté la tendance à ressasser les problèmes et à me décourager. J’ai considéré chaque défi comme l’occasion merveilleuse de vaincre une situation déstabilisante, « dissemblable à Dieu ». J’ai compris avec une acuité nouvelle que Dieu est la Vie et que cette Vie est bonne. J’avais atteint la troisième étape vers la félicité et j’avais pris conscience du fait que cette connaissance de Dieu apportait la félicité dans la vie de chacun, et pas seulement dans la mienne.
Il est cependant légitime de se poser la question suivante: si Dieu est la Vie et qu’il n’y a pas de mort, comment et pourquoi quittons-nous la scène humaine ? Une de mes amies m’a donné cette réponse: « Tu es aussi morte que tu le seras jamais. » Ces propos m’ont d’abord choquée. Au moment où je les ai entendus, je cherchais à me guérir d’un problème physique. Que voulait dire mon amie au juste ?
En y réfléchissant, j’ai fini par comprendre qu’à chaque moment j’avais la possibilité de penser spirituellement ou matériellement, de choisir l’amour de l’Esprit ou l’appui de la matière. Chaque fois que je choisissais l’Esprit, je devenais « moins morte », c’est-à-dire davantage consciente de la nature spirituelle que Dieu m’a donnée. Cette prise de conscience a hâté ma guérison.
J’avais compris quelque chose d’important. J’étais sûre que mon amie avait dit vrai. Par le passé, j’avais été guérie d’une maladie qui avait duré plusieurs semaines, lorsque cette amie m’avait dit: « Attends-toi à vivre éternellement. » Elle avait même ajouté en riant: « Que tu le veuilles ou non. »
Être convaincu de l’éternité de la vie, c’est faire la moitié du chemin qui conduit à la santé et au bonheur, même pour ceux qui sont avancés en âge. Mais la seconde moitié du chemin est tout aussi importante. Chaque individu a besoin de mieux comprendre pourquoi il est possible de ne pas croire à la mort. La définition qu’en donne le Glossaire, dans Science et Santé, m’a toujours été très précieuse: « Mort. Une illusion, le mensonge qu’il y a vie dans la matière; ce qui est irréel et faux; l’opposé de la Vie. [...] ce qui ne se libère à grand-peine d’une croyance que pour être enchaîné par une autre, jusqu’à ce que toute croyance à la vie où la Vie n’est pas cède à la Vie éternelle. » (p. 584)
Je disposais de tout ce qui était nécessaire pour vaincre ces maux qu’on attribue souvent à l’âge.
Au fil des ans, différentes parties de cette définition se sont éclairées et m’ont guérie. Le fait de reconnaître qu’un état de pensée tracassé ou qui est « enchaîné » est la mort même incite certainement à rechercher les pensées de la Vie éternelle. L’inquiétude ou l’attitude soucieuse qui se manifestent en présence des difficultés nous volent la joie et nous gémissons: « Pourquoi cela m’arrive-t-il à moi ? »
Jésus a répondu à cette question en remettant les hommes face à la réalité spirituelle de leur existence. « Le voleur, dit-il, ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance. » (Jean 10:10) Pour moi, le voleur est le geignard, le voleur de joie qui voudrait que l’on se fixe sur le moi personnel. Mais il est possible de faire taire ce voleur et de reconnaître que la vie abondante promise par Jésus se révèle pour chacun. C’est là notre véritable existence, et nous n’en avons pas d’autre. Cette vie n’est pas dans la matière, elle est fondée sur la spiritualité, elle est éternelle. En d’autres termes, la vie abondante promise par Jésus n’est pas sujette à l’affaiblissement et à la mort.
Lorsque l’on considère chaque événement à vivre comme une occasion de mieux comprendre ce que signifie l’omnipotence et l’omniprésence de Dieu, on se prépare à être encore plus utile, et non le contraire, et ce quel que soit l’âge. Les nombreuses leçons apprises tout au long du chemin permettent d’aborder chaque nouveau problème en étant convaincu que la guérison viendra. On peut penser que Jésus s’élevait par moments au-dessus de la scène humaine, car ses disciples ne savaient pas toujours où il était. Un jour, il a disparu définitivement, lors de ce que l’on a appelé l’ascension: « Il les conduisit jusque vers Béthanie, et, ayant levé les mains, il les bénit. Pendant qu’il les bénissait, il se sépara d’eux, et fut enlevé au ciel. Pour eux, après l’avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie; et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu. Amen. » (Luc 24:50-53, d’après la version King James)
En pensant à l’avenir, chaque personne peut dire « ainsi soit-il » (traduction du mot latin amen) et se réjouir par avance des étapes successives de cette ascension. En réalité, nous nous élevons tous un peu plus chaque fois que nous démontrons que la matière n’a pas de substance et que ses états inharmonieux disparaissent au moment de la guérison spirituelle. Nous nous élevons chaque fois que l’amour désintéressé remplace le manque d’empressement à aider une personne qui traverse une période difficile. Nous nous élevons chaque fois que nous prions avec patience pour vaincre notre croyance à une existence séparée de Dieu. Un jour, nous nous serons tant élevés au-dessus de la matière que plus personne ne croira qu’elle a de la vie ou qu’elle peut donner la mort.
Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy évoque l’histoire vraie d’une femme de plus de soixante-dix ans, qui paraissait en avoir moins de vingt. Une dispute entre son fiancé et elle avait abouti à une séparation. Le choc avait été si grand pour cette jeune femme qu’elle en avait perdu la raison. Elle se tenait chaque jour à la fenêtre, attendant le retour de son fiancé. Ayant perdu définitivement la notion du temps qui passe, elle ne présentait elle-même aucun des signes de vieillissement habituels. Après avoir évoqué cette histoire, Mary Baker Eddy déclare: « L’impossible n’arrive jamais. Un seul exemple comme le précédent prouve qu’il est possible d’être jeune à soixante-quatorze ans; et le point capital de cet exemple indique clairement que la décrépitude n’est ni conforme à la loi ni une nécessité de la nature, mais une illusion. » (p. 245)
L’illusion de la décrépitude n’est qu’une partie de l’illusion plus grande qu’est la mort. Elle ne peut jamais masquer le chemin de la vie abondante. En s’élevant sur ce chemin, les hommes et les femmes émergent de la mortalité pour entrer dans la certitude de leur lien éternel avec tout ce qui est semblable à Dieu.
Nous sommes réellement aussi morts que nous le serons jamais, ce qui signifie que nous ne serons jamais morts. Dès maintenant, la vie abondante de Dieu se révèle devant nous éternellement. Une vie pleine de joie, utile et satisfaisante qui n’est jamais atteinte par le vieillissement.