J'ai découvert la Christian Science quand je suis allée rendre visite à ma sœur qui vivait dans la banlieue parisienne. A l'époque, j'étais coiffeuse à Paris. Une voisine de ma sœur m'a donné des Héraut de la Christian Science que j'ai lus avec beaucoup d'intérêt. Cela se passait en 1938, juste avant la Deuxième Guerre mondiale.
Cette voisine m'a enfin prêté le livre de Mary Baker Eddy, Science et Santé, et je me suis rendu compte que c'était exactement ce que je cherchais. J'étais enthousiasmée parce que je n'aimais pas ce qui se passait dans le monde ni dans ma propre vie. Je cherchais quelque chose qui m'élèverait au-dessus des heures sombres que nous vivions et de la religion traditionnelle dans laquelle j'avais été élevée et qui ne répondait pas à mes questions. Je ne croyais plus en Dieu. Dès que cela fut possible, je suis allée acheter un Science et Santé avec ma sœur. Ma mère aussi s'est mise à le lire.
Nous étions toutes malheureuses et nous avions peur d'Hitler. J'avais un fiancé qui, deux ans plus tard, a été emprisonné pendant cinq ans. Les numéros du Héraut comblaient le besoin que nous avions d'être fortes et de nous sentir encouragées. Je me souviens également que nous recevions le Livret trimestriel de la Christian Science – Leçons bibliques, non relié. Il nous arrivait d'Espagne.
A un moment donné, comme de nombreux Français, nous avons dû partir sur les routes parce que l'ennemi avançait. Nous sommes arrivés dans la région de la Loire où nous avions un parent. Sur les routes, nous avons vu beaucoup de voitures à cheval, dans lesquelles les gens transportaient tous leurs biens. Les Italiens bombardaient les routes, mais nous avions confiance en Dieu et dans les vérités que nous avions lues. Nous n'avons eu aucun mal. Je gardais toujours mon Science et Santé avec moi et il me réconfortait.
Après l'arrivée des Allemands, on nous a dit que nous pouvions rentrer chez nous. Sur le chemin du retour, nous avons vu des choses terribles y compris des maisons pillées. Nous avons été reconnaissantes de retrouver notre maison intacte.
A deux reprises, pendant la guerre, nous avons pu assister à un service religieux de la Christian Science, mais ce n'était pas facile parce que nous habitions à l'ouest de Paris, ce qui voulait dire que nous devions traverser la Seine pour aller à l'église. Comme les ponts avaient été bombardés, nous avons fait la traversée sur une péniche. Les services avaient lieu au sous-sol de l'église, boulevard Flandrin. Même après la guerre, nous avons dû attendre que les ponts soient reconstruits pour pouvoir aller à l'église.
Après la guerre, mon fiancé est revenu sain et sauf, et nous nous sommes mariés. Ma famille, avec ma sœur et ma mère, est toujours restée très unie. Sans cette Science, je pense que j'aurais désiré quitter cette vie. Elle me donne tant d'espoir, tant de sérénité.
Seurre, France