Au sud du Sahara, mise à part l'herbe de la savane, le Sahel est une région où il n'y a guère de végétation. Pourtant les oiseaux parviennent à survivre.
Ils construisent leurs nids là où ils peuvent, dénichent de la nourriture pour leurs petits et eux-mêmes, et ne cessent de chanter.
Les Bambaras, qui vivent dans cette région, ont un proverbe, « Doni doni kononi b'a nyaga da », qu'on pourrait rendre par « Petit à petit, l'oiseau fait son nid ». Chaque petite brindille compte. En d'autres termes, les progrès qu'on réalise pas à pas finissent par s'additionner. « Ne renonce pas, chacun de tes efforts est utile » me dit ce proverbe. Il a d'ailleurs des équivalents dans le monde entier, fruits de la sagesse et de l'expérience de nos ancêtres.
Qu'elles nous viennent d'Afrique, du Proche-Orient, de Chine ou d'Amérique, ces paroles d'encouragement ont leur origine dans l'amour universel de Dieu. D'une certaine façon, ce sont des anges, des messages de Dieu, qui nous informent que nos activités légitimes bénéficient du soutien divin, et que chacun de nos pas en avant est important.
On a tôt fait de se sentir découragé face à l'ampleur de certains problèmes, qu'il s'agisse d'une difficulté d'ordre professionnel, d'une série de décisions qu'on craint de prendre, ou bien de la maladie et de la douleur. En de pareils moments, j'ai constaté l'utilité de voir en Dieu un partenaire silencieux, qui connaît toutes choses et ne commet jamais d'erreur. Le prophète Ésaïe formule un message divin de la façon suivante: « Tes oreilles entendront derrière toi la voix qui dira: Voici le chemin, marchez-y ! Car vous iriez à droite, ou vous iriez à gauche. » (Ésaïe 30:21) De même que l'oiseau d'Afrique sait trouver la brindille nécessaire à la construction de son nid, nous pouvons être guidés par cette « voix » derrière nous, cette intuition venant de Dieu, qui nous inspire le petit pas à faire au bon moment.
Un jour, alors que je vivais en Afrique, j'ai été piqué par un insecte. La piqûre s'est infectée, devenant très douloureuse. Inquiet, je suis allé voir le docteur. Son traitement m'a soulagé, mais il m'a annoncé que je garderais toujours une cicatrice.
Quelques années plus tard, j'ai à nouveau été piqué, cette fois-ci sur la main. J'avais une vilaine plaie, qui a suscité des remarques de la part de mes collègues de travail. Mais cette fois, je me suis senti prêt à faire confiance à Dieu, qui, comme je l'avais lu dans les Psaumes, « guérit toutes tes maladies » (Ps. 103:3). Mais par quoi commencer ? J'ai prié pour mieux comprendre que j'étais l'enfant de Dieu, Son image et Sa ressemblance, une idée spirituelle, et non une certaine quantité de matière. Cependant le problème persistait. Je souffrais et devais nettoyer la plaie très souvent. J'avais beaucoup de mal à fixer mes pensées sur des choses spirituelles. Il était clair que j'avais besoin de l'aide de Dieu, mon partenaire silencieux, qui connaît toutes choses.
Un soir, après avoir nettoyé et pansé la plaie, qui paraissait maintenant très profonde, j'ai pris peur. Comme un réflexe, j'ai ouvert mon exemplaire de Science et Santé de Mary Baker Eddy. J'avais l'habitude depuis longtemps d'y chercher des énoncés pratiques pour les appliquer aux problèmes auxquels je faisais face.
Ce soir-là, je suis tombé, non sans surprise, sur le passage suivant: «... ce qui semble être un vide est déjà comblé par l'Amour divin. » (p. 266) Le contexte n'avait rien à voir avec mon problème. Mary Baker Eddy expliquait ce qu'il faut faire quand on se sent privé d'amis. Mais ses propos pouvaient s'appliquer aussi bien à moi en la circonstance, car j'ai pris conscience du fait qu'il ne pouvait y avoir ni trou ni blessure dans mon existence: l'Amour divin ne connaissait pas de vide, puisque Dieu emplit tout l'espace.
Cette phrase a représenté une sorte de « brindille » pour ce que j'appellerais le nid de ma guérison spirituelle. Presque aussitôt la douleur a cessé, et je suis allé me coucher. Le lendemain matin, en changeant le pansement, je me suis aperçu que la plaie s'était complètement refermée. Il n'y avait nulle trace de cicatrice. J'ai gardé une rougeur sur la peau pendant une brève période, puis elle a fini par disparaître également. C'est comme si je n'avais jamais rien eu.
Ce petit pas en avant m'a incité à m'appuyer davantage sur Dieu par la suite. Je sais qu'Il m'apporte le secours dont j'ai besoin quand j'en ai besoin, pas à pas — doni doni. Et, comme les oiseaux d'Afrique, on peut chanter et se réjouir sans cesse, tout en rassemblant ces brindilles.