Jeunes parents enthousiastes, nous sommes entrés dans la salle de classe de notre fils, à l’école maternelle, pour notre première réunion avec son institutrice. Nous nous sommes assis, souriants, prêts à entendre des compliments.
La douche fut très froide. Les sourcils froncés de l’institutrice nous ont indiqué tout de suite qu’elle ne partageait pas l’admiration que nous portions à notre merveilleux bambin. Elle s’est éclairci la voix et a commencé par dire avec diplomatie: « Il est très remuant. » Elle a ensuite entrepris de nous expliquer que John était un enfant intelligent, mais qu'il interrompait sans arrêt, bavardait inconsidérément et avait des difficultés à rester assis. Nous étions extrêmement déçus, mais nous avons assuré l’institutrice que nous allions travailler avec lui pour qu’il se conduise mieux.
Tout au long de cette année-là et au cours de l’année suivante, on nous a appelés à maintes reprises au sujet de problèmes liés au trop-plein d’énergie de notre fils. Il avait du mal à rester assis et à écouter. Les interclasses et les récréations ne se passaient pas bien. Le trajet quotidien dans le car qui l’emmenait à l’école était une véritable catastrophe. Notre fils s’était trouvé impliqué dans une bagarre à trois reprises au moins. Après l’avoir puni, sermonné, supplié sans obtenir de résultats permanents, nous étions déroutés. Notre petit bonhomme, dont les yeux brillaient autrefois à l’idée d’aller à la maternelle, redoutait maintenant d’aller à l’école, et cela nous brisait le cœur plus que toute autre chose. Je priais chaque jour pour le bien-être de John, mais j’étais tenaillée par un sentiment d’impuissance dès qu’il était loin de moi.
C’est à la fin de sa première journée, en deuxième année d’école primaire, que je me suis vraiment sentie découragée. En attendant le car qui le ramenait de l’école, j’espérais tant que les choses seraient différentes cette année. Mais quand le car est arrivé, le chauffeur m’a annoncé que mon fils s’était encore attiré des ennuis. J’ai demandé à John de monter dans sa chambre, puis, en larmes, j’ai téléphoné à une praticienne de la Christian Science. Elle m’a réconfortée et a promis de prier pour nous.
J’ai ressenti immédiatement une plus grande paix qui m’a permis de me tourner humblement vers Dieu. Je désirais tant que cet enfant voie combien il était bon et qu’il agisse comme le merveilleux enfant de Dieu innocent et pur qu’il était. Je savais que le temps était venu de desserrer mon emprise maternelle pour laisser Dieu gouverner. Mais comment faire ?
La réponse de Dieu a été douce et claire: je devais donner un rôle plus actif à mon fils dans le processus de sa propre guérison. La guérison est vraiment une question de révélation. Autrement dit, Dieu, qui est la Vérité, nous révèle sans cesse notre véritable identité. A mesure que cette identité bonne et spirituelle acquiert de plus en plus de réalité à nos yeux, le problème auquel nous devons faire face perd de sa réalité. La guérison se produit. Ni des méthodes de modification du comportement ni une mère envahissante n’avaient le pouvoir d’accélérer ou de ralentir la révélation de la Vérité. J’ai donc tendu le téléphone à John et je lui ai montré comment appeler la praticienne pour lui demander un rendez-vous.
Le lendemain, non sans émotion, je l’ai conduit au bureau de la praticienne, un peu avant l’heure d’aller à l’école. Je craignais qu’il ne se montre timide ou gêné. Or, à ma grande surprise, il est ressorti quinze minutes plus tard avec une autorité nouvelle et l’air très assuré. Malgré ma curiosité maternelle piquée au vif, je me suis refusé à questionner ou à analyser. Dans cette guérison, mon rôle consistait à m’en remettre avec confiance à ce que Dieu révélait à mon fils et à me taire. Nous avons donc continué les visites avec la praticienne plusieurs matinées par semaine.
Un jour, notre fils nous a parlé spontanément dune image de la Bible que lui avait mentionnée la praticienne lors de sa première visite. Il y pensait tous les jours quand il était à l’école. Il nous a dit qu’il avait plus de douze légions d’anges prêts à l’aider (voir Matth. 26:53). Il a toujours aimé les chiffres, surtout les grands, alors il nous a expliqué qu’une légion était composée de 3000 à 6000 fantassins sans compter les cavaliers. Cela voulait dire qu’il pouvait y avoir plus de 70 000 soldats-anges veillant sur lui, pendant sa journée à l’école, l’aidant à bien agir. Il n’était pas tout seul. A cet instant, je me suis rendu compte qu’il avait éprouvé les mêmes sentiments d’impuissance et d’incapacité de se contrôler contre lesquels j’avais lutté. De nombreuses fois, quand il était puni pour avoir été trop agité, il disait: « Je ne pouvais pas m’en empêcher. » Or, comprendre à présent que les anges de Dieu étaient toujours prêts à l’aider lui donnait confiance en lui.
Il connaissait bien la description des anges dans Science et Santé: « Pensées de Dieu se communiquant à l’homme. » (p. 581) Maintenant, il voyait que ces anges étaient tout près de lui. Moi aussi, je me suis rapprochée de ces anges. Voici la suite de la description des anges: « Intuitions spirituelles, pures et parfaites; l’inspiration de la bonté, de la pureté et de l’immortalité, neutralisant tout mal, toute sensualité et toute mortalité. » Quel parfait antidote contre l’étiquette qu'on met à de si nombreux enfants qui sont trop agités ou qui ne parviennent pas à se concentrer !
Un comportement dominé par l’agitation et la versatilité n’a aucune résistance à opposer en présence d’une seule intuition spirituelle, encore moins en présence de légions d’anges. La raison en est que l’intuition spirituelle reconnaît la présence et l’amour de Dieu qui apportent inévitablement la paix.
Je me suis rendu compte que j’avais essayé d’imposer de belles qualités à notre fils comme si elles ne faisaient pas partie de son existence, alors que les bonnes pensées de Dieu lui étaient communiquées en réalité, à chaque instant, le protégeant et le guidant. Mon fils prenait conscience de cette inspiration qui le soutenait. Il avait appris que les anges de Dieu neutralisent le « mal » (la mauvaise conduite), la « sensualité » (l’agitation excessive) et la « mortalité » (les limites). La volonté opiniâtre et la peur des punitions n’étaient pas la solution. Au lieu de cela, des légions d’anges divins étaient là pour apporter leur aide.
Plus j’apprenais ce que sont les anges, plus j’étais sûre que mon fils triompherait des difficultés qu’il avait rencontrées pendant les premières années de sa scolarité. J’ai appris en lisant Science et Santé que les « anges de Sa présence, qui ont la mission la plus sainte, abondent dans l’atmosphère spirituelle de l’Entendement, et par conséquent ils reproduisent leurs propres caractéristiques » (p. 512). Cette déclaration réduit à néant les théories de l’inné et de l’acquis relatives au développement de l’enfant. J’ai compris que je n’avais jamais été responsable de la reproduction des caractéristiques de quiconque, notamment de celles de mon fils. Je ne l’étais pas non plus maintenant. Au contraire, sa réussite était assurée, tout à fait en dehors de moi. Bientôt son institutrice nous a informés qu’il faisait de grands progrès et qu'elle l’appréciait beaucoup. Au bout de quelques mois, elle nous a même confié qu'il faisait partie de ses meilleurs élèves.
Ce fut la fin du problème de comportement de mon fils. Tout le long de sa scolarité à l’école élémentaire et au collège, on disait constamment de lui qu’il était poli, calme et gentil. Il est à présent un excellent élève au lycée, respecté par ses camarades de classe.
J’ai probablement connu ma plus grande joie un an après avoir appelé la praticienne pour la première fois. John était en train de faire ses exercices de lecture quand il a levé la tête et a dit sur un ton amusé et incrédule, comme s’il se souvenait d’un rêve: « Tu te rappelles quand j’étais tout le temps puni ? » J’ai hoché la tête en souriant. « C’est comme quand je cherche quelque chose dans l’ordinateur qui n’existe pas et que j’ai le message “fichier introuvable” », a-t-il ajouté. Tout en l’approuvant, j’ai remercié silencieusement pour la présence des anges de Dieu.