« Chère maman, je te prierais de garder tes opinions pour toi. » Voilà ce que disait la note que j’ai trouvée sur mon bureau en revenant d’un jogging matinal. Le soir précédent, ma fille, alors étudiante, et moi-même avons eu une conversation au sujet du garçon avec qui elle sortait.
Il avait passé deux semaines à la maison et j’avais dit à ma fille ce que je pensais de lui. Elle m’avait laissé la note en partant travailler. Elle avait un job pour l’été.
J’ai été surprise par ma propre réaction. Je n’étais ni en colère ni blessée. Le seul mot sur lequel je me suis arrêtée, c’est « opinions ». Je venais d’être inscrite dans le répertoire des particiens de la Christian Science qu’on trouve à la fin du Christian Science Journal, et j’avais donc accepté de consacrer ma vie à la guérison spirituelle. Je voyais à présent qu’il me fallait être en accord total avec cet engagement.
Je savais par expérience que se montrer une mère attentive et donner de bons conseils ne suffisait pas. Quand les enfants avaient des problèmes, tous les discours du monde n’allaient pas nécessairement changer quoi que ce soit. Cependant, quand j’élevais ma pensée par la prière et que j’écoutais attentivement les directives divines, je savais que je les aidais de la meilleure manière possible.
Alors, à présent, je savais qu’il fallait que je réfléchisse davantage à ce qu'est une opinion. Et puisque je me servais généralement de la Bible et des écrits de Mary Baker Eddy pour être guidée spirituellement, je me suis mise à consulter ces livres. La Bible m’a rappelé tout de suite que je devais avoir confiance en Dieu. J’ai lu ce verset entre autres: « J’écouterai ce que dit Dieu, l’Éternel; car il parle de paix à son peuple et à ses fidèles. » (Ps. 85:9) Puis, en cherchant le mot « opinion » dans une concordance des œuvres de Mary Baker Eddy, j’ai trouvé deux phrases qui m’ont touchée et ont changé ma façon de penser de manière immédiate et permanente. Voici la première: « Les opinions humaines ne sont pas spirituelles. » (Science et Santé, p. 192) Et la deuxième: « En Science Chrétienne la simple opinion n’a pas de valeur. » (ibid., p. 341)
Ces trois passages ont provoqué en moi un merveilleux réveil et m’ont obligée à m’agenouiller mentalement, avec humilité. Ils me rappelaient la nécessité de spiritualiser ma pensée et de résister à la tentation de me justifier, car l’autojustification est un sol propice aux opinions. Et les opinions n’ont jamais guéri personne !
J’en ai conclu finalement que je pouvais m’en remettre aux instructions de Dieu, l’Amour divin omniprésent, qui me montrerait comment aider cette jeune fille qui m’était si chère et comment prendre soin d’elle. J’avais autant besoin qu’elle d’être éduquée par l’Amour. Et je savais que nous étions toutes deux dotées de la force spirituelle nécessaire pour écouter notre véritable Père-Mère, recevoir de Lui Ses directives et leur être réceptives.
Il s’est avéré finalement que nous n’avons pas eu besoin d'en reparler. La première et seule vraie Mère de ma fille, Dieu, lui a fait dépasser cette relation avec ce garçon et l’a dirigée, des années plus tard, vers un homme qui est un merveilleux mari pour elle. Et si, à long terme, j’avais vu juste ? Et si ma fille avait épousé ce premier jeune homme et en avait souffert ? Cela aurait-il voulu dire que mon opinion était valable ? Y a t-il des moments où une opinion devrait s’exprimer ?
Personnellement, je répondrais que non. Je pense que la prière persistante, plutôt qu’une opinion offerte au moment opportun, ouvre la porte de la pensée quand et où elle a besoin de s’ouvrir, et dirige chacun de nous. Alors, la solution apparaît à chacun individuellement, là où il en est et non pas là où moi je pense qu’il devrait en être.
Il va sans dire, bien entendu, que je ne recommande pas d’abandonner toutes responsabilités parentales et de ne plus guider ni conseiller ses enfants. Toutefois, la valeur de nos conseils augmente en rapport direct avec la prière qui les révèle et les soutient. La prière faite avec humilité permet à ce qui est juste de se révéler et ferme la porte à toute discussion où on ne cherche qu’à savoir qui a raison et qui a tort. La prière nous place sur une terre sainte, c’est le Christ à l’œuvre dans la conscience humaine. La guérison se produit lorsque la Parole de Dieu est reconnue, non pas seulement lorsque les mots justes sont prononcés avec conviction.
Quelquefois, quand deux personnes prient avec ferveur afin de résoudre une difficulté, même quand elles s’efforcent sincèrement de ne pas faire valoir leurs vues étroites sur la question, leur prière leur révèle deux lignes de conduite très différentes et parfois opposées. Cela veut-il dire que l’une a raison et l’autre tort ? Pas nécessairement. Il n’existe pas de solutions faciles dans certaines situations ! En outre, les traits de caractère des individus « colorent » parfois involontairement la prière en contrecarrant ainsi même la tentative la plus sincère qui soit d’écouter Dieu. Il faut alors prier encore plus, pendant des jours, des mois, voire des années.
Cependant, il y a toujours une solution qui apporte la guérison. La profonde humilité – celle que Jésus manifestait – finira par révéler les bonnes décisions à prendre. Toutes les opinions sur la manière dont l’histoire doit se terminer peuvent être mises de côté si nous partons de la base dont Jésus partait pour agir. Il donna l’exemple quand il dit: « Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j’entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. » (Jean 5:30)