Dans la Bible, les mots hébreux et grecs qui sont fréquemment traduits par « église » ou « synagogue » se rapportaient à l'origine à une réunion plutôt qu'à un édifice. En général, le mot « église » signifie une assemblée ayant un but précis.
Ce concept de l'église est libérateur. Il donne à ceux qui se rendent à l'église un but bien défini, non limité par des opinions désuètes sur la façon d'organiser les choses. Jésus, par exemple, ne bâtit pas de synagogue, mais il assembla les gens dans un but précis. Il les nourrit en leur révélant des vues nouvelles sur l'amour de Dieu et leur donna pour mission de porter activement témoignage de cet amour dans leur vie quotidienne. Il fonda son église sur la reconnaissance par son disciple Pierre de ce qu'est le Christ, le pouvoir et la présence de Dieu, une reconnaissance solide comme le roc, non un rite, une coutume ni une opinion personnelle (voir Matth. 16:13–18). Science et Santé donne l'explication suivante: « Jésus établit son église et maintint sa mission sur un fondement spirituel de guérison-Christ. » (p. 136) La guérison-Christ définit encore aujourd'hui la pure raison d'être de l'église. La vision de Jésus ne prenait pas du tout en compte les édifices, les comités et les règles. L'exemple qu'il donna montra que le Christ rassemble les gens pour proclamer que le « royaume des cieux est proche » (Matth. 3:2). Et il leur prouva, en les guérissant, que c'était vrai.
Jésus se rendait à la synagogue régulièrement et participait aux services religieux. Il lisait des passages des Écritures et en donnait la signification spirituelle. Il enseignait avec une autorité à laquelle les gens n'étaient pas accoutumés et il corroborait ses paroles par la guérison et la régénération morale de ceux qui l'écoutaient. De temps en temps, les autorités de la synagogue contestaient les enseignements et les actes de Jésus. Toutefois, d'après les Écritures, Jésus ne passait pas des heures à discuter avec elles sur les façons de faire de la synagogue. Au lieu de cela, ainsi que le souligne Mary Baker Eddy, l'auteur de Science et Santé: « ... il réfuta tous ses adversaires par son pouvoir guérisseur. » (p. 18) Quel meilleur moyen de répondre aux divergences d'opinions !
Et si tous les membres actifs des églises chrétiennes voyaient que leur tâche ne consiste pas tant à organiser des réunions, des rencontres qui soient des succès ou à animer avec dynamisme des classes d'école du dimanche, mais à se réunir pour porter témoignage de la présence et du pouvoir du Christ qui guérit ? Plus cela se passe ainsi – plus l'amour puissant de Dieu est vu et ressenti – plus ceux qui se réunissent ensemble constateront qu'ils ont été libérés de la douleur, de la maladie et du péché. Et plus ils seront capables de faire partager à d'autres cet amour qui libère et guérit. Ce ne sont ni les ordres du jour, ni les dons, ni l'architecture qui donnent ce résultat. Il provient de cœurs réceptifs aux vérités spirituelles, de cœurs qui aiment profondément le genre humain. Ne pas perdre de vue le but guérisseur de l'église, c'est la clé de l'efficacité.
Quand on consacre ses pensées et ses prières au développement des activités de l'église dans le sens de la « guérison-Christ », on a souvent de nouvelles idées qui viennent sur la manière d'atteindre ce but plus efficacement. Il arrive cependant que, parvenu à ce point, on doive faire face à une mentalité qui dit: « Mais on a toujours fait comme ça », sous-entendu bien sûr « Et c'est comme ça qu'on va continuer à le faire ». A vrai dire, nous allons peut-être nous surprendre nous-mêmes à penser ainsi. Dans ce cas, posons-nous la question « Oui, mais est-ce bien le moyen le plus efficace d'agir maintenant ? » Quelle que soit la réponse, réfléchir honnêtement à cette question nous libère d'un comportement conventionnel qui s'attache plus aux traditions qu'au but général. Mary Baker Eddy avait la conviction que l'Église (avec un E majuscule pour en indiquer la nature spirituelle) est une activité qui « donne la preuve de son utilité ». Cette définition constitue un excellent point de référence pour évaluer les nouvelles idées qui se présentent concernant l'église, y compris les nôtres.
Quelquefois, se montrer souple est la clé du progrès. Regardez la souplesse dont Jésus faisait preuve. Il ne prêchait pas seulement dans les synagogues. Il prêcha dans le désert, dans une barque, dans des maisons privées. Il prêcha tôt le matin et tard le soir. Il prêcha aux riches et aux pauvres, aux jeunes et aux plus âgés, à ceux qui s'étaient engagés spirituellement et aux exclus. A voir la réaction des scribes et des pharisiens, il est évident que les actes de Jésus allaient souvent à l'encontre des conventions. Or, le but spirituel de son œuvre n'a pas été entravé par la tradition. Il a continué à guérir avec la même efficacité.
Si nos idées neuves sont stoppées par les conventions, l'apathie ou le désaccord, nous devons veiller à ne pas tomber dans le piège qui nous conduirait à nous sentir supérieurs, à nous énerver ou à éprouver du ressentiment, ce qui peut nuire à l'efficacité de la prière. Le fait d'éviter ce piège apporte la paix spirituelle qui nous permet d'entendre les directives divines. Dans l'un de ses poèmes, Mary Baker Eddy écrivit:
Dieu fait germer
Le grain que Son fidèle enfant
Verra pousser. (Hymnaire de la Science Chrétienne, n° 160)
L'acceptation inconditionnelle de ce fait spirituel porte des fruits. S'appuyer sur l'affirmation encourageante qui suit est aussi d'une grande aide: « Attendez patiemment que l'Amour divin se meuve sur la surface des eaux de l'entendement mortel et qu'il forme le concept parfait. » (Science et Santé, p. 454) Il nous faut parfois affirmer avec vigueur, et sans nous décourager, que c'est bien ce que l'Amour divin est en train de faire. Nous en venons alors à découvrir que cette prière nous rend non seulement plus efficaces dans notre travail pour l'église, mais aussi dans notre travail de guérison, ce qui nous ramène bien entendu à la pure raison d'être de l'église: la guérison-Christ.
Se réunir, travailler avec d'autres dans l'église est d'une grande importance parce que l'inspiration, l'expérience de chacun et son désir de servir Dieu, mis en commun, permettent de nous améliorer et d'affiner nos idées. Tout se passe mieux si nous parvenons à ne pas nous attacher à nos propres propositions, au point de refuser tout net que d'autres révisent la manière dont nous voyons les choses, même si nous pensons avoir été inspirés par Dieu. C'est ce qui m'est arrivé un jour, lorsque j'étais membre du conseil de mon église filiale. Lors d'une de nos réunions, j'ai proposé de changer notre façon de faire dans un certain domaine. L'idée a été rejetée catégoriquement par toutes les personnes présentes. Leur réaction m'a stupéfié, mais heureusement ne m'a pas piqué au vif. En rentrant chez moi, dans la voiture, j'ai pris du recul. Je me souviens avoir pensé « Mon Dieu, si ce n'était pas Ton idée, je suis reconnaissant que les autres membres aient eu la sagesse de l'écarter. Si c'est Ton idée, je m'en remets à Toi pour qu'elle soit acceptée. »
A ma connaissance, il n'y avait eu aucune tension lors des réunions du conseil et nous avons continué à travailler et à prier ensemble sur d'autres projets. Environ trois mois plus tard, un autre membre du conseil a présenté une proposition identique à la mienne. Tout le monde l'a acceptée avec enthousiasme. Intérieurement, j'ai d'abord protesté: j'avais suggéré la même chose il n'y avait pas si longtemps. J'ai réprimé cette première pensée et j'ai été reconnaissant au contraire que Dieu ait préparé le terrain pour que Sa graine porte du fruit.
Il arrive parfois que le fruit soit difficile à voir. Dans ces moments-là, les amis demandent avec insistance: Que faire si votre église ne donne pas la « preuve de son utilité », si vous avez prié et que rien ne change ? Si vous priez encore davantage et que les choses ne bougent pas ?
Ce sont des situations qui ne sont pas faciles. Si nous pouvons rester fermement convaincus que Dieu seul gouverne et que nous devons tous inévitablement obéir à Dieu qui nous ordonne d'être féconds et de multiplier les « bonnes œuvres », celles-ci nous purifieront et nous fortifieront. Ces périodes nous donnent l'occasion de remplacer tout sentiment de supériorité par une humble confiance en Dieu. Il faudra peut-être déloger l'obstination pour laisser place à l'assurance que la volonté de Dieu est en train de se faire. Le sentiment d'impuissance devra céder devant celui grandissant du pouvoir irrésistible de Dieu, et la tentation d'abandonner, devant la certitude que nous ne travaillons pas en vain dans le Seigneur.
Surmonter ces mentalités contreproductives fait évidemment du bien à l'église et à ceux qui la fréquentent. Mais ces efforts nous rendent aussi plus efficaces dans la pratique de la guérison chrétienne. Et les fruits de la guérison chrétienne ne peuvent être négligés. S'efforcer de mieux guérir, c'est un travail d'église essentiel.
Mary Baker Eddy nous donne ce merveilleux conseil au sujet de la participation aux activités de l'église:
« Demande cet amour au ciel Qui rend les hommes fraternels. » (Écrits divers, p. 387)
Cela en vaut la peine pour les autres comme pour nous-mêmes. Cela nous permet de comprendre la véritable raison d'être de l'église.