« Bien entendu, personne ne croit en Dieu ici », nous a affirmé la jeune guide, tandis que nous roulions à travers la campagne de la Chine du sud. « Personne ne va à l'église ni au temple. »
« Personne ? » s'est hasardé quelqu'un au fond du minibus.
« Personne ! » a-t-elle répété catégoriquement. « Bien sûr, nous sommes libres d'aller à l'église maintenant. Mais seulement les personnes âgées y vont. Les gens qui étaient déjà là avant... »
La guide, dont le prénom anglais était Sharon, faisait allusion aux gens vivant dans son pays avant la Révolution culturelle des années soixante, avant que soit interdite toute pratique religieuse. Seules ces personnes âgées, disait-elle, se souvenaient de ce que signifie adorer Dieu. Aujourd'hui, elles étaient les seules à se rendre à l'église, au temple, à la mosquée.
Après qu'elle eut dit cela, une sorte de tristesse inexprimée s'est abattue sur notre petit groupe... jusqu'à ce que Sharon rompe le silence.
« De temps en temps, a-t-elle avoué avec hésitation, mes amis et moi nous allons à l'église ou au temple. Nous y allons... pour formuler un souhait. »
Nous avons demandé à Sharon quel genre de souhait elle faisait. « Parfois je souhaite simplement être heureuse, a-t-elle répondu, trouver un bon mari. »
« Ou bien voir vos difficultés se résoudre ? » avons-nous demandé.
« Oui, a-t-elle dit, c'est ce que je souhaite parfois. »
Ses paroles m'ont fait réfléchir. Qu'est-ce qu'un « souhait » de toute façon ? C'est quelque chose qu'on espère, qu'on désire.
Je me suis rappelé ce que Mary Baker Eddy a écrit au sujet du désir, à la toute première page de Science et Santé avec la Clef des Écritures: « Le désir, c'est la prière; et nous ne pouvons rien perdre en confiant nos désirs à Dieu, afin qu'ils soient façonnés et élevés avant de prendre forme en paroles et en actions. » Science et Santé, p. 1.
Dieu a une nature si parfaitement bonne que son amour rachète tout ce qui, dans la pensée humaine, est contraire au bien divin.
Soudain, je me suis sentie soulagée. Ces souhaits que formule Sharon à l'église ne sont peut-être pas si éloignés de la prière après tout, me suis-je dit. Elle prie peut-être sans utiliser ce terme — sans même savoir qu'elle prie !
Bien entendu, il est toujours possible que des gens souhaitent des choses négatives, égoïstes. Toutefois, ils peuvent aussi désirer des choses parfaitement légitimes comme de la nourriture, des vêtements, la santé, un logement ou bien encore quelqu'un pour partager leur existence, ou alors désirer obtenir des choses qu'on ne peut toucher mais qu'on ressent. Comme la joie, la paix, l'amour. Ou des choses qui aideront quelqu'un d'autre.
Quel que soit ce que vous ou moi désirons — même si ce n'est pas ce qu'il y a de plus approprié au début – cela le deviendra si nous nous en remettons au Père-Mère de l'univers. Alors, Il/Elle façonnera et élèvera ce désir pour en faire quelque chose de beau et d'excellent. Quelque chose qui apporte le bonheur et non la tristesse, qui est productif et non destructif, désintéressé et non égoïste, spirituel et non matériel. Quelque chose de divin.
Tout cela se produit, parce que Dieu a une nature si parfaitement bonne que Son amour rachète tout ce qui, dans la pensée humaine, est contraire au bien divin. L'amour de Dieu agit ainsi de manière inexorable, irréversible — et si douce que nous ne comprenons pas toujours la merveille que Dieu est en train d'opérer en nous. Nous commençons simplement à nous sentir mieux, à mieux agir et à être davantage en paix avec nous-mêmes et avec autrui.
Quand ces bons résultats surviennent après que nos « souhaits » ont été confiés à Dieu, nous avons le désir d'en formuler encore. Et encore. Et encore. Jusqu'à ce que, petit à petit, nous nous apercevions qu'un Principe gouverne nos souhaits — et que ce Principe, c'est Dieu. Nous comprendrons alors que ces souhaits, ou désirs, sont de réelles prières qui se transforment naturellement en foi et en confiance en Dieu.
Le même jour, en fin d'apresmidi, Sharon nous a fait visiter un temple ravissant. Nous avons remarqué une jeune femme agenouillée qui avait l'air de prier.
Sharon nous a dit: « Vous voyez ? Elle formule un souhait ! » Nous avons acquiescé. Pourtant, j'avais la certitude — et peut-être Sharon aussi — que cette jeune femme si fervente était plongée dans une méditation bien plus profonde que la simple formulation d'un souhait. Et mon cœur a tressailli de joie quand j'ai pris conscience de la largesse avec laquelle — à cet instant précis — le Seigneur des cieux et de la terre répandait les merveilles de Son amour sur l'existence de cette femme agenouillée dans une dévotion intense.
