Faire la distinction entre ce qui est réel et ce qui ne l'est pas, entre ce qui paraît certain aux sens physiques et ce qui est divinement vrai est essentiel dans la pratique et la démonstration de la Christian Science.
Ce qu'elle enseigne montre que l'homme, qui est le reflet de Dieu, n'est jamais séparé de l'intelligence spirituelle, ou Entendement, Dieu. Comprendre cela développe notre faculté de distinguer le mortel du divin, le temporel de l'immortel, le faux de l'authentique. Ces opposés ne peuvent s'unir. Ils sont séparés les uns des autres, et doivent le demeurer.
Mary Baker Eddy fit une importante distinction en parlant d'ellemême. L'une de ses élèves se souvient l'avoir entendu dire: « En tant que Mary Baker Eddy, je suis la plus faible des mortelles, mais en tant que Découvreuse et Fondatrice de la Christian Science, je suis la moelle épinière et le nerf du monde. » Robert Peel, Mary Baker Eddy: The Years of Authority (Boston: The Christian Science Publishing Society, publié à l'origine par Holt, Rinehart et Winston, 1977), p. 326.
Il est fondamental pour les progrès et la guérison spirituels de classer les choses dans les catégories qui leur conviennent sans les laisser en sortir. Quand nous démontrons la Science divine, nous ne voyons pas un immortel dans un mortel. Il y a une différence gigantesque entre les deux. En cultivant notre sens spirituel – une faculté qui nous vient de Dieu et qui est naturelle à chacun de nous – nous apprenons à voir l'immortel là où les cinq sens semblent voir un mortel.
Quand nous aidons quelqu'un qui est malade au moyen de la Science divine, nous faisons une distinction qui guérit. Nous ne cherchons pas à transformer un mortel invalide en un homme spirituel bien portant. Nous distinguons la personne souffrante de l'homme créé par Dieu, l'homme qui est immuablement parfait. Dans nos prières, nous reconnaissons que l'homme idéal se trouve à l'endroit exact où paraît être le malade. Grâce au sens spirituel, nous prenons conscience de la réalité, c'est-à-dire de l'homme véritable, là où, apparemment, on voit une personne qui souffre.
Il est essentiel de faire une distinction très nette entre le réel et l'irréel. En comprenant mieux la réalité, nous voyons à travers l'irréalité. Nous discernons l'homme véritable et parfait. C'est alors que se produisent les améliorations et la guérison.
Au lieu de nous contenter d'observer un monde laid, nous avons la possibilité de voir la beauté et l'ordre de l'univers divin
Les gens se sentent parfois désemparés devant les terribles tragédies survenant dans le monde: les crimes sinistres, les événements horribles au niveau des relations internationales, les guerres, les camps de réfugiés s'étendant sur des kilomètres, la violence lors de manifestations sportives, les images très crues de maladies. En quoi un individu peut-il apporter son aide ? En faisant plusieurs distinctions. En effet, nous pouvons mentalement séparer ce qui n'est pas de ce qui est. Au lieu de nous contenter d'observer un monde laid, nous avons la possibilité de voir – grâce au sens spirituel – la beauté et l'ordre de l'univers divin, là même où nous semblons voir une scène horrible. Nous sommes capables de substituer ce que disent les sens spirituels à ce que présentent les sens matériels.
Et alors, il se passe quelque chose. Il se fait une sorte d'ajustement mental, un changement de priorité dans notre pensée; nous cessons de croire à ce qui semble exister pour acquérir la conviction que la réalité spirituelle caractérise l'être. Dans la Science, tout est considéré subordonné à la pensée – c'est-à-dire à la conscience. Ce qui se déroule dans la conscience détermine ce que nous voyons. Autrement dit, nous sommes susceptibles de voir s'extérioriser ce que nous pensons. Si notre pensée a une base spirituelle, nous discernons davantage l'harmonie, caractéristique de la création de l'Esprit. Nous percevons un monde meilleur. Et ce point de vue pur, inspiré par Dieu, a une influence transformatrice sur la pensée humaine. Il permet au genre humain de progresser.
Quand nous raisonnons spirituellement, nous ne mélangeons pas un être humain se conduisant mal avec l'image spirituelle de Dieu. Nous les discriminons l'un de l'autre.
Nous pourrions tirer de la parabole de l'ivraie et du froment racontée par Jésus une leçon à cet égard. Les serviteurs du maître de la maison lui demandent s'ils ne devraient pas arracher l'ivraie qui pousse au milieu du blé. Voici ce qu'il leur répond: « Laissez croître ensemble l'un et l'autre jusqu'à la moisson, et, à l'époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs: Arrachez d'abord l'ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon grenier. » Matth. 13:30. Ne confondez pas l'ivraie avec le blé, mais distinguez l'une de l'autre puis séparez-les.
Comment séparer le mal du bien dans la vie quotidienne ? Supposons que nous soyons obligés de côtoyer quelqu'un à la moralité douteuse, peut-être devons-nous traiter une affaire avec cette personne. Nous ne nous laissons pas aller à des contorsions mentales en prétendant qu'une personne malhonnête est le reflet de Dieu. Ce serait rabaisser Dieu ! Et nous ne nous empêtrons pas dans une situation où nous tentons vaguement d'aimer un mortel hypocrite. Ce serait trompeur et décevant. Ce qui apporte la guérison, c'est de faire la distinction entre le concept mortel et l'idée immortelle, puis de les séparer dans la vision que nous avons de la personne concernée. Nous aimons l'idée spirituelle qui est à l'endroit même où nous croyons, à tort, que se trouve un homme ou une femme à la conduite répréhensible.
Ce n'est pas faire semblant. Et voir correctement n'est pas une sorte d'abstraction. Lorsque nous comprenons que le bien est là où semble se trouver le mal, nous manifesterons cette vision correcte d'une façon qui sera ressentie sur le plan humain. Nous y parviendrons, en exprimant le plus possible la patience, l'affection, la tolérance, la confiance, la gentillesse, l'intégrité et ainsi de suite dans nos relations avec ce qui semble être une personne peu recommandable. C'est agir en chrétien, c'est agir avec compassion, et c'est aussi un acte qui guérit. Une telle spiritualisation de la pensée est une activité du Christ, l'idée rédemptrice et purificatrice de Dieu. Et le Christ apporte la guérison en révélant que l'homme est le reflet de Dieu.
Dans le passage suivant, Science et Santé indique, de façon très claire, la manière dont le Maître travaillait et guérissait en s'appuyant sur l'Esprit: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » Science et Santé, p. 476. Quelle distinction puissante et concrète faite entre l'apparence et le réel !
L'image divine est là même où apparaît l'illusion d'une personne mortelle. De par notre nature divine, nous ne sommes absolument pas des mortels nous efforçant de spiritualiser notre pensée. Nous ne sommes pas des rêveurs nous débattant dans la matière pour être finalement engloutis. De par notre nature véritable, nous ne sommes pas des mortels du tout, qui nous trompons dans nos jugements et qui acceptons des concepts erronés. Au contraire, nous sommes la manifestation permanente de Dieu, dont Il prend toujours soin, Sa ressemblance parfaite. Faire cette distinction régénère, élève, encourage, spiritualise et guérit.
