Nous visitions l’Acropole, à Athènes, avec une jeune parente. Juste avant d’entreprendre la dernière montée menant au fameux Parthénon, nous nous sommes arrêtés pour nous rafraîchir...
... et la petite, âgée de onze ans, était assise sur une pierre, les yeux fixés sur le sol, une expression de tristesse sur le visage. Nous étions très étonnés, car elle sautait de joie depuis des semaines à l’idée de faire ce voyage. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas, et, le cœur lourd, elle a soupiré en disant: « Je ne sais pas pourquoi les gens viennent de si loin pour voir le Parthénon et puis jettent des ordures partout ! »
Son regard était en effet fixé sur le sol jonché de détritus. Elle attendait ce moment depuis si longtemps ! Elle avait lu et essayé de retenir tout ce qu’elle pouvait sur la Grèce, son histoire, ses mythes, ses légendes, mais son imagination n’avait accordé aucune place aux boîtes de sodas et aux papiers gras ! Je lui ai alors demandé de lever les yeux et de me dire ce qu’elle allait voir quand elle serait parvenue au sommet de la colline. « Le Parthénon ! » m’a-t-elle répondu, joyeuse. « Toi aussi, tu viens de loin, et tu as un choix à faire: Qu’es-tu venue voir, les détritus ou le Parthénon ? » Il ne lui en a pas fallu davantage ! Elle était en route, et nous avons eu du mal à ne pas perdre des yeux son T-shrit rose, alors qu’elle sautillait, loin devant nous, en se réjouissant de ces moments de découverte.
Il est vrai que notre champ de vision détermine ce que nous vivons. D’ailleurs, il arrive que deux personnes dans la même situation la vivent de façon totalement différente, ainsi que le font ressortir les deux vers suivants:
Deux hommes regardaient derrière
des barreaux de prison ;
L’un vit de la boue, l’autre des étoiles
à l’horizon.
Cette étincelle intérieure que rien ne peut éteindre, c’est l’étincelle divine. C’est notre spiritualité qui répond à notre Créateur en disant « Oui ! » à la Vie.
Pourtant, se faire gentiment rappeler à l’ordre pour que nous levions les yeux ne suffit pas toujours. Les problèmes mondiaux semblent parfois si insurmontables qu’ils nous pèsent comme un fardeau insupportable dont nous ne pouvons nous débarrasser. C’est alors que le sentiment d’impuissance s’insinue, en suggérant que l’autodestruction est le seul moyen d’en sortir. Et dans son boniment, il nous ressasse le même thème avec des variantes: « Personne ne m’aime ! » « Pourquoi voudrait-on m’aimer ? » « C’est dengereux d’aimer – les gens finissent par vous laisser tomber. » « Je ne sais même pas comment aimer. » Ces pensées vont parfois jusqu’à nous entraîner dans un tourbillon qui nous pousse à nous haïr nousmêmes.
L’existence paraît sombre, sans une lueur d’espoir, aux yeux de ceux qui errent dans la tourmente de telles pensées. Sans amour, la lumière semble s’être éteinte et la vie ne semble plus valoir la peine d’être vécue. Or, que nous en soyons conscients ou pas, chacun de nous possède quelque chose qui ne pourra jamais s’éteindre – un peu comme ces bougies qui se rallument chaque fois que vous soufflez dessus. Cette étincelle intérieure que rien ne peut éteindre, c’est l’étincelle divine. C’est notre spiritualité qui répond à notre Créateur en disant « Oui ! » à la Vie. Nous n’avons peut-être pas encore appris à la discerner, mais elle est là pour attester le fait que nous sommes maintenus en vie par Dieu, qui est la Vie, même lorsque la nuit sans étoiles du doute prétend que nous n’avons aucune raison de vivre, que tout ce que nous voyons, c’est un tas de détritus.
La lumière, c’est réellement quelque chose de merveilleux ! Il est impossible de la détruire, de l’emprisonner, de la séparer de sa source, d’y faire entrer de l’obscurité ou de l’éteindre définitivement. C’est l’un des meilleurs symboles nous permettant d’explorer ce qui, sans cela, demeurerait un mystère: la nature de l’Amour. Dans ce cas, le terme « Amour » ne signifie pas l’amour sensuel ni même l’affection qu’une personne éprouve pour une autre; c’est bien plus que cela. C’est l’Amour divin, l’amour de Dieu Luimême, qui est l’Amour. Et l’Amour divin est réellement quelque chose de merveilleux ! Il est impossible de le détruire, de l’emprisonner, de l’empêcher de s’exprimer; il ne connaît pas les ténèbres mentales ni le manque d’amour, et il ne peut s’éteindre.
Même pour ceux qui pensent ne pas connaître Dieu ou ne pas savoir comment L’aimer, il n’en reste pas moins que Dieu, l’Amour divin, les connaît. Pas sous la forme d’êtres matériels cependant. Au contraire, Dieu nous connaît parce que nous sommes Son expression. L’Amour divin est la Vie, sans commencement et sans fin. Et ce fait remarquable est un concept vivant, actif dans la conscience humaine, même quand le désespoir prétend qu’il n’existe aucune raison de vivre. Le désespoir n’a rien de vivre. Mais la vérité concernant chacun de nous – le fait que nous sommes les enfants bienaimés de Dieu – est bien vivante, à cet instant précis.
Maintenant même, la douce voix de votre nature divine vous dit: « Lève les yeux ! Choisis la lumière ! » La moindre marque d’affection est comparable à une allumette éclairant l’obscurité. Vous voyez alors suffisamment pour allumer une bougie, et à mesure que vous avancez, vous constatez que vous vous tenez toujours au centre d’un cercle de lumière. Avec une bougie, vous pouvez allumer une torche, et cette torche continuera de briller jusqu’à ce que vous soyez ébloui par la lumière du soleil. Néanmoins, dans cette petite parabole, ce qui compte le plus, c’est le premier acte consistant à gratter une allumette.
Il y a de nombreuses années, une amie se retrouva un jour allongée sur son lit, incapable de bouger. Elle était isolée et loin de chez elle. Elle me confia plus tard qu’elle se sentait complètement séparée de Dieu et privée de toute affection. Chaque mouvement provoquait une vive douleur, et son désir de vivre semblait avoir été englouti par les ténèbres mentales. Le désordre régnait dans ses pensées, dans sa chambre et dans toute la maison. Or, au milieu de ce désespoir paralysant, une idée ne cessait de lui venir à l’esprit: « Lève-toi et fais ton lit aussi bien que possible, à la gloire de Dieu ! »
Tout d’abord, cela lui sembla totalement impossible et elle n’y prêta pas attention, mais elle ne pouvait s’empêcher d’entendre cette petite voix. Elle finit par l’écouter et comprit que c’était l’amour de Dieu vivant dans sa conscience qui exigeait qu’elle exprime Dieu. Elle fut de plus en plus déterminée à se lever. Finalement, elle parvint à surmonter l’inertie qui l’avait envahie et à sortir du lit au prix de grands efforts. Et malgré la douleur, elle se mit à ramper lentement autour du lit afin de remettre en ordre les draps et les couvertures. Cela lui prit deux heures et demie ! Elle persévéra jusqu’à ce qu’il n’y ait plus un seul faux pli !
Maintenant même, la douce voix de votre nature divine vous dit: « Lève les yeux ! choisis la lumière ! »
Pendant ce temps, ses pensées s’orientaient vers la beauté et l’ordre – attributs de l’Amour divin – qu’elle exprimait. Et quand elle eut fini, la douleur avait considérablement diminué. Elle décida alors de continuer ce travail en rangeant toute la chambre. A mesure qu’elle ressentait la joie d’avoir accompli quelque chose, son corps se mouvait de plus en plus librement. Elle fut capable de remettre de l’ordre dans toute la maison, fut complètement guérie et ne se sentait plus seule. Elle savait à présent que l’Amour divin était partout, à chaque instant, et qu’il était impossible qu’elle cesse d’aimer la vie, puisque Dieu est la Vie. Elle vécut une existence qui fut l’expression de l’amour et qu’elle mit au service d’autrui. On pourrait dire qu’elle découvrit la vérité que renferment les vers d’un poème de Mary Baker Eddy: « Nourrisnous de ton pain vivant / Car la Vie est Amour. »Écrits divers, p. 388
Le Christ, la voix de la Vérité et de l’Amour, qui sortit mon amie de désespoir parle à chacun de nous, aujourd’hui même, éclaire les endroits sombres grâce à la flamme de l’Amour divin, nous montre notre nature spirituelle d’enfant de Dieu, et nous redonne la dignité et la valeur qui nous appartiennent.
Ce renouveau s’accompagne de la faculté de se sentir digne d’être aimé et aimant. Il n’y a plus de choix à faire, il reste seulement la certitude joyeuse qu’on retrouve dans les paroles de la Bible: « Je ne mourrai pas, je vivrai, et je raconterai les œuvres de l’Éternel. » ps. 118:17.
