Extrait du New York Times du 20 mars 1987
« Un certain matin, récemment, comme l’autobus de la Huitième avenue gagnait cahin-caha le centre ville, la scène offerte à l’intérieur n’était guère différente des autres jours. Les passagers, emmitouflés dans des manteaux et des écharpes, regardaient fixement à travers la vitre d’un air morose, lisaient le journal ou contemplaient leurs ongles.
« A l’extérieur, le paysage était lugubre, comme la plupart du temps, jusqu’au moment où six policiers à cheval vinrent se ranger le long de l’autobus. Comme ce dernier, ils attendaient que le feu passe au vert. Les cavaliers avaient de l’allure, mais c’étaient leurs montures qui faisaient honte aux passagers.
« Pour elles, en effet, point de regard trouble ni de robe qui n’a pas vu l’étrille depuis des semaines. Lustrés, superbes même, imperturbables malgré la circulation, le froid et les détritus qui jonchaient le sol, les six chevaux attendaient, la tête haute et les oreilles dressées, le moment de repartir. Ils remontèrent alors à vive allure la Huitième avenue, avec le panache des vainqueurs du Derby.
« En les voyant s’éloigner, la plupart des passagers souriaient, probablement pour la première fois de la journée. Et quelques-uns, sans doute impressionnés par ce style et cette énergie, avaient plus de panache en descendant du bus. »
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Note de la rédaction: Rien de bien extraordinaire ! Mais ce sont souvent les petites choses de la vie — un enfant qui tend les bras avec confiance, un athlète qui garde sa quiétude, et même sa dignité, face à la défaite, ou bien ces chevaux gracieux et intrépides — qui nous réveillent de notre torpeur. Ils ravivent en nous une profondeur de sentiment que nous avions peut-être oubliée.
Ce n’est pas que nous soyons vraiment jamais coupés de l’enthousiasme qui jaillit en nous dans ces moments-là. Cet enthousiasme et ce sens du beau et du bon viennent directement et sans arrêt de l’Esprit, Dieu, quelles que soient les circonstances. Mais nous sommes parfois trompés par un brouillard mental qui voile, pour ainsi dire, le paysage.
Dans une lettre adressée aux chrétiens de Rome, Paul écrit (traduction du texte anglais de J. B. Phillips, Romains 8:19): « Toute la création se dresse sur la pointe des pieds pour contempler le spectacle merveilleux des fils de Dieu revêtant leur identité réelle. » Il est vrai que, lorsque nous prenons tant soit peu conscience des merveilles et des qualités de l’Esprit tout autour de nous, il nous est plus naturel de nous mettre sur la pointe des pieds que de rester à plat ! Si nous acceptons de maintenir en nous cet esprit d’expectative, même lorsque nous semblons durement lutter pour nous débarrasser du poids de la mortalité, nous pouvons en venir à découvrir que, nous aussi, nous faisons partie du spectacle merveilleux: nous sommes « les fils de Dieu revêtant leur identité réelle ».
J’estime que les souffrances du temps présent
ne sauraient être comparées à la gloire à venir
qui sera révélée pour nous.
Aussi la création attend-elle avec un ardent désir
la révélation des fils de Dieu.
Romains 8:18, 19