Il y a plusieurs années, j'enseignais dans une École du Dimanche de la Science Chrétienne lorsqu'un étudiant de physique nucléaire est venu nous y rendre visite. Il n'était pas Scientiste Chrétien, mais les enseignements de cette religion l'intéressaient, en particulier « l'exposé scientifique de l'être » Voir Science et Santé, p. 468.. Il semblait penser qu'il existait des parallèles remarquables entre ce que dit la Science Chrétienne sur la matière et ce que découvrait la physique nucléaire sur la nature de la « réalité ».
Étant donné que les physiciens reconnaissent de plus en plus le rôle que joue l'entendement humain dans la définition et même dans la création de cette « réalité », il était parfaitement compréhensible que ce jeune homme soit intrigué par la déclaration de Mary Baker Eddy qui désigne l'Entendement divin, et non l'entendement humain, comme la cause de tout ce qui est vraiment réel et substantiel. Mary Baker Eddy, penseur spirituel très en avance sur son époque, donne cette analyse de ce qui constitue la véritable réalité, un exposé qui ébranle à la base tous les systèmes fondés sur la matière. Elle écrit dans Science et Santé: « Il n'y a ni vie, ni vérité, ni intelligence, ni substance dans la matière. Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, car Dieu est Tout-en-tout. L'Esprit est la Vérité immortelle; la matière est l'erreur mortelle. L'Esprit est le réel et l'éternel; la matière est l'irréel et le temporel. L'Esprit est Dieu, et l'homme est Son image et Sa ressemblance. Donc, l'homme n'est pas matériel; il est spirituel. » Ibid.
Cet exposé, qui rejette si totalement l'idée que la réalité ait une base matérielle, pourrait paraître à première vue abstrait et théorique. Mais, en fait, comprises spirituellement, les vérités qu'il communique sont hautement pratiques. S'il fallait des preuves pour nous en convaincre, il nous suffirait de considérer l'exemple de Christ Jésus pour être inspirés. Le Maître, en effet, prouva la totalité absolue de Dieu, l'Entendement, et la nature infinie de la réalité spirituelle. Il le fit en guérissant les malades, en calmant les tempêtes et en ramenant les morts à la vie. Si l'on veut essayer d'en faire autant, il semblerait sage de se livrer à une étude sérieuse de ce que savait Jésus et de la façon dont il accomplissait son travail de guérison.
Ce que Jésus affirmait du lien qui l'unissait à Dieu révèle sa compréhension précise de l'unité de l'homme avec son Créateur Voir Jean 5:30; 10:30.. Empreint de compassion, il voyait en chacun la perfection de l'homme, l'image et la ressemblance de Dieu. Il accordait la première place aux choses spirituelles comme le prouve cette déclaration: « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. » Matth. 6:33. Il est évident que Jésus donnait la première place dans sa pensée à la compréhension spirituelle et à la nature infinie de Dieu et de l'homme. Son travail de guérison prouvait en fait « l'exposé scientifique de l'être ». Totalement conscient de la perfection du Divin, il appliquait cette compréhension à toute situation et à tout mal qu'il rencontrait sur son chemin. La guérison en résultait, tandis que l'état mental, manifesté sous forme de matière, laissait la place à la conscience spirituelle du fait que « tout est Entendement infini et sa manifestation infinie ». Pour expliquer cela, permettez-moi de vous donner un exemple personnel.
Lorsque j'étais enfant, j'avais souffert d'une infection purulente qui m'avait laissé une vilaine cicatrice sur la main. Depuis plus de vingt-cinq ans, la cicatrice me rappelait cette maladie d'enfance. J'ai alors décidé de prier à ce sujet, en m'appuyant sur « l'exposé scientifique de l'être ». J'ai décidé de me voir dans l'esprit du Christ. Il me faut préciser que je n'ai pas essayé d'améliorer la matière, car, selon « l'exposé scientifique de l'être », la matière n'est pas réelle et on ne peut par conséquent ni l'améliorer ni la « spiritualiser ». Pour la même raison, je n'ai pas travaillé en me plaçant du point de vue d'un mortel qui tenterait de s'élever pour sortir de la matière. Si « tout est Entendement infini et sa manifestation infinie », je n'avais jamais été dans la matière, un point c'est tout ! J'allais partir de la base spirituelle que l'homme est déjà parfait puisqu'il est l'image et la ressemblance de Dieu.
J'ai décidé de voir toutes choses en me plaçant du point de vue du sens spirituel dont parle Science et Santé: « Le sens spirituel est le discernement du bien spirituel. » Science et Santé, p. 505. De là, j'en ai conclu qu'il me fallait remplacer toute inharmonie qui se présentait à mes yeux par ce que je savais être la vérité absolue de l'univers spirituel. Je devais reconnaître sans hésiter que tout élément d'harmonie indiquait la présence de Dieu. Cette vigilance de la pensée, entretenue par la prière, devint si naturelle qu'il m'était impossible de regarder ma main sans reconnaître la vérité spirituelle concernant la situation. Spirituellement, et, à la fin, au sens propre, je ne voyais plus du tout la cicatrice. Je ne me souviens pas du moment où cette vilaine marque a disparu, mais aujourd'hui, il n'en reste plus rien. La compréhension, à un certain degré, de la totalité de « l'Entendement infini et sa manifestation infinie » l'a chassée de mon existence, et même le mauvais souvenir de l'incident qui était à son origine a commencé à se fondre dans l'oubli.
La prière, telle que la comprend la Science Chrétienne, consiste à reconnaître l'être parfait de Dieu et l'identité de l'homme à Son image. Elle exclut le témoignage du sens matériel. Si nous reflétons activement les attributs spirituels, comme l'amour, la pureté et la bonté, et si nous le faisons d'une manière consciente et continuelle, nous commençons à voir s'exprimer dans notre vie la perfection de « l'Entendement infini et sa manifestation infinie ». Lorsque nous prions pour retirer au mal tout crédit possible dans l'univers harmonieux de Dieu, il disparaît progressivement de notre existence. Toute croyance fondée sur l'évidence irréelle et supposée de la matière doit s'évanouir dans l'oubli. Elle tombe devant la logique et la démonstration de « l'exposé scientifique de l'être ».
