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De l'utilité des études

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de novembre 1988


Quand j'étais petite, mon passage préféré de l'histoire de Noël était l'arrivée des trois rois mages; c'est toujours vrai d'ailleurs. L'idée de ce voyage effectué à partir d'un pays éloigné et mystérieux pour apporter des présents à l'enfant Jésus me fascinait à l'époque. Maintenant, je suis professeur à l'université et j'aime l'exemple de ces érudits de jadis qui furent témoins de la venue du Christ ! S'agenouiller devant la crèche leur demanda une grande humilité. Il leur fallut accepter de se défaire de leurs préjugés et de l'orgueil du savoir, pour venir adorer à genoux ce modeste enfant. Cependant, par cet acte, ils prouvèrent qu'ils n'étaient pas seulement des érudits, mais de véritables sages.

Au début de mes études universitaires, je me demandais quelle en était l'utilité, spécialement pour une étudiante de la Science Chrétienne. En fait, de temps à autre, des amis de l'église me mettaient en garde contre « l'intellectualisme ». Ils semblaient considérer que le fait de me plonger dans la philosophie, la littérature, les sciences naturelles et l'histoire pourrait détruire ma foi. Leur inquiétude méritait d'être prise au sérieux et je priai sincèrement à ce sujet. Mais le message qui me parvint m'intima l'ordre d'aller de l'avant et je m'exécutai. Or, dans mon cas, les prédictions ne se sont pas vérifiées. Je pense que s'il en a été ainsi, c'est surtout parce que, dès le début, je me suis appliquée à ne pas perdre de vue ce qui avait réellement de l'importance pour moi. J'ai constaté que l'activité intellectuelle n'était pas du tout l'ennemi de la croissance spirituelle. Mais la croissance spirituelle a la priorité. C'est le fait de chercher premièrement le royaume de Dieu Voir Matth. 6:33. qui met toutes choses, y compris les études, à la place qui leur convient.

Je suivais des stratégies bien déterminées afin de vivre conformément à ces priorités. Je m’assurais que Dieu et mon étude de la Science Chrétienne avaient la première place dans mon cœur et dans mon emploi du temps quotidien. Je commençais chaque journée par une période consacrée à la prière, à l’écoute silencieuse et à l’étude de la Leçon biblique donnée dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne. J’avais beau me sentir bousculée et surchargée, je protégeais toujours ce moment de communion avec Dieu. Ce n’était pas un rite; c’était une nécessité. Cela pansait mes blessures, apaisait mes craintes, dénonçait l’égoïsme et me donnait courage et force, lorsque j'avais le sentiment d’être à bout de résistance. Je me plongeais dans cette Leçon-Sermon avec la même vigueur et la même application que j’apportais à mes études, et c’est en priant que j’abordais tant ces cours universitaires que mon étude de la Science Chrétienne.

A chaque étape de mes travaux, je recherchais les directives divines, j’étais attentive au flot nouveau d’inspiration et aux idées créatrices qui pouvaient me parvenir. Il me fut possible de prouver, en cours de français comme dans le laboratoire de géologie, l’exactitude de ces paroles du livre des Proverbes: « L’Éternel donne la sagesse; de sa bouche sortent la connaissance et l’intelligence. » Prov. 2:6. L’étude de la Science Chrétienne m’avait appris que l’homme est l’expression et le reflet spirituels de Dieu et non une petite entité physique autonome pourvue d’un entendement à elle. Donc, plutôt que d’avoir recours à un cerveau humain limité, je me tournais vers Dieu, l’Entendement infini, source de mon intelligence. C’est ainsi que j’en vins à estimer que les devoirs et les examens dont j’étais submergée étaient des occasions de travailler à mon salut, de revendiquer mon identité spirituelle et de la prouver progressivement, là où je me trouvais.

Je n’ai jamais considéré que mes études académiques fussent complètement séparées de ma croissance spirituelle. Je n’aurais jamais pu vivre avec ce genre de dichotomie. Je m’étais dit que si l’Entendement, Dieu, est Un, toutes les activités par lesquelles j’exprimais l’Entendement devaient être intimement liées. J’ai donc envisagé mes études comme un champ d’activité qui permettait une croissance spirituelle. Il m’est bien arrivé de devoir travailler avec des concepts qui allaient à l'encontre de mes croyances de Scientiste Chrétienne. Mais cela ne m’obligeait pas à les accepter. Je pouvais les examiner soigneusement, les analyser et comprendre pourquoi je pensais différemment. Ce faisant, je parvenais à manifester des qualités comme la patience, la créativité, le discernement, la persistance et surtout l’honnêteté.

Des situations de ce genre m’amenaient à examiner le contenu de ma foi, à approfondir ce que j’avais accepté sans trop y réfléchir et à me pénétrer des vérités de la Science Chrétienne, non pas parce que je ne connaissais rien d’autre, mais parce qu’elles me semblaient vraiment logiques. Mes prières m’aidaient à demeurer vigilante afin de ne pas me laisser naïvement entraîner vers des perspectives intellectuelles suscitées par la sensualité et le matérialisme, vers une sorte d’égotisme ou la négation du pouvoir absolu de l’Esprit. Dans tout ce que je faisais, je m’efforçais de toujours penser que mon but était de servir et de glorifier Dieu, l’Esprit, et je constatai que, dans la mesure où ma compréhension de Dieu s’affermissait et s’élargissait, je maîtrisais mieux le sujet de mes études.

Nulle part, dans la Bible ou dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé de Mary Baker Eddy, je n’ai trouvé qu’un état d’ignorance fût présenté comme désirable. On y rencontre bien des mises en garde contre les raisonnements fallacieux du monde et des louanges à la simplicité enfantine Voir, par exemple, Jér. 8:9; I Cor. 1:18 à 2:16; Marc 10:15; et Science et Santé 62:18; 323:35 à 324:2., mais il ne s'y lit pas un seul mot en faveur de l’obscurantisme. On trouve au contraire ces phrases vibrantes dans le livre d’étude de la Science Chrétienne: « L’heure des penseurs a sonné. La Vérité, indépendante des doctrines et des systèmes consacrés par le temps, frappe à la porte de l’humanité. La satisfaction dans le passé et le froid formalisme du matérialisme sont en train de disparaître. L’ignorance concernant Dieu n’est plus le marchepied de la foi. La seule garantie d’obéissance est de bien comprendre Celui dont la connaissance exacte est la Vie éternelle. Bien que les empires tombent, “l’Éternel règne éternellement”. » Science et Santé, p. vii.

Évaluant l’utilité des études dans la recherche spirituelle fondamentale à laquelle se consacre la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy déclare ceci: « Tout ce qui présente l’apparence d’une idée gouvernée par son Principe donne matière à réflexion. Par l’astronomie, l’histoire naturelle, la chimie, la musique, les mathématiques, la pensée remonte naturellement de l’effet à la cause.

« Les études de la bonne espèce sont nécessaires. L’observation, l’invention, l’étude et la pensée originale élargissent les idées et devraient favoriser le progrès de l’entendement mortel, afin qu’il sorte de lui-même, de tout ce qui est mortel. » Cependant, elle établit une distinction entre ces études et un intellectualisme rigide et arrogant: « Ce sont les barbarismes enchevêtrés du savoir que nous déplorons — le simple dogme, la théorie spéculative, la fiction écœurante. » Ibid., p. 195.

J’aime à penser que les offrandes des rois mages représentent les fruits des « études de la bonne espèce ». Personne ne sait ce qu’il advint des parfums et de l’or apportés par les rois mages, mais rien dans ce récit de la Bible ne permet de croire qu’ils furent refusés sous prétexte qu’ils étaient indignes de Jésus ou déplacés. L’Évangile de Luc rapporte la visite des humbles bergers et l’Évangile de Matthieu celle des rois mages avec leurs présents splendides. Ces deux visites étaient empreintes de sincérité et d’humilité. De même aujourd’hui, les personnes instruites ont des services à rendre, tout autant que celles dont les centres d’intérêt sont différents.

Je me demande parfois si ce périple entrepris pour rendre hommage à Jésus n’a pas profondément transformé les rois mages. Je sais combien les heures passées en prière, seule avec Dieu, ont été déterminantes pour mes études et m’ont donn une vision — une simple lueur pour l’instant — de ce qui apporte la guérison et la rédemption sur le plan individuel comme à l’échelle du monde. L’amour et l’intuition spirituelle dont Christ Jésus a fait preuve sont indispensables dans ce travail. En ce domaine, Jésus est, incontestablement, le modèle magistral et, lorsqu’une difficulté se présente, je me tourne fréquemment vers les Évangiles pour y trouver un indice de la réponse qu’il y aurait apportée.

Je suis persuadée que l’étude de la Bible et du livre d’étude de la Science Chrétienne, sous la direction ininterrompue de l’esprit-Christ, m’a ouvert de nouveaux horizons dans ma branche de recherche. Pour les décrire d’une certaine façon, on peut dire qu’ils sont liés à la compréhension du fait que l’Entendement est Dieu et aux efforts entrepris pour exprimer des qualités comme la pureté, la compréhension spirituelle, l’amour, la sainteté. Pareille activité révèle des possibilités de connaissance et de compréhension qui sont illimitées parce qu’elles expriment Dieu Lui-même. Et les résultats en sont toujours excellents. Le mal se trouvant dans la conscience humaine n’est ni dissimulé ni passé sous silence; il est découvert au contraire et détruit par la vérité fondamentale de la totalité de Dieu, le bien.

Il y a plusieurs années, à l’époque de Noël, j’ai été éclairée sur un aspect du rapport existant entre le savoir et la spiritualité. Dans la ville où j’habite, il est traditionnel, pendant les fêtes de fin d’année, de se réunir un dimanche après-midi, pour chanter des noëls. On commence dans une église, puis on se rend dans une autre église en traversant la grande place. Le lendemain du jour où je participais à l’un de ces chœurs, je devais me rendre à une conférence universitaire dans laquelle j’allais présider la réunion de ma section. Par le passé, ce genre de réunion avait été marqué par beaucoup d’affectation et de critiques. Il semblait souvent que les participants se préoccupaient bien davantage de faire impression que de travailler ensemble pour apprendre quelque chose de neuf et d’utile. Ils étaient enclins à poursuivre ce qui était « acceptable », plutôt que de se lancer à la recherche de ce qui était peut-être impopulaire mais allait dans le sens de la vérité.

J’avais l’esprit bourdonnant d’appréhension à la pensée de toutes ces activités à venir et je ne m’intéressais pas vraiment aux chants de Noël, jusqu’au moment où l’on entonna « O Bethléhem ». Soudain, je vis le soleil illuminer les jolis vitraux, et la petite église sembla inondée d’une cordialité multicolore qui me toucha profondément. A cet instant précis, nous chantions ces paroles familières:

En silence, en silence,
Vient le don merveilleux
Qui répand les bienfaits des cieux
Sur les enfants de Dieu ;
De sa douce présence,
L’impur est ignorant,
Mais au cœur humble qui l’attend
Paraît le Christ vivant.Hymnaire de la Science Chrétienne, nº 222.

Voilà, me suis-je dit, ce qui est arrivé aux trois rois mages agenouillés humblement devant l’enfant Jésus. Il m’apparut que leur démarche n’était pas fondée sur une confiance en soi pleine d’arrogance, mais partait d’une quête sincère, infatigable de la vérité. C’est pourquoi « le Christ vivant » avait sans doute pénétré leur cœur et leur existence, et ils ne furent sûrement plus jamais les mêmes ! C’est exactement ce qui se passait pour moi à ce moment-là. Tout le bourdonnement de l’appréhension cessa. Il fit place à une paix et à une joie ineffables. Je n’avais plus peur. Je savais, je sentais, que l’amour de Dieu entourait chacun de ces universitaires: ils étaient tous enfants du Père-Mère. Et je ne doutais pas que Dieu nous montrerait comment découvrir les vérités qui non seulement informeraient la conscience, mais aussi la régénéreraient et l’élèveraient.

Tandis que je me rendais à la réunion, une ardeur, une tendresse, un respect pour le Christ, illuminèrent le travail qui m’attendait. Cette année-là, la session allait m’apporter de grandes joies. Il s'y manifesta une attitude d’encouragement, des sentiments d’appréciation et d’amitié. Les communications qui furent lues étaient innovatrices, courageuses, perspicaces; et les commentaires qui suivirent furent émis avec honnêteté et dans un esprit constructif. D’autres membres de la section convinrent que cela s’était fort bien passé. Les années suivantes, le même sentiment d’unité — cet esprit du Christ vivant — a continué de se manifester dans nos activités. Tout dernièrement, nous avons achevé une série de communications innovatrices dans notre discipline, qui ont requis la collaboration de dizaines de personnes des deux côtés de l’Atlantique. Mes collègues dans cette section sont de divers horizons religieux, mais notre association professionnelle a fait de nous des penseurs plus solides.

Les Scientistes Chrétiens ont beaucoup à offrir à la communauté universitaire. D’ailleurs, le Statut prévu par Mary Baker Eddy pour la création d’organisations de la Science Chrétienne dans les grandes écoles et les universités du monde entier Voir Manuel de L’Église Mère, Art. XXIII, Sect. 8. en témoigne avec éloquence. La communauté savante a besoin des qualités que la Science Chrétienne fait épanouir: intégrité, ouverture et engagement envers la spiritualité. D’autre part, les Scientistes Chrétiens peuvent tirer un énorme avantage de l’esprit de discipline, de la créativité, de la curiosité et de l’objectivité que sont à même de faire développer les études.

Toutefois, ce qui est absolument essentiel, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’université, ce n’est pas la lettre du savoir. Ainsi que le déclare Mary Baker Eddy, « l’Esprit confère des dons spirituels, la présence et la providence de Dieu » Écrits divers, p. 344.. Seule l’action de Dieu, l’Esprit, peut dépasser les limites de l’intellect humain, pour l’élever et le racheter. Seul l’Esprit peut satisfaire le désir ardent et persistant de connaître ce qui est vrai, car l’Esprit est la Vérité, la source de tout ce qui est vrai, et l’Esprit est l’Entendement. La Science Chrétienne révèle qu’il est impossible de comprendre la Vérité lorsque l’effort pour comprendre part d’une croyance à de nombreux entendements.

Parlant de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy écrit: « Accordez-lui dans nos écoles la place qu’occupent la théologie scolastique et la physiologie, et elle extirpera la maladie et le péché en moins de temps que les anciens systèmes, inventés pour subjuguer ces maux, n’en ont mis pour s’établir et se propager. » Science et Santé, p. 141. La Science Chrétienne ennoblira l’humanité grâce à la vie courageuse de chaque Scientiste Chrétien, vie transformée par le pouvoir de l’Amour; il est évident qu’un tel exemple est aussi essentiel dans la communauté universitaire que n’importe où ailleurs. Les Scientistes Chrétiens ne doivent pas hésiter à choisir ces carrières, s’ils sentent que l’Amour divin les y conduit. Ils peuvent, tout comme les rois mages de l’antiquité, chercher et suivre la lumière du Christ dans le domaine d’activité qu’ils ont choisi. Ils peuvent s’agenouiller aux pieds du Christ et mettre au service de Dieu toutes leurs aptitudes et leur formation. C’est ainsi que les érudits sont des serviteurs.

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