Le dictionnaire définit la gratitude comme un sentiment de reconnaissance, c'est-à-dire, le fait de se souvenir d'un bienfait reçu pour lequel on se sent redevable. Le manque de gratitude peut provenir de la méconnaissance de la source des biens qui sont en notre possession. Ainsi, afin de mieux comprendre et exprimer la gratitude, il est important de distinguer entre ce qui est vraiment à nous de ce qui n'est pas à nous. Qu'avons-nous créé ? Rien. Qu'est-ce qui existe qui n'est pas de notre fait, mais qui est la création de Dieu? Tout! La Bible dit: « À l'Éternel la terre et ce qu'elle renferme, le monde et ceux qui l'habitent ! » (Psaume 24:1) L'homme ne possède rien qui lui soit propre, mais étant l'image et la ressemblance divine, il reflète tout ce que Dieu est et tout ce que Dieu possède. Donc tout ce que l'homme a actuellement est en réalité le reflet de ce que Dieu a. Bien qu'il semble que certains ont tout et d'autres peu ou rien, le fait spirituel demeure que l'enfant de Dieu ne peut jamais manquer de quoi que ce soit, comme le dit si clairement le premier verset du psaume 23: « L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien. »
Dans la parabole de l'enfant prodigue, le fils cadet dit au père: « Donne-moi la part de bien qui doit me revenir » (voir Luc 15:12), mais il ne sait pas encore, que Dieu, le bien, n'est pas une « portion » mais un Tout, et que l'homme ne peut pas en réalité, s'approprier, voler ni gaspiller le bien, parce qu'il n'a jamais été séparé de Dieu. Comme le fait remarquer le père, à la fin de la parabole, nous sommes toujours avec Dieu et tout ce qu'Il a, nous l'avons aussi (voir Luc 15:31). Dieu et l'homme sont un. Dans Rétrospection et Introspection, Mary Baker Eddy explique que « Tout doit être de Dieu, et non pas de nous, séparés de Lui » (p. 57). Ce n'est que dans le rêve de l'existence mortelle qu'il nous semble que l'homme possède personnellement des biens et que ces biens sont matériels.
Pourquoi est-il nécessaire d'être reconnaissant ?
J'ai compris au fil du temps que notre situation actuelle témoigne de notre degré de gratitude. L'ingratitude nous dépossède, alors que la gratitude nous rend prospères. Dans la Bible, Jésus conclut la parabole des talents en disant: «... on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas [celui qui n'est pas reconnaissant de ce qu'il a déjà] on ôtera même ce qu'il a. » (Matthieu 25:29) Cela prouve qu'un manque de progrès n'est souvent que la manifestation d'un manque de gratitude. Quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, la gratitude peut nous permettre d'atteindre l'infinité. Imaginez un rayon de soleil qui pénètre dans votre chambre à travers un petit trou. Vous n'êtes pas tenté de dire: « Aujourd'hui le soleil est petit. » Au contraire, vous savez très bien que ce rayon est une représentation de la splendeur du soleil, présente à ce moment et en ce lieu. Voilà ce qu'est la véritable gratitude, elle ne s'arrête pas à l'apparence d'un rayon, qui semble petit, mais reconnaît la manifestation du soleil et de sa grandeur.
Et comme le rayon n'est jamais séparé du soleil, ce que nous sommes et possédons ne peut jamais être séparée de l'infinité. Ainsi, dans leur vraie nature, l'intelligence, les ressources, le travail, les relations etc. sont spirituels et sont comme des rayons: ils ne font qu'un avec l'infini, de même que le rayon ne fait qu'un avec le soleil. Comprendre cela, c'est la base de la gratitude. L'abondance est divine et se manifeste quand on reconnaît que l'Amour divin en est la seule source.
Comment exprimer la gratitude ?
La gratitude, c'est mettre en pratique la Science Chrétienne. C'est elle qui nous permet de reconnaître la présence divine et infinie qui nous bénit vraiment. C'est donc par elle que la prière la plus efficace commence. Jésus, avant de multiplier les pains a d'abord levé les yeux et rendu grâce, et avant de ressusciter Lazare il a dit: « Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé. » (voir Jean 11:41) C'est cette gratitude qui permettait à Jésus de voir l'homme spirituel et parfait, là où l'ingratitude envers Dieu ne perçoit que l'homme matériel et imparfait. Ce n'est pas seulement une parole mais un acte, c'est l'action de reconnaître le bien que Dieu nous a déjà donné. Dans Science et Santé, Mary Baker Eddy écrit: « La gratitude est beaucoup plus qu'une expression verbale de remerciements. Les actes expriment plus de gratitude que les paroles. » (p. 3) Aussi, je me suis rendu compte que notre gratitude est la plus sincère lorsqu'elle s'exprime non pas en fonction de la quantité de choses que nous avons données en aumône, par exemple, mais en fonction de la qualité de notre expression de la gratitude, c'est-à-dire de l'amour et de la joie avec lesquels nous donnons.
Je vais vous en donner un exemple. Un dimanche, je devais me rendre à l'église et prendre deux taxis pour y arriver, mais apparemment je n'avais pas suffisamment d'argent pour faire cela. Ce que j'avais en main me permettait de partir mais pas de revenir chez moi. La tentation m'est venue de ne pas y aller, mais comme je suis secrétaire à l'église, j'avais d'importantes communications à faire, et je m'y suis donc rendue. Pendant le service, au moment de la collecte, une autre tentation m'est venue de ne rien donner parce qu'alors, j'allais vraiment rester les mains vides. Mais j'ai pensé que c'est Dieu qui possède tout et que chaque enfant de Dieu possède en réalité ce bien par réflexion; donc, lorsque le panier s'est présenté devant moi, je n'ai pas hésité à donner tout ce qui me restait – et je l'ai fait avec joie et sans arrière-pensée.
Quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve, la gratitude peut nous permettre de reconnaître ce que Dieu nous a déjà donné.
Après le service, pendant que je m'entretenais avec des amis, une amie s'est approchée de moi; elle voulait que je lui fasse une commission, pour laquelle elle m'a immédiatement payée. Je n'avais pas encore fini de m'entretenir avec cette amie qu'un autre ami m'a interrompue. En fait, je lui avais rendu un service auparavant, et il me demandait combien je désirais pour ce service. J'étais vraiment très reconnaissante de cette preuve de gratitude. En sortant de l'église, j'ai ainsi trouvé exactement ce dont j'avais besoin. Cela m'a prouvé que ce n'est pas nous qui possédons personnellement de l'argent, c'est Dieu qui possède tout le bien (qui est divin et infini) et c'est Lui qui le met à la disposition de Ses enfants, en leur donnant des idées spirituelles qui à leur tour répondent à chacun de leurs besoins. Au moment même où nous nous demandons quoi faire, Il a déjà répondu « à tout besoin humain » (voir Science et Santé, p. 494) parce que Son œuvre est « achevé [e] » (voir Genèse 2:1).
Mary Baker Eddy nous encourage à exprimer de la gratitude: « La gratitude et l'amour doivent demeurer dans le cœur de chacun, chaque jour de toutes les années. » (Manuel de l'Église, p. 60). Pour moi, la gratitude m'accompagne; je sais que je ne manque de rien, mais que je peux déjà remercier Dieu d'avoir répondu à tous mes besoins, chaque jour.
