Lors d'une étude des premiers versets de la Bible, dans une classe d'école du dimanche de la Science Chrétienne, j'entends un moniteur expliquer aux jeunes enfants comment le Créateur a donné à chacun de nous, en tant que reflet divin, la domination sur toutes choses.
Le moniteur demande alors aux élèves de citer quelques « reptiles qui rampent sur la terre » et sur lesquels l'homme a la domination (voir Genèse 1:26). « Le crocodile !... Le serpent !... Le lézard !... » répondent tour à tour les enfants. C'est alors que Chris, le plus jeune de la classe, se lève, fier, les bras croisés sur le torse, et répond: « Les militaires ! » Toute la classe rit, même le moniteur sourit. Cependant, il demande à Chris d'expliquer pourquoi il a cité les militaires parmi les reptiles. Réponse: « Parce qu'ils rampent pendant la guerre !... » Comme notre pays, le Congo, sait bien ce qu'est la guerre, la réponse donnée par le petit Chris fait référence à une violence menaçante, source de peurs profondes, que les jeunes ici n'ignorent pas. Je me suis dit alors que sa remarque nous aide à réaliser que Dieu nous a donné la domination non pas sur les militaires mais sur la violence et sur tout conflit qui semble déchirer les hommes.
Au fond, quelle est la base du conflit ? Le bras du soldat ? Le fusil ? Ni l'un ni l'autre. C'est une inclination apparente de l'homme matériel vers des traits de caractère tels que l'égoïsme, l'injustice, la vengeance, la cupidité, la haine, l'envie, qui entraînent les nations et les individus à se déchirer. Le seul foyer de tous les maux dont souffre l'humanité est l'entendement charnel, ou « affection de la chair », comme le désigne l'apôtre Paul. Or la Science Chrétienne m'a appris que cette conception matérielle de l'existence est illusoire et fausse: Dieu seul, le bien universel et permanent, est réel et domine sur tout, quel que soit le témoignage des sens matériels. L'homme et la femme qu'Il a créés, Son reflet parfait, possèdent en réalité cette domination sur tout mal.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy définit le diable ou mal comme un « mensonge » qui n'a « ni corporéité ni entendement » (voir p. 584). Le mal, la violence, ne constituent pas un être vivant ni une entité quelconque. C'est une croyance: la suggestion qu'il y a vie dans la matière. Par conséquent, nous avons chacun, grâce à la prière, la possibilité, voire même la responsabilité, de déraciner cette vision matérielle de notre pensée, pour le bien du monde.
L'homme dispose, en effet, d'armes spirituelles et de possibilités divines infinies pour s'affranchir de ce mensonge généralisé. Chacun peut chasser de sa conscience la psychose et l'incertitude et bâtir ainsi un avenir meilleur. En chacun de nous sommeille un pacificateur potentiel, et il n'est pas nécessaire pour cela de prendre dès demain un billet d'avion et d'aller siéger à l'ONU ! « Il faut que les chrétiens prennent les armes contre l'erreur dans leur foyer et au-dehors. Ils doivent s'attaquer au péché en eux-mêmes et chez les autres, et continuer cette guerre jusqu'à ce qu'ils aient achevé leur course », écrit Mary Baker Eddy dans Science et Santé (p. 28).
Il m'a été donné de prendre ainsi « les armes contre l'erreur » dans la parcelle où j'étais l'un des locataires. C'étaient des armes entièrement pacifiques. Mon logeur était en perpétuel conflit avec sa belle-sœur, veuve de son frère cadet, et les enfants de celle-ci. Il essayait de trouver des raisons de les chasser de la parcelle, et sollicitait à chaque occasion l'appui des locataires. Jamais encore mon avis n'avait été demandé, mais je priais chaque jour pour que la paix règne. Je priais sincèrement, avec l'idée qu'aucune pensée erronée ne peut changer le fait que Dieu est Amour et que l'homme est Son image et Sa ressemblance. Puis un jour, le logeur me convoqua à une réunion pour que je témoigne contre la fille de sa belle-sœur. Je savais que je courais le danger de perdre ma location, mais me sentant inspiré par la prière, je pris position pour ce qui me semblait juste, c'est-à-dire que je pris cause pour cette femme et ses enfants. Le résultat fut merveilleux: non seulement je ne fus pas chassé, mais le logeur fut convaincu par mon raisonnement, et me demanda par la suite de toujours assister aux réunions de la parcelle pour aider à éclairer les questions en cours. Il m'accorda aussi certaines responsabilités. La paix a régné depuis lors dans la parcelle et entre les deux familles.
Il ne fait aucun doute que c'est la prière qui m'a aidé à résoudre ce problème. Il m'a été démontré que la domination que Dieu nous donne sur les menaces de conflit ne provient pas de la force physique ni d'une force mentale particulière, mais de la douce inspiration divine.
Cette inspiration divine agit aussi à une plus large échelle. La Bible nous parle d'une femme qui utilisa ses grandes qualités morales et spirituelles pour jeter les bases d'une paix durable. Cette femme, Abigaïl, parvint, par son humilité et sa générosité, à annuler le désir de vengeance animant le futur monarque qu'était David, empêchant ainsi un massacre de se produire (voir I Samuel 25:2–35). Abigaïl avait placé toute sa confiance dans la force divine. Elle dit à David: « C'est l'Éternel qui t'a empêché de répandre le sang et qui a retenu ta main. » (verset 26) Faire preuve d'humilité et reconnaître la toute-puissance divine, c'est s'affranchir de cette prétendue force mentale qui semble entraîner le genre humain vers des exigences animales, c'est élever la pensée au-delà des races, des nationalités, des ethnies, des langues. C'est aussi commencer à exprimer les qualités de notre véritable identité spirituelle, qualités qui nous viennent de Dieu – la douceur, l'humilité, la patience, l'affection, la compassion, la justice, la tolérance. C'est exercer notre domination sur les différents « reptiles qui rampent » sur la surface de la terre.
Ainsi sont établies, dans le cœur de chacun, les bases de la paix.
