«Elles me laissent tomber... lança Rachel d'un air abattu. Elles veulent juste parler toutes les deux, et lorsque j'essaie de participer, elle avancent plus vite. »
Ma fille Rachel avait invité deux amies à venir faire du roller avec elle, mais il semblait désormais que ces deux amies s'amusaient mieux ensemble plutôt qu'avec Rachel. Alors que je faisais également du roller, pour garder un œil sur elles, j'ai dû me rendre à l'évidence: oui, elles mettaient Rachel à l'écart.
Lorsque ma fille est passée près de moi sur la piste, la fois suivante, je lui ai donné quelques conseils: « Pourquoi ne leur dis-tu pas comment tu ressens la chose ? » C'était la méthode que j'avais souvent employée dans les classes de maternelle où j'enseignais. J'avais constaté en effet que les jeunes enfants se tournent vers ceux qui se sentent exclus, dès lors qu'ils comprennent la situation.
Rachel a refusé mon conseil: cette solution ne lui convenait pas. Comme je n'avais aucun autre conseil approprié pour une petite fille de neuf ans, j'ai arrêté de lui dire quoi faire, mais mon instinct maternel m'interdisait d'en rester là. J'ai alors tourné mes pensées vers Dieu, et une guérison que j'avais eue dans une situation similaire, quelques mois auparavant, m'est revenue à l'esprit.
Lors de l'organisation d'un mariage, j'assistais à une dégustation et j'étais assise à table avec huit autres personnes. L'attention était entièrement captée par l'une d'entre elles, qui avait beaucoup voyagé et avait plein d'aventures à raconter. J'ai éprouvé un ressentiment croissant vis à vis du fait qu'elle attirait autant d'attention. Je me sentais mise à l'écart et sans importance; pourtant, je savais bien que je devais me libérer de tels sentiments. J'avais appris, au travers de mon expérience et par mon étude de la Science Chrétienne, que le ressentiment peut s'amplifier et finalement avoir des effets négatifs sur nos relations. Je ne voulais pas laisser la moindre place dans mes pensées à un ressentiment quelconque, et ne voulais surtout pas qu'il prenne racine en moi.
Alors que le repas continuait, les mots « Dieu renferme tout » me sont venus à la pensée. Ces termes décrivent la nature de Dieu, l'Amour divin, qui inclut tout le monde. L'humanité semble composée de cliques, de groupes, de factions et de clubs élitistes. Ceux-ci peuvent parfois nous séparer de nos semblables mais ils n'ont pas le pouvoir de nous séparer de l'Amour divin, ou de nous rendre insignifiants aux yeux de Dieu. Les mots qui me sont venus à la pensée sont tirés d'un passage de Science et Santé: « Dieu étant partout et renfermant tout, comment peut-Il être absent ou faire supposer l'absence de l'omniprésence et de l'omnipotence ? » (p. 287)
Bien qu'à l'époque je ne connaisse pas encore cette phrase par cœur (juste ces quelques mots relatifs à la nature de Dieu) et que je n'aie eu que quelques minutes pour y penser, cela a été suffisant pour que je sois à nouveau parée spirituellement. Le reste du dîner a été agréable; et ma plus grande surprise est arrivée après le repas. Mon mari, qui était placé à une table avec seulement deux autres personnes, avait eu une belle conversation avec elles. Leur discussion avait tourné autour des idées que j'avais partagées avec mon mari dans la voiture, durant l'après-midi. Ces idées étaient très importantes pour moi et avaient été bien reçues par ces amis. J'ai eu l'impression d'avoir été incluse à leur table, même si je n'y étais pas assise. J'ai ainsi appris qu'il y a plus d'une façon d'être inclus !
Cette expérience m'a donné la certitude que Rachel aussi était incluse dans le grand amour de Dieu, et ne pourrait jamais être mise à l'écart. Alors que je continuais à faire du roller et à garder un œil sur les trois filles, je me suis sentie en paix et j'ai remarqué que les choses s'arrangeaient entre elles. Le jour suivant, Rachel s'est approchée de moi dans la cuisine et m'a demandé, d'un ton légèrement accusateur: « Est-ce que tu as parlé à mes copines, hier ? » J'ai ri et lui ai assuré que je n'avais pas interféré, mais que j'avais prié. Elle m'a rapporté qu'une des filles était venue vers elle et lui avait dit, en s'excusant: « Nous n'avons pas beaucoup parlé avec toi, n'est-ce pas ? » Je savais qu'elles avaient apprécié le reste de la soirée ensemble, mais il était rigolo d'apprendre comment les choses s'étaient arrangées.
L'amour de Dieu est si vaste que nous pouvons inclure dans nos prières ceux qui nous excluent.
La nature des enfants et des adolescents est souvent présentée comme cruelle ou égoïste. Être inclus dans un groupe ou en être exclus, est considéré comme normal lorsqu'on grandit. Mais devons-nous considérer comme normal ce qui ne reflète pas la nature de Dieu ? Si j'avais considéré le comportement de Rachel et de ses amies comme un fait de la vie pour des filles de cet âge, une expérience inévitable lorsqu'on grandit, le résultat aurait pu être négatif, s'ajoutant à tous ceux déjà vécus par les enfants du monde entier.
Et, pour en revenir à l'organisation du repas de mariage auquel j'avais assisté, si j'avais considéré la discussion à table comme une situation normale et si j'avais accepté qu'une personne puisse être plus intéressante qu'une autre, il aurait pu en résulter des relations tendues ou un manque de confiance de ma part. Mais l'amour de Dieu est si vaste que nous pouvons inclure ceux qui nous excluent, même nos ennemis, dans nos prières.
Science et Santé enseigne que « L'erreur s'exclut elle-même de l'harmonie » (p. 537). Quelqu'un qui commet l'erreur d'exclure les autres est en fait en train de nuire à son propre bien-être, et a besoin de nos prières. Nous pouvons voir que le vrai paysage du royaume de Dieu n'est pas un sol accidenté, sec et rocailleux, un lieu de survie et de solitude, mais un jardin accueillant, qui inclut une diversité infinie et où chacun a une place qui lui est réservée. Voir cela transforme le paysage humain !
