Les expositions de deux artistes — Edward Hopper au Musée des Beaux-Arts de Boston et Camille Pissaro au Musée des Arts de Milwaukee — contenaient un message qui m'est allé droit au cœur.
Le commentaire audio qui servait d'arrière-plan à l'exposition Pissaro décrivait le travail de cet artiste comme une représentation « de l'éloquence de l'ordinaire ». Celui des peintures de Hopper disait que son œuvre « illuminait le théâtre tranquille des moments ordinaires ». Entendre ces remarques à quelques semaines d'intervalle seulement, dans deux expositions différentes aux États-Unis, a retenu mon attention. L'expression « train-train quotidien » peut caractériser l'attitude qu'ont beaucoup de personnes en ce qui concerne leur vie, aussi routinier ou au contraire rempli de responsabilités que puisse être leur travail.
Qu'il s'agisse de changer les couches d'un bébé, ou de prendre l'avion pour un voyage de plus, les activités quotidiennes peuvent être tellement répétitives qu'il est difficile de se sentir inspiré par ce que l'on fait, difficile de percevoir « l'éloquence de l'ordinaire ». Comment empêcher cet état de choses ? Des activités enrichissantes le week-end ou pendant les vacances peuvent aider. Mais existe-t-il une manière d'illuminer la banalité de nos moments ?
La lumière et la couleur sont deux éléments propres à transformer l'ordinaire en un art. Il existe de même une lumière divine qui peut illuminer nos instants. J'aime cette déclaration d'un poème de Mary Baker Eddy qui décrit Dieu comme « Vie divine, à qui appartient chaque moment d'attente » [traduction littérale de l'anglais] (Écrits divers, p. 389).
Savoir que chaque moment à venir « appartient » à la Vie divine peut avoir beaucoup d'influence sur la manière de le vivre. Laisser cette influence divine nous gouverner révèle la beauté et l'amour dans le quotidien. Cela peut apporter une étincelle à notre journée, même aux activités routinières, et transformer l'ordinaire immédiatement et de façon durable.
Être pris dans la routine quotidienne cache cette lumière, comme le fait ressortir C.S. Lewis dans son livre, The Screwtape Letters. Ce livre donne une image du mal, à travers la correspondance qu'un diable personnifié échange avec son neveu, démon débutant. Dans les instructions que donne le diable sur la façon de corrompre une certaine personne, il conseille à son neveu de continuer « à lui mettre dans la tête le caractère bassement ordinaire des choses », un autobus qui passe, la nécessité de déjeuner... pour l'empêcher de penser trop profondément à la réalité.
Pour Lewis, cette pression de l'ordinaire constitue donc une influence démoniaque. Cela n'indique-t-il pas qu'être embourbé dans la routine peut résulter d'une attraction vers le bas qui doit être combattue, car elle tendrait à cacher le bien qui se trouve juste devant nous ? Lorsque vous vous sentez oppressé par la routine, la monotonie, l'ennui, le caractère ingrat du quotidien, vous avez la possibilité de vous défendre.
Vous pouvez refuser de laisser cette pression ternir votre inspiration ou vider de tout intérêt ce que vous êtes en train de faire. Vous pouvez laisser la lumière divine illuminer la beauté qui réside dans l'attention portée à autrui, ou dans l'amour, ou dans tout ce qui vous motive. Il existe une énorme différence entre faire la même chose, jour après jour, et faire la même chose tout en percevant la beauté et la lumière, qui sont le résultat d'une vision plus profonde.
Pour ne pas me laisser déprimer par les choses terre à terre, il m'arrive par exemple de faire mienne cette demande de la Prière du Seigneur: « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien. » Mary Baker Eddy, qui a fondé la Science Chrétienne, donne cette interprétation de ces paroles: « Donne-nous Ta grâce pour aujourd'hui; rassasie les affections affamées. » (Science et Santé, p. 17) Rechercher le pain quotidien — « la grâce pour aujourd'hui » — peut illuminer l'ordinaire. Et la lumière qui en résulte illumine notre chemin, révélant l'amour, la joie et le bonheur que l'on peut trouver dans la vie de tous les jours.
Nous n'avons pas besoin de fuir ce qui est ordinaire, mais, avec la lumière spirituelle de la grâce de Dieu, nous pouvons le transformer.
