Vous connaissez l'histoire du singe qui découvre dans une noix de coco un trou juste assez grand pour y passer la main? Il sent une chose à l'intérieur et la saisit, mais il ne peut plus retirer sa main parce qu'en s'agrippant à son trésor, son poing est devenu trop gros pour se dégager de la noix de coco. Le singe est face à un dilemme: soit il s'accroche à son trésor et reste prisonnier de la noix de coco, soit il renonce au trésor et se libère.
Cette histoire me rappelle un récit du Nouveau Testament qui est, pourraiton dire, une variation sur le thème de la noix de coco. Un homme riche vint demander à Jésus ce qu'il devait faire pour hériter la vie éternelle. Jésus lui répondit qu'il devait obéir aux Dix Commandements. L'homme dit alors à Jésus qu'il vit déjà en conformité avec les Commandements: ne commets pas d'adultère, ne tue pas, ne vole pas, ne mens pas, ne triche pas et honore ton père et ta mère.
C'est alors que survient le point décisif. Jésus lui dit: «... va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi.» (Marc 10:21) Le problème, c'est que cet homme riche ne se sent pas capable d'agir ainsi, et il s'en va « tout triste». Apparemment, il pensait qu'il lui était impossible de renoncer à ses biens matériels pour suivre Jésus.
Cela se passe souvent ainsi avec les progrès spirituels. Il nous faut être prêts à abandonner un trésor, dans lequel nous croyons plus qu'en Dieu ou que nous aimons davantage, avant de pouvoir aller de l'avant, qu'il s'agisse de progrès individuels ou de ceux d'une famille ou d'une église. Ce trésor qui nous attache au passé peut être la richesse matérielle ou des paroles maladroites que nous ne voulons pas oublier et qui nous ont irrités ou blessés.
Ce « trésor », c'est peut-être une méthode qui date d'il y a dix ans, mais qui n'a plus cours aujourd'hui. Ou bien encore nous ne pouvons nous défaire de la tendance à magnifier le passé. Par exemple, une femme va peut-être se délecter des souvenirs de la carrière professionnelle passionnante qu'elle menait avant de se marier et d'avoir des enfants. Un homme va peut-être se délecter de la joie qu'il éprouvait à être la vedette de son équipe, à l'université. Une église va peut-être se délecter d'avoir eu de nombreux membres actifs, il y a quarante ans.
Or, il est tout aussi insidieux de s'accrocher à une gloire passée qu'à des malheurs passés. Dans les deux cas, cela tend à limiter la vitalité et les promesses du présent. Nous nous accrochons à ces choses, parce que, comme de vieilles pantoufles, elles sont confortables.
Lorsque mon mari, Pete, est décédé après trente-huit ans de mariage, j'ai eu le sentiment non seulement d'avoir perdu un merveilleux compagnon — Pete était toujours gentil et prévenant, il avait un grand sens de l'humour et la faculté d'apaiser les conflits — mais c'était aussi quelqu'un qui savait résoudre les problèmes et faire toutes sortes de réparations.
Or, je savais par expérience que toute obsession du passé nuirait à mes progrès spirituels et à mon bonheur.
J'avais le choix: vivre dans le présent ou bien faire comme le singe et rester coincée en m'agrippant à cette chose qu'on appelle « le passé ». J'ai pris conscience du fait que je n'avais pas besoin d'abandonner les bons souvenirs que j'avais de mon mari afin d'entamer ma nouvelle existence et de reconnaître tout le bien que m'offrait le présent. En effet, toute bonne chose que nous avons vécue par le passé venait de Dieu et se prolonge dans le présent resplendissant.
Peu après le décès de mon mari, j'ai appris que je pouvais me sentir en sécurité en m'appuyant sur Dieu, l'Amour divin au moindre signe de tristesse à la pensée de l'absence de Pete ou à chaque fois que je me demandais ce que je devais faire. Comme de nombreux couples qui ont vécu des années ensemble, Pete et moi riions de plaisanteries qui ne faisaient rire que nous et avions des conversations animées, mais soudain ces bons moments n'existaient plus.
Alors, chaque fois que je pensais à quelque chose que j'aurais partagé avec lui, je me tournais directement vers Dieu. Et je m'en remettais à Lui.
Je suis profondément convaincue que mon mari va de l'avant dans sa propre existence, avec l'amour, la joie et la vitalité qui le caractérisaient sur cette terre. Et je progresse aussi.
J'ai découvert que c'est à chaque instant que nous prenons la décision de vivre dans le présent. Alors, je me demande souvent: « Qu'est-ce que je peux abandonner maintenant même afin de mieux voir et de mieux connaître l'amour de Dieu, de mieux voir la bonté infinie de Son univers? »
