Ma vie n’était pas heureuse, à la maison. En fait, je me sentais si vide et si vulnérable que j’ai cherché refuge dans l’alcool, et vers l’âge de 13 ans, je buvais déjà tous les jours. Dire que j'avais perdu tout contrôle sur mes pensées et mon existence serait bien au-dessous de la réalité, car chaque aspect de mon existence était une épreuve.
Quand j’étais jeune, ma mère souffrait d’une forme de maladie mentale et elle acceptait rarement de sortir de la maison. Pour tout dire, elle restait souvent enfermée au sous-sol durant des semaines entières. De ce fait nous n’avions pas de relation normale; par exemple, nous n’allions jamais faire les courses ou manger dehors ensemble, comme les enfants que je connaissais le faisaient avec leur maman. Je ne pouvais pas non plus avoir d'activités extrascolaires. Je me voyais condamnée à vivre la même existence recluse que ma mère. Quant à mon beau-père, il cumulait deux emplois, et je ne le voyais donc jamais non plus.
Dès le départ, l'alcool est devenu une obsession de tous les instants. J'en prenais le matin avant de partir à l’école et le soir aussi, dès que je pouvais boire en cachette. J’ai pris l’habitude d’être ivre, ou au moins éméchée, à longueur de temps.
J’ai bientôt commencé à sortir le soir avec des amis et à faire des choses dont je n'étais pas fière. Je volais dans des magasins et dans des voitures sur des parkings et j'avais de mauvaises fréquentations. Or, rien de tout cela ne m'aidait à me sentir mieux. Bien au contraire, je me sentais seule et misérable. Mais en dépit des pénibles réactions qu'il entraînait, comme la maladie et les gueules de bois, l’alcool me donnait la sensation d’être plus sociable et acceptable à l’égard des jeunes de mon âge, et il semblait atténuer ma solitude et mon sentiment d’inadaptation. En tous cas j'en avais l’impression.
À 16 ans j’ai quitté la maison et vécu avec différentes personnes en attendant de pouvoir me loger. Mais cela n’a pas fait la moindre différence: je n’avais aucun respect pour moi-même, et peu de gens me respectaient. J’avais touché le fond.
Puis, quand j'ai eu 19 ans, l’amour inconditionnel de Dieu est venu tout changer, rayonnant au travers de personnes que je ne connaissais même pas.
Par une sœur aînée qui me donnait des nouvelles de la famille, j’avais appris que ma mère avait décidé de se faire aider par la Science Chrétienne, qu’elle connaissait depuis plusieurs années. Grâce à la prière, elle avait enfin été guérie de la dépression, et elle devenue membre d’une église de la Science Chrétienne des environs. Dans mon profond désespoir, et bien qu’elle ne m’ait jamais contactée elle-même, je l’ai appelée et lui ai demandé de m'emmener à l’église. Par bonheur elle a accepté.
Lorsque je me suis rendue à l’église avec ma mère ce dimanche-là, j'avais passé la soirée précédente dans un bar et je sentais l’alcool et le tabac. J’ai été très surprise de la manière dont les gens m'ont accueillie, en m’embrassant et me souriant chaleureusement, avec bonté, sans me juger; ils m’ont acceptée avec amour, sans ostracisme. Peu à peu, dans l’église même, au contact de tant d’amour et de gentillesse, j’ai senti s’évanouir mon anxiété et mes idées d’auto-condamnation. Les mots « Dieu est Amour » peints sur le mur en face de l’assistance, me sont apparus comme un message pour chacun d’entre nous. J’ai pris conscience qu’ils s’adressaient également à moi – que Dieu m’aimait. Je me suis sentie comme enveloppée dans Son amour.
J’ai alors commencé à écouter sérieusement la leçon-sermon tirée du pasteur de la Science Chrétienne, la Bible et Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy. J’ai compris certaines des idées exprimées et je m’y suis accrochée. Mais par-dessus tout, je me suis sentie protégée.
Le tempérament de ma mère avait complètement changé grâce à sa nouvelle compréhension de Dieu, en tant qu’Amour. Elle avait vaincu ses sentiments de peur et d’amertume et elle était devenue une épouse et une mère aimante, telle que Dieu l’avait créée. Tandis que je continuais de fréquenter l’église avec elle, mon regard sur le monde a changé, lui aussi: je suis passée d’une pensée égocentrique à une vision de la vie plus aimante et reconnaissante.
Je sais désormais que l’acceptation des membres de l’église était l’amour de notre Père-Mère Dieu, l’Amour même. « L’Amour est impartial et universel dans son adaptation et dans ses dispensations », écrit Mary Baker Eddy. « C’est la fontaine jaillissante qui crie: “O vous tous qui êtes altérés, venez à la source des eaux!”». (Science et Santé, p. 13)
Cet amour voit au-delà de l’image d’une personne aux prises avec de mauvaises décisions et il l’accueille au sein d’une famille, d’une église ou de la société en général. Il révèle les progrès rendus possibles lorsque notre réponse spontanée en toute situation consiste à nous montrer attentionnés, généreux et bons: à agir selon l’Amour divin. L’amour de Dieu ne se manifeste pas en fonction de notre apparence ou de notre statut social, ni même de notre passé. Il aime, simplement, et voit donc tout naturellement la véritable image, l’enfant de Dieu.
La Science Chrétienne m’a depuis appris que cet amour est une expression du Christ qui guérit dont Jésus a fait la démonstration au cours de son ministère. Jésus nous a donné l’exemple, et son œuvre a posé les fondations pour les générations à venir. Il aimait de cet amour qui fait vraiment la différence, qui nous enveloppe et réconforte nos cœurs, nous réveille et nous libère de toute souffrance, y compris d'addictions destructrices.
Ainsi que le décrit Science et Santé avec la Clef des Écritures, il aimait radicalement: « Jésus voyait dans la Science l’homme parfait, qui lui apparaissait là où l’homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l’homme guérissait les malades. » (Ibid. 476-477) Ce Christ qui guérit est toujours présent aujourd’hui.
L’amour que l’on m’a exprimé en ce dimanche particulier m’a changée de façon permanente. Il a brisé l’emprise de ce sentiment incontrôlable d’être vulnérable et non aimée. La citation suivante de Mary Baker Eddy me rappelle l’accueil chaleureux que j’ai reçu il y a 28 ans et inspire également mon rapport aux autres: « Nettoie chaque tache des vêtements souillés de ce voyageur, essuie la poussière de ses pieds et les larmes de ses yeux, afin que tu puisses voir l’homme réel, concitoyen des saints et membre de la famille de Dieu ». (Rétrospection et Introspection, p. 86).
J’ai non seulement réussi à arrêter de boire, j’ai aussi connu des satisfactions durables, et revu la façon dont j’accueillais les autres dans ma vie. Il appartient à chacun d’entre nous de dispenser sans compter l’amour divin et inconditionnel qui a inspiré ces gens pleins de bonté ce matin-là. C'est le pouvoir de Dieu, du Christ qui guérit, qui transforme chaque personne et chaque chose qu'il touche, et nous permet véritablement de prendre le contrôle de notre pensée et de vivre d'une manière qui non seulement nous guérit, mais guérit aussi les autres.
