Songez au nombre de fois où Moïse a démontré que Dieu subvenait aux besoins des enfants d'Israël et les protégeait, lorsqu'il les guida à travers le désert, leur fit traverser la mer Rouge en toute sécurité, leur procurant chaque jour la nourriture et l'eau pendant toute la durée de leur long voyage. Même s'ils se plaignaient beaucoup, les disciples de Moïse savaient que celui-ci communiait directement avec Dieu. Plus tard, les œuvres de guérison d'Élie et d'Élisée ne laissèrent aucune place au doute dans l'esprit de leurs compatriotes sur le fait que ces saints hommes communiaient avec Dieu et avaient la certitude que la divine Providence les comblerait quotidiennement de bienfaits.
Ces profonds penseurs spirituels et hommes d'action exhortaient leurs disciples à rechercher et à ressentir aussi la présence divine. La Bible abonde en enseignements qui incitent le lecteur à échanger une perception limitée et matérielle de la réalité pour une perception spirituelle. Par exemple, Ésaïe encourage ainsi ses lecteurs: « Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive, et la gloire de l'Éternel se lève sur toi. [...] Porte tes yeux alentour, et vois... » (60:1, 4 d'après la version King James)
La notion de vision est souvent liée à celle de compréhension. Par exemple, quand nous avons compris ce que quelqu'un nous explique, nous répondons souvent: « Ah oui, je vois. » Dans la prière qu'il lance vers Dieu, « Ouvre mes yeux, pour que je contemple les merveilles de ta loi! » (Psaume 119:18), le Psalmiste demandait à comprendre et à percevoir spirituellement afin de devenir conscient de la réalité spirituelle de la création divine. Dans le livre de Job, on trouve un autre exemple où le lecteur est exhorté à voir en passant du sens mortel immédiat de sa propre existence au sens spirituel. Tous les autres raisonnements humains ne parvenant pas à réconforter Job, son ami Élihu l'engage vivement à regarder, à voir et à considérer la grandeur de Dieu (voir Job 35:5). Job est anéanti par la souffrance. Il a le sentiment que son créateur l'a spolié, voire rejeté. Or, dans cette parabole au sens profond, Élihu engage fermement Job à « être attentif », à demeurer calme face aux graves difficultés physiques, et à « considérer encore les merveilles de Dieu » (37:14), à voir la même perfection et la même réalité glorieuse pour lesquelles le Psalmiste avait prié.
Job finit par triompher de ces difficultés accablantes. Il connaissait la grandeur de Dieu en théorie, mais quand il voit la bonté de Dieu grâce à une compréhension approfondie, il peut dire à propos de Dieu: « Maintenant mon œil t'a vu.» (42:5) Qui ne serait pas encouragé pas la conclusion triomphante de cette parabole? « Pendant ses dernières années, Job reçut de l'Éternel plus de bénédictions qu'il n'en avait reçu dans les premières. » (42:12)
Dans le premier message qu'il adressa aux Corinthiens, l'apôtre Paul fit la distinction entre les préoccupations d'un sens matériel de l'existence et les choses de l'Esprit qui sont « discernées spirituellement » (1 Cor. 2:14, d'après la version King James). Le verbe « discerner » apparaît à plusieurs reprises dans les Écritures, chaque fois en encourageant le lecteur à approfondir et à clarifier sa perception spirituelle. Cruden's Complete Concordance explique ainsi le mot « discerner »: « ... voir par les yeux de la compréhension. »
Paul connaissait sans doute l'importance du discernement spirituel pour avoir étudié les Écritures hébraïques pendant de nombreuses années, et il est certain qu'il la comprit encore davantage lorsqu'il devint un disciple des enseignements de Christ Jésus.
Nous savons, par les Évangiles, et Paul l'apprit certainement des disciples de Jésus, que celui-ci parla de manière directe et à maintes reprises de la nécessité de discerner spirituellement. Quand les grands théoriciens de l'époque, les pharisiens et les sadducéens, pressent Jésus de leur montrer un signe de la réalité spirituelle, il met en question leur compréhension superficielle de la réalité. « Vous savez discerner l'aspect du ciel, leur dit-il, et vous ne pouvez discerner les signes des temps. » (Matthieu 16:3) Les interprètes de la Bible ont analysé cette affirmation de diverses façons. Certains y voient un appel à comprendre l'essence de la mission de Jésus, c'est-à-dire à prendre conscience de la réalité glorieuse que représentait sa vie. Par l'enseignement qu'il prodigua et les guérisons de maux physiques qu'il obtint, par le fait qu'il avait calmé une mer agitée, nourri des foules entières à l'aide de quelques pains et de quelques poissons et qu'il avait même ressuscité les morts, Jésus leur avait présenté le pouvoir concret de la compréhension spirituelle, du discernement spirituel. À une autre occasion, alors que ses disciples s'efforçaient de comprendre les enseignements théologiques concernant l'origine de la souffrance et que d'autres remettaient en question la guérison d'un aveugle, Jésus prononça ces paroles simples (mais profondes): « Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient point voient. » (Jean 9:39) Jésus fit cette déclaration après avoir guéri un homme aveugle de naissance, mais il était clair qu'il ne faisait pas allusion à la simple faculté de voir. Il parlait à la fois de l'expérience de l'aveugle et des personnes aveugles à la réalité spirituelle.
Dans le sermon le plus connu de Jésus, une Béatitude montre clairement comment connaître la vision spirituelle: « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! » (Matthieu 5:8) Il y a tant de promesses dans la Bible qui affirment que, si nous prions avec sincérité pour voir spirituellement et si nous nous efforçons d'avoir le cœur pur, nous verrons Dieu dans les nombreux détails de notre vie quotidienne! Dès maintenant, nous sommes à même de connaître la réalité de la création divine: il nous est possible de voir et de vivre cette réalité, et ainsi nous sommes capables de vaincre les difficultés, petites et grandes, auxquelles nous devons faire face en ce XXIe siècle, tout comme les prophètes des temps anciens et Jésus, il y a des milliers d'années.