L'Ancien Testament, dans la Bible, relate la vie des Israélites qui ont commencé et sauvegardé le culte du Dieu unique. Ces héros ont été pour moi une source d'inspiration et de force depuis l'époque où j'ai commencé mon étude de la Science Chrétienne, alors que j'avais une vingtaine d'années. Ils m'ont beaucoup appris au sujet de la présence pleine d'amour de Dieu et de Son pouvoir de triompher de toute circonstance adverse. Leurs histoires respectives sont devenues vivantes pour moi, et je ressentais de grandes affinités avec ces personnages qui avaient sauvegardé avec tant de foi le culte de Dieu.
Mary Baker Eddy a fait cette remarque: « Avec un même Père, Dieu, tous les membres de la famille humaine seraient frères; et avec un même Entendement, Dieu, le bien, l'Amour et la Vérité constitueraient la fraternité des hommes, et celle-ci possèderait l'unité du Principe et le pouvoir spirituel qui composent la Science divine. » (Science et Santé, p. 469-470) C'est cette compréhension du Dieu unique, qui est Entendement, Amour, Vérité et Principe, qui m'a permis d'éprouver un sentiment naturel de fraternité avec des personnes pratiquant des religions différentes de la mienne. Je ne me doutais pas alors que je posais là les fondements d'une expérience qui allait me permettre d'en apprendre bien davantage au sujet de l'unité avec mon prochain.
Après avoir élevé mes enfants, je me suis mise à chercher du travail dans mon domaine professionnel, l'enseignement, et j'ai répondu un jour à une petite annonce parue dans le journal. Je me suis rendue à l'adresse que l'on m'avait indiquée et je me suis trouvée devant une école hébraïque orthodoxe pour garçons. La directrice était une femme juive orthodoxe, qui m'a fait passer un entretien pour un poste d'enseignante dans une classe de sixième. Pendant qu'elle passait en revue mon dossier et m'expliquait les exigences du programme d'enseignement, je me suis sentie dépassée. Je lui ai dit que je n'étais pas à la hauteur du poste, que j'avais arrêté d'enseigner depuis trop longtemps, etc. Mais, au lieu de me laisser partir, elle m'a assuré que mon expérience était plus qu'adéquate et a insisté pour que je revienne, afin de faire un essai. Sa chaleur et ses encouragements m'ont rendue consciente de la douce présence de Dieu, et j'ai senti qu'il me guidait à accepter ce travail. Je suis restée dans cette école pendant les dix années qui ont suivi.
Comment moi, une chrétienne, ai-je pu travailler en harmonie avec des rabbins et des garçons ultra-orthodoxes ? Eh bien, ce travail a été une occasion de reconnaître chaque jour que l'unique Entendement nous gouverne vraiment tous. J'avais confiance dans le fait que ce pouvoir intelligent unique était capable de me communiquer la perspicacité et les capacités dont j'avais besoin à chaque instant, et cela s'appliquait à tous ceux avec lesquels je travaillais.
Mon premier problème a été le sentiment de ne pas être à ma place, la seule représentante des « gentils » au milieu d'hommes barbus à l'air plutôt sévère, avec des chapeaux et des manteaux noirs, et de femmes qui couvraient leurs cheveux et portaient des tenues répondant à un code très strict. J'ai découvert aussi que, souvent, les garçons n'avaient pas eu de contact avec des personnes vivant en dehors de leur communauté, et qu'ils étaient soit timides, soit ouvertement contestataires à mon égard et parfois même agressifs. Prier constamment avec la pensée que nous étions tous le peuple de Dieu, unis dans l'Amour, m'a apporté un sentiment de paix. J'étais sûre que c'était Dieu qui nous avait réunis, et maintenant Son amour me soutenait et me donnait de la force. Cet amour ne pouvait laisser personne, ni moi ni un autre, à une place qui n'était pas la sienne. Et rien ne pouvait résister au pouvoir de Dieu.
Petit à petit, l'amour et la joie ont remplacé le sentiment d'étrangeté que je ressentais. Dans les grandes réunions auxquelles j'étais invitée, il y avait des centaines d'hommes et de femmes juifs orthodoxes et je détonnais parmi ces gens, mais j'étais consciente de la gentillesse que beaucoup me manifestaient, en me faisant sentir que j'étais la bienvenue. Et j'avais de plus en plus d'assurance devant ma classe. De nouvelles idées que j'avais eues pour enseigner ont commencé à susciter l'intérêt des garçons de la classe. Par exemple, j'ai institué au cours de la première année une fête de la science. De nombreux garçons excellaient à produire des projets compliqués, et les parents sont venus les voir avec beaucoup de fierté.
Cette idée est devenue « le » grand moment de l'année pour toute l'école. Les rabbins qui enseignaient à l'école étaient fascinés par le concept, et ils ont commencé à parler avec moi. Cela a eu pour résultat que j'ai pu entretenir avec nombre d'entre eux des relations amicales. Les parents, comme l'équipe enseignante, parlaient souvent du succès que je rencontrais avec les élèves. Lorsque la directrice a souhaité prendre sa retraite quelques années plus tard, elle m'a demandé de la remplacer. Il n'y avait jamais eu un tel précédent; personne en dehors de la communauté juive n'avait accédé à un tel poste, mais le conseil d'administration, composé de huit hommes, a donné un accord unanime pour me proposer ces fonctions.
Du fait d'une situation difficile au sein de l'école: manque de professeurs, besoin d'une discipline ferme envers les élèves et des nombreuses exigences religieuses auxquelles il fallait répondre dans la classe, je me suis sentie très hésitante, ne sachant pas si je devais accepter le poste. Un matin, alors que je me tournais vers Dieu par la prière et que je lisais la Bible, ce verset tiré de la Seconde Épître aux Corinthiens m'a fourni la réponse: « Ce n'est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu. » (3:5)
Cela a été suffisant pour me donner l'assurance que Dieu serait là pour me fournir les capacités dont j'aurais besoin pour relever le défi que ce travail représentait. Dans ma prière, j'ai affirmé que Dieu, qui est Principe divin, était responsable de l'école. Et pendant les jours et les semaines qui ont suivi, j'ai passé beaucoup de temps à rechercher la signification du mot Principe dans la Bible et dans Science et Santé. J'ai vu que la loi de Dieu était la base de tout notre travail et que cette loi apportait la stabilité et la clarté, me guidant dans ce que je faisais et disais.
L'idée m'est venue qu'apporter quelques modifications au poste pourrait résoudre le manque d'enseignants. J'ai suggéré au chef des rabbins de me laisser dans ma classe afin d'éviter d'avoir à chercher un autre professeur, et de répartir le travail du directeur de l'école entre trois professeurs principaux. Après avoir réfléchi à cette idée et aux avantages qu'elle apporterait dans notre situation, il a décidé de l'adopter.
Cette année-là, les défis à relever ont été considérables, mais j'ai trouvé de la force en m'appuyant sur ma compréhension grandissante du Principe. Bien que la religion et la culture juives orthodoxes exigent le respect de règles très strictes et un niveau important de séparation entre les hommes et les femmes, j'ai pu travailler en étroite collaboration et en harmonie avec le chef des rabbins. J'en suis venue à apprécier ses magnifiques qualités d'éducateur et de partisan d'une stricte discipline. Je pouvais avoir la certitude qu'il serait juste, ferait preuve de droiture et d'ouverture envers moi. Je prenais garde à respecter ses traditions et son autorité en tant que chef religieux, et en retour il montrait du respect pour mes idées.
Nous avons tous été soulagés lorsque l'école a pu trouver un directeur expérimenté pour l'année suivante. Il avait de nombreuses relations parmi lesquelles il pouvait puiser pour renforcer l'équipe enseignante, il a fait venir des professeurs qualifiés et a également apporté des améliorations au programme d'enseignement. J'ai continué à enseigner dans la même classe, mais mon rôle s'est développé. J'ai terminé mon travail dans cette école il y a un an, et j'ai eu depuis la possibilité d'enseigner à des adultes venant de nombreux autres pays du monde, en appliquant les leçons spirituelles que j'avais apprises. Pour toutes les bénédictions que Dieu apporte, je ne peux que m'exclamer, comme les Juifs Orthodoxes le font si souvent, Baruch Hashem — Merci, mon Dieu !
