Que se passerait-il si les pères n'existaient pas? Cela semble évident: il faut qu'il y ait des pères pour que nous soyons là ! Mais procréer n'est pas le seul rôle d'un père, tout le monde le sait, surtout ceux qui ont désiré ressentir le soutien d'une main compatissante ou de tendres mots d'encouragement, sans compter une aide financière année après année. Il est naturel de souhaiter avoir un père.
Ces différents aspects de la paternité, père en tant que source de l'être et père en tant que soutien, apparaissent dans la Bible. En fait, le mot père revient 970 fois dans la Bible, en majorité dans l'Ancien Testament, qui retrace l'histoire du peuple juif. Dans cette histoire de tout un peuple, du fait de l'absence de noms de famille, les lignées étaient en effet enregistrées grâce au nom des pères successifs. Cette description tirée du livre de Néhémie en est un bon exemple: « À Jérusalem s'établirent des fils de Juda... Maaséja, fils de Baruc, fils de Col-Hozé, fils de Hazaja, fils d'Adaja, fils de Jojarib, fils de Zacharie, fils de Schiloni. » (11:4, 5)
En hébreu, ce lien avec le père se traduit par le mot ben ou bar, placé avant le nom. Nous voyons cela également dans le Nouveau Testament, où le nom d'un disciple de Jésus, Simon Bar-Jonas, signifie fils de Jonas (voir Matthieu 16:17).
Malgré ces nombreuses références à des pères humains dans la Bible, il apparait que dans l'Ancien Testament, père n'était pas un nom courant pour Dieu. L'une des premières références désignant Dieu comme père se trouve dans le deuxième livre de Samuel (II Sam. 7:14), puis dans le premier livre des Chroniques (22:10), au moment où Salomon construit le temple à Jérusalem. Dieu dit à David: « [Ton fils, Salomon] bâtira une maison à mon nom. Il sera pour moi un fils et je serai pour lui un père. » Ici, nous voyons que Dieu est un soutien paternel pour Salomon tandis qu'il remplit sa mission de roi et bâtisseur du temple, après la mort de David. Comme pour reconnaître cette filiation avec Dieu, Salomon répond à l'offre de Dieu, « demande ce que tu veux que je te donne », par cette métaphore: « je ne suis qu'un petit enfant » (I Rois 3:7, d'après la version King James). Alors Salomon demande à Dieu sagesse et intelligence, et Dieu les lui accorde en abondance. Ici, nous avons un concept de Dieu non seulement comme soutien mais aussi comme source de l'intelligence et de la compréhension. Un dictionnaire reprend cette idée de source: « Père: [...] SOURCE, ex. le soleil, père de la chaleur et de la lumière » (Lena M. Whitney (Merriam Webster's Collegiate Dictionnary, dixième édition, p. 424).
Une autre référence à Dieu en tant que père dans l'Ancien Testament vient du prophète Malachie: « N'avons-nous pas tous un seul père ? N'est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? » (Mal. 2:10) Toutefois, il restait au christianisme le soin de donner à l'humanité un sens plus étendu de Dieu comme seul Père divin de tous.
Cette lente évolution du concept de Dieu comme Père s'épanouit dans la vie et les enseignements de Jésus, et plus particulièrement dans la prière du Seigneur (voir Matth. 6:9-13) où Jésus déclare que Dieu est « Notre Père ». Jésus amplifie cet usage du mot père quand il dit: « Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron. » (Jean 15:1) Et il déclare que cette relation est vraie pour tous les hommes et les femmes, pour lui-même et ses disciples quand il dit à Marie-Madeleine après sa résurrection: « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. » (Jean 20:17)
Enfin, on ne trouve nulle part dans la Bible une expression aussi tendre et émouvante de cette relation entre Père et enfant qu'au jardin de Gethsemané, au moment où Jésus doit faire face à sa crucifixion. Dans ces précieux versets, il déclare: « Père, l'heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie », et il poursuit: « Je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'œuvre que tu m'as donnée à faire. Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût. » (Jean 17:1, 4, 5)
De ces passages nous obtenons une vision du Père bien supérieure à celle d'un père humain qui engendre et soutient les enfants qu'il a lui-même créés. Nous avons un aperçu de la relation intime et éternelle de Jésus avec sa source spirituelle, son Père divin. Jésus était vraiment un fils obéissant. Il est clair que Jésus comprenait qu'il était le fils qui avait toujours connu la gloire de Dieu et qu'il avait exprimé cette relation, cette gloire, alors qu'il guérissait et enseignait quotidiennement.
Le concept de la paternité de Dieu continue d'apparaître dans tout le reste du Nouveau Testament, à travers les écrits des apôtres. La promesse que la gloire de Dieu est conférée à chacun, pas seulement à Jésus, se réalise dans les paroles de Jésus à Jean dans le livre de l'Apocalypse: « Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, comme moi j'ai vaincu et me suis assis avec mon Père sur son trône. » (3:21) Dans cette déclaration, le Père que Jésus avait révélé à Marie-Madeleine et à ses disciples, et que les apôtres professaient, ce Père est pour de bon notre Père à tous.
Même si vous ou moi n'avons pas de père humain, ou pas le père que nous aimerions avoir, nous pouvons comme Salomon et Jésus avoir confiance en notre Père divin, nous pouvons réellement nous tourner vers Dieu, notre Père, pour recevoir compréhension, soutien, conseils et amour.