travaillait autrefois comme sage-femme dans l’un des centres hospitaliers universitaires les plus connus et les plus anciens du Royaume-Uni (Guy’s Hospital de Londres). À présent praticienne et professeur de Science Chrétienne à Londres, elle continue à aider de futurs parents pendant la grossesse et l’accouchement, grâce à sa pratique de la guérison fondée sur la prière. Voici l’entretien qu’elle a eu récemment avec rédacteur du Christian Science Sentinel.
Comment était-ce de travailler dans un grand hôpital où tant de futures mamans allaient donner le jour?
En tant que sage-femme dans des salles d’accouchement, je voyais la naissance surtout comme un acte mécanique, matériel et physique. Je n’avais jamais eu l’idée que la vie pouvait avoir une dimension spirituelle. Lorsqu’arrivait une femme dont le travail avait commencé et qu’elle désirait accoucher de façon naturelle, je pensais qu’elle était complètement « dingue » ! À l’époque, toutes les naissances étaient médicalement assistées, notamment avec un monitoring, mais depuis, le monde médical a parcouru un long chemin pour reconnaître à la femme le droit à un accouchement naturel. Je faisais partie d’un groupe de six cadres supérieurs responsables d’un bloc comprenant six salles de naissance et deux blocs opératoires, ainsi que de la formation d’étudiants en médecine, d’infirmières et de sages-femmes. j’avais donc une vision totalement médicalisée de la naissance.
Lorsque j’ai commencé à étudier la Science Chrétienne, et qu’ensuite je suis devenue praticienne, ma conception du travail et de l’accouchement a changé, devenant même diamétralement opposée. Je me suis aperçue par exemple qu’il existait quelque trois cents citations de la Bible qui utilisent les termes accoucher, enfatement, etc. Prenez Sarah, la femme d’Abraham qui a conçu par la foi et qui « malgré son âge avancé [pour avoir un enfant] fut rendue capable d’avoir une postérité, parce qu’elle crut à la fidélité de celui [Dieu] qui avait fait la promesse. ». Abraham était cet homme qui recherchait une ville qui ait « de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le contructeur. » (Hébreux 11:10).
J’aime beaucoup cette promesse: le fait de penser que Dieu est le réel architecte et constructeur de notre existence nous ramène directement au fondement spirituel de notre vie. J’apprécie également le passage de Science et Santé où Mary Baker Eddy mentionne la disparition de « la malédiction » concernant la naissance: « L’Entendement maîtrise les douleurs de la parturition dans les règnes inférieurs de la nature, où la naissance des animaux s’accomplit sans souffrance [...] Lorsque se dissipera la vapeur de l’entendement mortel, alors sera effacée la malédiction prononcée contre la femme: "Tu enfanteras avec douleur”. » (p. 557)
C’était là un concept nouveau pour moi. Cette affirmation de Mary Baker Eddy, qui se rapporte au récit biblique de la Création: « [...] tu enfanteras avec douleur » (Genèse 3:16), a été une révélation: nous n’avons pas à souffrir puisque l’Entendement divin maîtrise les douleurs de l’accouchement. Le dessein divin pour Ses enfants n’inclut pas de souffrance, car Dieu crée Sa création et lui donne vie. Le même passage de Science et Santé se poursuit ainsi: « La Science divine dissipe les nuages de l’erreur avec la lumière de la Vérité, lève le rideau sur l’homme et révèle qu’il n’est jamais né et ne meurt jamais, mais coexiste avec son créateur. » Voilà la clé: nous coexistons avec le Créateur, et nous ne naissons pas, ni ne mourons.
La parturition est l’accouchement naturel, l’enfantement. La mise au monde inclut l’idée des neuf mois de préparation. Dans les consultations prénatales, l’une de mes tâches consistait à inscrire les femmes enceintes pour leur futur accouchement et à les y préparer, ce qui était considéré comme une phase importante. Maintenant que je suis praticienne de la Science Chrétienne, je vois cette période de neuf mois pendant laquelle l’enfant se développe comme une occasion de développement pour la pensée. Il s’agit de spiritualiser et de purifier la pensée, et ce développement mental et spirituel oriente le déroulement de la naissance matérielle.
Voici une autre question que je traite pendant la grossesse d’une patiente: la pensée astrologique, c’est-à-dire la croyance que l’horoscope, les signes du zodiaque, les présages et autres signes astronomiques puissent avoir une influence sur notre vie. Vous entendez dire: « Nous sommes compatibles parce que je suis Gémeaux et qu’il est Poissons. » Or, si nous savons que nous vivons toujours dans l’Esprit infini, et que nous en procédons, alors se révèlera la loi spirituelle qui annule ces lois sur la position des astres. L’Esprit est la seule loi possible de vie, pour toujours, et il n’existe aucune autre influence qui puisse peser sur nous. Dieu nous a donné d’office le droit d’être libres de l’emprise des ces fausses lois et de ces fausses croyances.
Je pense qu’il est important qu’une future maman rédige un journal de bord exprimant des pensées de gratitude, afin que la période de gestation reste heureuse et pleine de joie. La naissance est l’acte de donner le jour à la joie et à l’amour. Mary Baker Eddy a décrit l’homme, qu’il soit de sexe féminin ou masculin, comme « l’idée composée de Dieu, incluant toutes les idées justes » (ibid., p. 475); et cette définition m’incite à penser qu’il est nécessaire d’établir une liste de toutes les idées spirituelles que nous nous attendons à voir chez nos enfants. Et cette liste pourrait inclure un grand nombre de qualités !
Savoir quand commence la vie est un sujet très controversé, notamment en ce qui concerne l’avortement et la recherche sur les cellules souches. Comment voyez-vous le début de la vie ?
Le concept de la Science Chrétienne est un message radical et révolutionnaire: l’homme, fait à l’image de Dieu, est parfait, et la vie procède de Dieu. La conception est purement spirituelle, et le fait d’élever la pensée à ce niveau nous offre le seul endroit où nous puissions placer la conception. Le premier chapitre de la Genèse nous dit en effet que Dieu a créé l’homme à Son image; et Jésus nous a appris que Dieu est Esprit.
Puisque Dieu est Esprit, il s’ensuit naturellement que Sa création, ou « ressemblance » est spirituelle et bonne, et qu’elle n’est pas matérielle. Cette idée suit très fidèlement l’enseignement biblique de la Genèse, dans lequel Dieu a tout fait, et dit que « cela était très bon. » (Genèse 1:31)
La vraie prière doit inclure cette idée: reconnaître Dieu, l’Entendement divin comme la seule source de l’intelligence, de la force, de la vie et de notre existence même. J’aime cette phrase de Science et Santé: « Ceux qui sont instruits dans la Science Chrétienne sont arrivés à la glorieuse perception du fait que Dieu est le seul auteur de l’homme. » (p. 29) L’auteur, c’est celui qui crée, produit ou fait exister. Ainsi la création est-elle la révélation des idées de l’Entendement divin.
Alors, ne pourrions-nous pas dire que l’Entendement divin conçoit Sa création en permanence ?
Il ne fait aucun doute que la vie en Dieu a toujours été vraie, et qu’il n’y a rien que nous puissions entreprendre pour la faire ou la défaire. Notre vie est écrite dans « le livre de vie » (voir par exemple: Philippiens 4:3) Mary Baker Eddy a écrit qu’il n’existe pas deux créations mais que « le Principe ne fait qu’un avec son idée » (ibid., p. 465). Il n’y a qu’une création et elle est spirituelle. L’Entendement divin ne pouvait créer un univers matériel, et ce que nous voyons donc comme vie humaine est un rêve matériel et temporel qui ne touche jamais notre spiritualité. Nous sommes des idées spirituelles et parfaites créées par l’Entendement. « Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie... » (p. 468). Nous ne pouvons pas plus naître en arrivant dans la matière que nous ne mourons en en sortant, car nous ne sommes pas quelque chose de séparé de l’Entendement divin.
Dans le livre d’Ésaïe, le prophète entend Dieu lui demander: « Ouvrirais-je le sein maternel, pour ne pas laisser enfanter ? dit l’Éternel; [...] Empêcherais-je d’enfanter? » (Ésaïe 66:9) L’accouchement est sous le contrôle de la maternité de Dieu. Cette idée est très belle, car elle nous renvoie exactement là où Dieu prend soin de toute Sa création, et la création se poursuit constamment dans l’Entendement divin.
L’hérédité et les prédispositions génétiques à des maladies potentielles reposent sur la croyance que la vie et nos perspectives de vie sont fondées sur la matière. Comment priez-vous au sujet de ces problèmes ?
En guérissant un aveugle, Jésus a rejeté le péché et l’hérédité. Quand les personnes qui l’entouraient ont demandé qui avait « péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle » (Jean 9:2), Jésus a totalement rejeté tant l’hérédité que le péché.
Cette définition de Dieu donnée dans la première épître de Jean, « Dieu est amour » (I Jean 4:8), est l’idée maîtresse de la Science Chrétienne. Cette déclaration fait écho à la promesse de la Genèse où l’homme est créé comme étant très bon, affirmant la nature complète et achevée de la création de Dieu. Comme Dieu est parfait et immuable, Il ne pouvait amener à la vie quoi que ce soit d’imparfait et de changeant. L’Entendement ne pouvait concevoir d’améliorer Sa propre nature parfaite.
Il en découle que dans la bonté de notre Père-Mère Dieu, nous avons droit au ciel, à la perfection, aux qualités de pensée que nous percevons quotidiennement à mesure que nous reconnaissons pour nous-mêmes ces vérités spirituelles. Et faire cela efface totalement les fausses croyances liées à une vie matérielle dirigée par l’hérédité. Étant donné que nous sommes faits à l’image de Dieu, image parfaite, complète et saine, nous ne pouvons présenter de développement anormal ou défectueux. Lorsque quelqu’un me contacte dans le cadre de ma pratique de la Science Chrétienne pour une croyance héréditaire X ou Y, je lui dis toujours que, puisque Dieu est notre Père-Mère, Il nous a donné le droit d’être libérés de fausses lois matérielles.
Qu’en est-il des couples qui sont confrontés à la stérilité? Comment la prière chrétienne peut-elle les aider dans ces cas-là ?
Il arrive que des couples se croient trop avancés en âge pour concevoir. Lorsque Élisabeth a mis Jean-Baptiste au monde, elle n’était pas seulement âgée, mais aussi stérile. Ce qui est vrai, c’est que rien ne peut être ajouté à l’œuvre créatrice de Dieu. Lorsqu’une femme vient vers moi pour un problème de stérilité, nous avons là l’occasion d’apprendre à mieux connaître la maternité de Dieu. Nous avons par exemple besoin de nous libérer de la notion qu’en nous consacrant à une carrière, nous avons manqué le coche et ainsi dépassé le pic de fertilité. Déchargeons-nous du poids personnel de responsabilité et apprenons davantage ce qu’est la maternité de Dieu et comment nous pouvons exprimer cette vérité. L’attente d’un bébé est toujours synonyme d’espérance, d’accueil, et c’est pourquoi le sujet de ma prière est de développer chez les parents la réceptivité au bien, leur capacité à recevoir le bien.
Parfois, la solution peut être l’adoption. Celle-ci en effet consiste à ouvrir la pensée à la vision de la nature universelle de la paternité et de la maternité. L’adoption, perçue comme un développement spirituel et mental, manifeste le seul Entendement qui se révèle comme Père-Mère Dieu de tous. L’Entendement divin montre à ceux qui parcourent le chemin de l’adoption les liens qui existent déjà entre l’enfant et eux, et l’enfant à ce moment même trouve sa place auprès de ses parents.
Nous avons tendance à penser que la femme doit toujours être en train de donner, mais il est important d’être capable de recevoir cet amour qui s’exprime envers nous de nombreuses façons. Quand vous êtes celle qui donne, il peut être difficile de recevoir. Or, lorsque nous sommes réceptifs au bien et que nous réalisons que la totalité du bien est déjà à notre disposition, alors il en arrive davantage encore.
J’avais une carrière, et nous étions mariés depuis longtemps sans avoir eu d’enfant. Nous étions désespérés, et le temps pressait. Nous étions rattrapés par l’horloge biologique. Cette pensée dirigeait tellement notre vie que j’ai décidé de ne plus m’accrocher, et d’aller vers autre chose. Parfois, quand vous désirez quelque chose de toutes vos forces, mais que vous « lâchez » complètement, cela vous est redonné avec grâce. Lorsque j’ai arrêté de me fixer sur l’idée d’avoir des enfants et que j’ai commencé dans un nouvel emploi, au bout de six semaines je me suis retrouvée enceinte. Et un deuxième enfant est arrivé sans crier gare, tout aussi simplement.
Vous n’avez pas la liberté d’accueillir le neuf tant que vous n’avez pas abandonné l’ancien. Nous devons lâcher prise, et lorsque c’est le cas, nous nous éveillons au bien qui est déjà là en nous, nous nous éveillons à Dieu.
