Un de mes amis, en Afrique, travaillait au lancement d'un nouveau périodique éducatif et populaire. Il n'avait aucune expérience journalistique et choisit comme rédactrice en chef une femme remarquable, mais qui n'avait pas plus d'expérience que lui.
Dès le début de leur collaboration, de profondes divergences apparurent, tant au niveau des idées, de l'analyse de la société que des méthodes de travail. Le climat entre eux était très tendu. Plutôt que de se séparer de sa collaboratrice, ainsi qu'il en eut d'abord l'intention, mon ami, étudiant la Science Chrétienne, choisit de rechercher une solution à la situation par la prière.
À cette même période, une excroissance qu'il avait sur le dos devint très douloureuse. Quelques années auparavant, lors d'un check-up médical, un médecin lui avait conseillé de pratiquer une intervention chirurgicale afin de supprimer cette petite tumeur qui pouvait, disait ce médecin, devenir maligne. Ayant peu après commencé l'étude de la Science Chrétienne, mon ami avait oublié complètement la présence de cette excroissance.
Mais, en la sentant à nouveau, sa première pensée fut: cancer ! Une crainte terrible l'envahit. Il se mit alors à prier.
Cette phrase de Science et Santé lui vint clairement à l'esprit: « ... travaillons à dissoudre avec le dissolvant universel de l'Amour l'erreur adamantine — la volonté personnelle, la propre justification et l'amour de soi... » (p. 242) Il a senti que cette phrase s'appliquait autant à la situation de son travail qu'à son état physique. À partir de ce moment, chaque fois que lui venait une pensée critique envers sa collègue, il la remplaçait par une pensée d'amour, sans l'ombre d'un reproche. Quelques jours plus tard, il remarqua des taches de pus et de sang sur sa chemise. Il réalisa qu'il était guéri. La grosseur avait bel et bien disparu. Il continua cependant cette discipline spirituelle consistant à remplacer à chaque instant l'amertume par des pensées bienveillantes. Au bout de quelques semaines, les relations avec sa collègue s'étaient améliorées et bientôt, ils s'entendaient à merveille. À un moment, celle-ci lui demanda même, après plusieurs jours de migraines: « Pourras-tu me prêter ton livre qui guérit ? » [Elle faisait allusion à Science et Santé, le livre de Mary Baker Eddy.] L'Amour divin est omniprésent et omnipotent. Chacun, dans sa vie quotidienne, peut explorer le pouvoir de cette loi infaillible de l'Amour inconditionnel. Mary Baker Eddy a écrit: « Les efforts de l'Amour ne sont pas perdus. Cela peut être perdu de vue par les cinq sens personnels qui ne saisissent ni la signification ni la grandeur de l'abnégation de soi; mais la Science exprime l'amour désintéressé, révèle petit à petit le bien infini, entraîne des forces irrésistibles, et finalement montrera les fruits de l'Amour.» (Écrits divers, p. 100) Dans le cas de mon ami, ces « forces irrésistibles » avaient d'abord chassé la crainte de sa propre pensée et guéri ensuite son problème physique.
Je me suis rendu compte qu'aimer inconditionnellement, c'est bien plus qu'un simple exercice mental. En réalité, nous ne pouvons jamais aimer un mortel pécheur.
Mais nous aimons la nature divine qui s'exprime toujours en chaque être. L'apôtre Pierre déclarait avec assurance: « Dieu m'a appris à ne regarder aucun homme comme souillé et impur. » (Actes 10:28) Le mot aucun est une exigence spirituelle radicale ! Il implique qu'en réalité tout homme est parfait en Dieu et toujours digne d'être aimé. Cet homme parfait imperceptible aux sens humains, la Science Chrétienne l'appelle idée spirituelle ou le Christ. Nous aimons inconditionnellement le Christ toujours présent en chacun. J'aime comparer cette perception spirituelle à l'action de l'interrupteur. Lorsque nous manœuvrons l'interrupteur en entrant dans une pièce obscure, les lampes éclairent et illuminent cette pièce. De même, lorsque nous percevrons, avec cet amour inconditionnel, la nature spirituelle et parfaite de notre prochain, les ombres déformantes disparaissent et la lumière éclaire son être.
Doit-on pour autant fermer les yeux devant le comportement immoral, malhonnête ou injuste d'une personne ?
Certainement pas ! La pureté de l'amour nous pousse au contraire à avoir les yeux grands ouverts à l'égard du mal, non pas pour en faire une réalité, mais pour en percevoir la totale irréalité. Nous apprenons à aimer inconditionnellement parce que c'est le seul chemin menant vers le bonheur véritable, la santé et la plénitude, et parce que l'amour inconditionnel est l'essence même de ce que nous sommes, la substance même de notre identité réelle créée à l'image de Dieu. En réalité, le seul vrai choix qu'à l'homme, tout homme, toute femme, c'est celui d'aimer son prochain. Il n'y en a point d'autre.
J'ai pu constater bien des fois qu'aimer inconditionnellement ne consiste pas simplement à passer l'éponge sur une erreur commise, mais que c'est voir le mal comme « impersonnel ». C'est séparer dans sa pensée l'erreur de la personne, et prendre conscience de la perfection inaltérable d'enfant de Dieu de notre prochain. Aimer ainsi son prochain implique aussi une profonde régénération intérieure et se traduit naturellement par des actes: plus de patience, de respect du prochain, de tendresse, etc.
Dieu est Amour. Son Amour n'a point de limite et point de conditions. C'est seulement lorsque nous comprenons cela et que nous reflétons cet Amour divin qui inclut tout et tous, que notre amour commence à revêtir le pouvoir divin qui guérit.
Quelle merveilleuse leçon nous fut donnée par Jésus lorsqu'on lui demanda de juger la femme prise en flagrant délit d'adultère ! Traditionnellement, celle-ci encourait la lapidation. Mais Jésus refusa de la condamner. Il n'a pas attendu de voir sa régénération pour l'aimer. Non, il l'aima tout de suite de manière inconditionnelle. Ainsi que le déclare Mary Baker Eddy, « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades » (Science et Santé, p. 476-477).
Pour finir, il dit donc simplement à cette femme: « Va et ne pèche plus. » (voir Jean 8:3-11) Cet ordre était aussi la révélation pour cette femme de son bonheur, de sa liberté et de sa sainteté données par Dieu. Récemment, j'ai découvert que lapider pouvait signifier « critiquer durement ». J'ai compris que chaque fois que je m'attardais en pensée ou en parole sur les erreurs de mon prochain, sur ses défauts ou sur ses faiblesses, je le lapidais, en quelque sorte.
En apprenant à aimer inconditionnellement notre prochain, nous aussi nous contribuons à restaurer dans une certaine mesure la pureté, la perfection et la sainteté inhérentes à tout enfant de Dieu. Et, comme dans le cas de mon ami avec sa collègue, cette prise de position spirituelle nous régénère mentalement et physiquement.
Quelle libération et quelle source de progrès de ne jamais perdre de vue un seul instant que la véritable identité de l'homme est toujours innocente, sincère, honnête, intacte et pure !
