Il est des jours où nous tombons dans le piège de tout considérer de façon négative. Nous nous laissons abattre, perdons espoir et, quoi qu'il arrive, nous imaginons le pire. (Cela ne vous arrive peut-être jamais, mais c'est hélas parfois mon cas.)
Lorsqu'on est dans cet état d'esprit, même les idées qui pourraient normalement aider à relever la tête semblent s'inverser pour devenir source de tourment. Ce que je veux dire par là ? Il y a quelque temps, alors que je me sentais très malade, mes prières pourtant sincères ne semblaient avoir aucun effet. Tandis que je priais, une parole de Jésus Christ m'est venue à l'esprit: « [...] si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne: Transporte-toi d'ici là, et elle se transporterait; rien ne vous serait impossible.» (Matthieu 17:20) Il s'agit d'un message d'espoir, mais au lieu d'y voir un encouragement, je l'ai pris à l'envers. Considérant le manque de résultat de mes prières, j'en ai conclu que ma foi devait être trop petite, trop faible, et qu'elle était même plus insignifiante qu'un grain de sénevé. Selon toute évidence, le tableau déjà négatif s'était encore assombri.
La Bible rapporte les paroles de l'apôtre Paul déclarant que « l'affection de la chair est inimitié contre Dieu (Romains 8:7). Ce par quoi je passais alors illustre bien ce type de mentalité qui s'oppose à Dieu. Cet entendement charnel s'ingénie à suggérer, au moyen de pensées noires, que nous ne sommes plus reliés à Dieu, source de tout bien, de santé, d'intelligence et de force. Toute suggestion selon laquelle nous serions inadaptés, mal aimés, pauvres, malades, rejetés, provient de cette même source. Des pensées mortifères de ce genre se calent dans un coin de notre conscience pour insinuer que nous ne bénéficions plus de notre relation à Dieu ou que nous ne méritons pas Son aide, ou encore que Dieu n'est pas là pour nous. Elles tâchent de créer une faille entre nous et l'Amour divin, la source de tout ce qui nous fait du bien.
Plus nous écoutons ce genre de suggestion, et plus nous nous sentons mal. Elles semblent élargir le fossé entre le bien et nous-mêmes: c'est pourquoi Paul les a décrites comme s'élevant «contre Dieu.... De telles pensées sont les véritables ennemies de notre bien-être.
Or, dans cette lettre aux chrétiens de Rome, Paul a également nié avec véhémence la possibilité qu'un quelconque pouvoir du mal puisse séparer réellement qui que ce soit de la juridiction de Dieu, du pouvoir divin qui nous donne la vie et la préserve.
Cette soi-disant mentalité charnelle ne fait que susciter une atmosphère de défiance: « Je ne me sens pas bien; « il va se passer des choses terribles; « quoi que je fasse, ça ne changera rien; « je ne suis pas à la hauteur; «rien n'y fait... Ces idées noires nous font croire que nous sommes terriblement seuls. Mais, une fois de plus, l'effet principal est de nous pousser à oublier nos liens avec Dieu ou à continuer d'ignorer qu'à cet instant même notre vie, notre santé, notre famille, notre univers sont sous Son contrôle. Dans Science et Santé, ouvrage qui m'a aidé à comprendre la valeur spirituelle, pratique, de la Bible, Mary Baker Eddy, son auteure, incite fréquemment le lecteur à se détourner de ces pensées négatives et à rechercher les idées que Dieu offre à chacun de nous, à s'efforcer d'être réceptif à celles qui sont divinement intelligentes et qui lui communiquent le pouvoir de l'Amour divin. Elle écrit: « Fixez fermement votre pensée sur ce qui est permanent, bon et vrai, et vous le ferez entrer dans votre existence dans la mesure où cela occupera vos pensées. » (p. 261)
Je me suis toujours émerveillé des accomplissements de Paul à cet égard. Dans la lettre déjà citée, où il parle de cette prétendue influence de l'impulsion charnelle, il demande: « Qui nous séparera de l'amour de Christ ? Sera-ce la tribulation, ou l'angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l'épée ? » Et c'est par un « non » véhément qu'il répond, car il poursuit en effet avec une grande force de conviction: « Car j'ai l'assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. » (Romains 8:35, 37-39)
Paul était convaincu que rien ne pouvait le chasser du domaine de juridiction de Dieu. Il était certain que l'amour de Dieu constituait un pouvoir de sauver et non de punir, conscient que Dieu gouvernait Sa création à jamais. Et cette conviction anéantissait ce qu'il a appelé « l'affection de la chair ». Il n'a pas succombé aux influences négatives de la pensée, il les a rejetées au contraire, il s'est rebellé contre elles. Et comme l'entendement charnel n'a jamais aucun pouvoir ou effet réels sur la vie que nous avons en Dieu, le refus et la revendication mentales de Paul ont eu pour effet de le libérer de ces traquenards.
Mais qu'arrive-t-il si nous ne nous sentons pas aussi forts ni aussi sûrs que Paul ? C'est là que les paroles de Jésus au sujet du grain de sénevé nous sont vraiment précieuses. En ce qui me concerne, après avoir pensé pendant trop longtemps que ma foi était trop faible et trop petite, et mes prières inefficaces, je me suis souvenu d'une autre idée: on m'avait dit un jour qu'il n'était pas raisonnable de se focaliser simplement sur la petitesse du grain de moutarde, mais qu'il fallait également penser à l'autre attribut évoqué par Jésus: sa merveilleuse capacité de croissance. Notre foi peut bien être tout à fait minuscule, aussi insignifiante que la plus petite des graines de sénevé, mais l'élément clé, c'est qu'une graine peut pousser, et qu'elle va le faire. Cette graine va croître en foi, en conviction, en compréhension. Et nous pourrons finalement déclarer à la manière de Paul: « Je suis persuadé(e) que rien ne peut s'interposer entre Dieu et moi. J'ai l'assurance que Dieu est responsable de ma vie, que tout doit être en ordre, car rien ne me sépare, ni ne me séparera, moi ou ceux que j'aime, de la bonté de Dieu ! »
Dès que dans ma prière j'ai commencé à suivre cette ligne de pensée, je me suis rendu compte que j'étais en pleine forme.
Il existe beaucoup de grains de sénevé de foi autour de nous: ne laissez pas l'entendement charnel la déprécier ou l'écarter sous prétexte qu'elle est trop petite. Arrosez-la; mettez-la au soleil; elle va alors croître, et elle vous apportera la guérison en cadeau.
