Ces deux dernières années, j'ai vécu à New York, surnommée à juste titre « la ville qui ne dort jamais ». Pour moi qui venais du Nouveau-Mexique, le quartier de Manhattan était aussi bruyant que je pouvais l'imaginer. J'habitais juste à côté d'un chantier de construction. Pendant plusieurs mois, les ouvriers ont dû creuser les fondations en faisant sauter la roche dure.
À dire vrai, le bruit émanant de ce chantier si proche était loin d'être aussi assourdissant que ce que j'entendais en attendant le métro tous les jours: les tunnels semblaient concentrer et répercuter tous les bruits en provenance des quais. Lorsqu'un métro direct passait à vive allure dans ma station sans s'arrêter, très souvent, je voyais les gens se boucher les oreilles et fermer les yeux.
De retour au Nouveau-Mexique, j'apprécie le calme relatif de mon environnement. Avant d'habiter à New York, j'ai visité les grottes de Carlsbad, dans le sud-est du Nouveau-Mexique. Voilà un lieu tranquille ! Ces grottes magnifiques s'enfoncent à plus de 486 mètres sous terre. À un moment, notre guide nous a conduits dans une vaste chambre souterraine et nous a proposé d'éteindre nos lampes. Nous sommes restés là, assis tranquillement pendant quelques minutes. Quel moment sublime ! À cette profondeur sous terre, il n'y avait pas la moindre lueur, pas le moindre bruit. Le calme et la paix régnaient en maitres.
Malgré l'absence de tout repère auditif et visuel, les messages spirituels étaient toujours là. Tandis que j'écoutais au cœur de cette paix, j'ai entendu Dieu me communiquer une vérité lumineuse qui allait m'aider quand, par la suite, j'ai prié avec une personne pour une guérison – guérison qui s'est produite rapidement. J'ai emporté ce calme avec moi, et depuis je l'entretiens dans mon cœur, où que je sois. Je me suis même rendu compte que la meilleure façon de faire face au vacarme de la grande cité new-yorkaise, c'était de garder ce calme spirituel en moi.
J'aime beaucoup ce verset biblique: « Que mes instructions se répandent comme la pluie, que ma parole tombe comme la rosée, comme des ondées sur la verdure, comme des gouttes d'eau sur l'herbe ! » (Deutéronome 32:2) « Les ondées » évoquent quelque chose de très doux, de très paisible. Pour moi, ce sont les messages pleins de tendresse et d'amour de Dieu, messages de plénitude et de paix. Prendre le temps de sentir l'influence de tels messages apporte cohérence et grâce à notre quotidien, si bruyant soit l'environnement.
Jésus aborda la même idée lorsqu'il dit un jour à ses disciples: « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret. » (Matthieu 6:6) On peut « entrer dans sa chambre » et parvenir à ce calme et à cette paix intérieurs à n'importe quel moment de la journée. Cela m'est arrivé alors que je faisais la queue pour payer mes achats dans un supermarché, et même quand j'attendais sur un quai l'arrivée du métro. C'est l'occasion de me sentir un avec Dieu et de me laisser absorber par Son amour pour moi et pour tous ceux qui m'entourent.
Parlant de « calme stationnaire », l'auteur et leader religieux Mary Baker Eddy offre un point de vue tout à fait intéressant sur ce que signifie être proche de Dieu et sur ce que cela permet d'accomplir. Dans son livre autobiographique, Rétrospection et Introspection, elle écrit: « Le meilleur type spirituel de la méthode du Christ pour élever la pensée humaine et pour communiquer la Vérité divine, est la puissance, le calme et la force stationnaires; et lorsque cet idéal spirituel devient le nôtre, il devient le modèle de l'action humaine. » (p. 93)
Sentir cette puissance, ce calme et cette force stationnaires constitue l'une des plus grandes manifestations de spiritualité dans notre vie. Il est possible, et immensément utile, de cultiver le calme stationnaire à tout moment de la journée. Jésus en donna un bon exemple alors qu'il quittait la ville de Jéricho au milieu d'une foule très animée. Un aveugle qui passait son temps à mendier, assis au bord du chemin, se mit à appeler Jésus à plusieurs reprises: « Fils de David, aie pitié de moi ! » Il est dit alors que « Jésus s'arrêta » et demanda qu'on l'appelle. (voir Marc 10:46-52) L'homme fut guéri aussitôt, sur ce chemin très fréquenté.
On ne peut qu'imaginer ce que fit Jésus au moment où il « s'arrêta » ce jour-là. Il connaissait certainement ces beaux messages de l'Ancien Testament: « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu » (Psaume 46:11) ou: « Ne craignez rien, restez en place, et regardez la délivrance que l'Éternel va vous accorder » (Exode 14:13). Il me semble que le calme exprimé par Jésus correspondait à un moment de prière.
Je me suis souvent demandé ce que signifie être comme Jésus et manifester un calme « stationnaire », ce qui, en d'autres termes, renvoie au verset précédemment cité: « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu ». Les reflets sur un lac sont plus nets quand ses eaux sont calmes et tranquilles, et nous aussi, nous pouvons refléter les messages que Dieu nous adresse quand nos pensées sont calmes et sereines.
Comment devenir assez calme pour prier lorsqu'on se trouve dans une rue très fréquentée ou que la pensée est encombrée par mille choses ? Je me suis rendu compte qu'on peut, par exemple, commencer à être assez humble et silencieux soi-même pour permettre à Dieu de parler. Tout le monde est réceptif aux messages divins, mais cette réceptivité demande qu'on l'approfondisse et qu'on la nourrisse en pratiquant un christianisme scientifique. Quand je me détourne mentalement du vacarme ambiant pour m'ouvrir spontanément à la présence de Dieu, je m'incline en fait devant Sa volonté, devant le calme naturel qui émane sans cesse de l'unique Entendement. Si l'on fait preuve d'une humble réceptivité, on peut s'ouvrir aux idées de Dieu et s'épanouir dans n'importe quel environnement.
C'est dans le calme que l'on peut entendre ces messages puis agir selon les instructions de la Vérité divine, l'Esprit. Le calme et l'injonction « sachez que Je suis Dieu » vont de pair. La paix vient avec la connaissance de ce qui est vrai, connaissance directement inspirée par la Vérité. Si agressifs aux tympans que soient la radio, les jeux vidéo, la télévision ou le téléphones portables, la découverte et la paisible conscience de la présence de Dieu peuvent éclipser toute autre chose. Étant donné que Dieu nous entoure déjà tous, nous pouvons nous tourner vers lui à notre tour en renonçant aux vieux schémas de pensée afin de nous ouvrir de façon permanente à ce qu'Il connaît.
Le calme stationnaire a en outre ceci d'avantageux qu'il nous permet d'échapper à l'agitation de l'entendement humain superficiel, qui se traduit en général par diverses formes d'égoïsme et un manque de discipline. Le calme nous empêche de faire des choix inconsidérés et de réagir trop vite dans les moments stressants il favorise une « fixité » spirituelle, qui n'a rien à voir avec de l'entêtement, dans la poursuite de nobles objectifs, accompagnée des efforts nécessaires pour y parvenir. Ainsi, c'est notre être même qui est fondé sur le roc du Christ, la Vérité.
Comment devenir assez calme pour prier lorson'on se trouve dans une rue très fréquentée on que la pensée est encombrée par mille choses ?
Deux de mes amis, une mère et sa fille, étaient parties pour un long voyage. Alors qu'elles roulaient sur une autoroute, elles entrèrent en collision avec un autre véhicule, et leur voiture fit un tonneau. D'abord secouées par l'accident, il leur parut presque impossible de retrouver la paix pendant les heures qui suivirent. Au milieu des hurlements des sirènes et des ambulances, des questions et des cris incessants, nul doute que mes deux amies avaient fort à faire.
Plus tard, la maman m'a raconté qu'une chose merveilleuse était arrivée après qu'on les eut transportées en urgence dans un hôpital pour leur faire subir des examens. Malgré tout ce qui se passait autour d'elles, elle se sentait étonnamment paisible. Le sentiment de la présence et de l'amour de Dieu l'avait envahie, comme une réponse silencieuse à ses prières. Elle dit à sa fille qu'elle allait bien et qu'elle voulait sortir de l'hôpital. Elles signèrent le formulaire de sortie et partirent une fois toutes les formalités accomplies.
Comme leur voiture n'était plus en état de rouler, elles durent prendre un taxi pour aller dans un hôtel proche. C'était drôle, m'a-t-elle raconté, de voir le visage du chauffeur quand elles montèrent dans son taxi. Elles portaient toujours leurs vêtements déchirés et semblaient sortir du chaos ! Mais elles étaient tout à fait calmes, sereines et capables de faire ce qu'elles avaient à faire, en se sentant bien.
J'ai gardé en moi ce calme que je ressentais sur les quais de métro à New York. Je m'abreuve à ces « ondées », écoutant les messages divins d'amour, de santé et de paix. Je me demande comment l'homme créé par Dieu – c'est-à-dire chacun de nous – pourrait être privé de la perfection spirituelle que Dieu lui a donnée. « Bâtissant sur le roc des enseignements de Christ, nous avons une superstructure éternelle dans les cieux, omnipotente sur la terre, embrassant le temps et l'éternité », écrivit un jour Mary Baker Eddy à son Église. (Quatre messages à L'Église Mère, Message de 1901, p. 25). Quels que soient nos projets aujourd'hui, où que nous allions, nous pouvons emporter notre « calme stationnaire » avec nous.
Nous pouvons sentir la bonté simple et profonde de Dieu et voir qu'elle embrasse tous ceux auxquels nous pensons et que nous rencontrons.
