« Tu prends un verre ? », m'a demandé un copain, un soir, l'été dernier, alors que nous étions dans le sous-sol de sa maison. Il y avait deux filles avec nous, et je ne voulais pas passer pour un ringard. Je savais que cet ami allait finir par me poser la question, et des pensées ont commencé à fuser dans ma tête à toute vitesse.
À l'école préparatoire que je fréquentais, la popularité se mesurait à plusieurs facteurs, les principaux étant la quantité d'alcool qu'on absorbait, le nombre de soirées « cool » auxquelles on assistait et les rapports sexuels qu'on avait. Au moment où mon ami m'a offert un verre, il me semblait que j'avais assez bien compris pourquoi je n'en avais pas besoin. Principalement, je ne veux pas avoir à dépendre de sources extérieures comme l'alcool pour être populaire ou pour me détendre. Or, à cet instant, je ne pouvais penser à rien d'autre qu'à ce qu'on dirait de moi si je refusais.
J'avais la pensée embrumée par la peur de faire ce qui n'est pas populaire. Mais je me suis rapidement souvenu d'un passage de Science et Santé que j'avais appris à l'école du dimanche: « Revêtu de la panoplie de l'Amour vous êtes à l'abri de la haine humaine. » (p. 571) Pour moi, cette phrase a toujours voulu dire que nous vivons en présence de Dieu, de l'Amour divin, où les critiques et la haine ne peuvent nous blesser. Cela signifiait qu'il était impossible à mes amis de me détester parce que j'avais pris une décision impopulaire. Ils ne pouvaient voir en moi que l'image de l'amour et de la perfection de Dieu, et leur sens spirituel leur disait qu'eux aussi étaient le reflet de Dieu. Nous n'avions pas besoin, pour être heureux et détendus, d'ajouter quoi que ce soit, comme de l'alcool, à ce que nous étions.
Alors, quand j'ai dû répondre à la question de mon ami, « Tu prends un verre ? », je lui ai dit « non merci », tout simplement. J'ai été surpris par la facilité avec laquelle mes amis ont admis ma décision. Ils ont déclaré qu'aucun d'eux ne boirait ce soir-là.
J'ai vécu une expérience similaire, il y a quelques mois, en France. Tout le monde buvait, sauf moi. Je me suis demandé si je m'amusais autant que les autres membres du groupe. Ils paraissaient pleins de vie et de joie. Je me sentais ennuyeux et peu sociable.
Puis je me suis mis à résister à ces suggestions négatives qui se présentaient comme mes propres pensées. J'ai affirmé avec fermeté que les idées avec lesquelles j'avais prié auparavant étaient vraies: mes amis ne pouvaient voir en moi que l'image de la perfection divine et il était donc impossible que je passe pour « moins cool ». Dans mes prières, j'ai aussi traité la suggestion selon laquelle je n'étais pas capable de m'amuser sans alcool. J'ai affirmé que la joie ne vient que de l'amour de Dieu et que cette joie est sincère et éternelle, qu'elle ne cesse jamais.
Pendant tout le voyage, je ne me suis jamais senti gêné parce que je buvais un soda au lieu d'une bière, et tous les copains m'ont dit que j'étais bien plus intelligent qu'eux puisque je ne buvais pas. D'ailleurs, à la fin du voyage, l'un d'eux m'a dit combien il me respectait pour avoir été fidèle à mes principes, alors que tous les autres autour de moi n'avaient pas arrêté de boire.
À la suite de ma première expérience chez mon ami, j'avais commencé à réfléchir aux autres choses qui semblaient déterminer le niveau de popularité, comme aller à des soirées débridées et avoir des rapports sexuels. Un ami m'a parlé d'une soirée où plusieurs personnes ont volé plus de mille dollars en bijoux et en argent liquide qui se trouvaient dans la chambre des parents de l'hôte, et ont aspergé de peinture des meubles qui valaient encore plus cher. Je savais déjà que je ne voulais pas me rendre à de telles soirées, mais quand j'ai entendu cette histoire, je me suis dit que je pourrais prier au sujet des pressions qui finissent par causer de gros ennuis à de nombreux adolescents. Certains se retrouvent même en prison.
Un soir, j'ai ouvert le livre Écrits divers pour y puiser l'inspiration. Mary Baker Eddy écrit ceci: « Avant d'être traduites en actes, les pensées positives et impératives devraient être mises dans la balance de Dieu et pesées par l'Amour spirituel, et ne pas être trouvées trop légères.» (p. 288) J'ai alors compris que l'Amour divin a déjà pesé chaque pensée qui nous vient, bonne ou mauvaise, pour en connaître la valeur. Donc, les adolescents, reflets de l'Amour divin, savent quelles pensées sont bonnes, et pour cette raison, il leur est possible d'être libres de toute influence qui les ferait agir sans réfléchir lors d'une soirée.
Le même soir, j'ai aussi prié au sujet de l'importance que prend le sexe à ces soirées. J'ai relu l'histoire de Joseph dans la Bible, dont nous avions souvent parlé à l'école du dimanche. Joseph fut mis à l'épreuve lorsqu'il se retrouva seul chez Potiphar, son maître, avec la femme de celui-ci. C'est alors que ses ennuis commencèrent. La Bible dit: « ... il arriva que la femme de son maître porta les yeux sur Joseph, et dit: Couche avec moi ! » Or Joseph refusa de se laisser attirer dans une relation destructrice. Il repoussa ses avances en lui disant: « Comment ferais-je un aussi grand mal et pécherais-je contre Dieu ? » (Genèse 39:7, 9) Beaucoup de jeunes pensent que le sexe et l'alcool les rendent plus cool, mais en réalité ils se leurrent, comme la femme de Potiphar, croyant que les sens matériels apportent plaisir et douleur. C'est une croyance populaire qui nie la bonté et la totalité divines.
En restant fidèle à ses principes moraux, Joseph prospéra. Bien qu'il fût emprisonné injustement après avoir refusé de céder à la femme de Potiphar, ses années de prison finirent par le conduire à devenir celui qui préserva de la famine non seulement l'Égypte, mais aussi tous les pays avoisinants. J'en suis venu à envisager la popularité sous un angle plus spirituel. Mes amis et moi ne sommes peut-être pas montés aussi haut sur l'échelle de la renommée qu'un grand nombre de nos camarades, mais nous étions tous les idées uniques de Dieu, et par conséquent tout aussi cool et populaires qu'eux. Être conscient de ce fait m'a permis de vivre mes années d'adolescence dans la paix et avec un sentiment de plénitude.
