J'étais la cinquième d'une famille de six enfants, et on avait toujours pensé que j'étais de santé délicate. L'une de mes nièces m'a demandé récemment comment j'avais réussi à atteindre l'âge de quatre-vingt-quinze ans. Je lui ai répondu que je ne pense pas à la vie ou à des choses d'une façon matérielle. Je lui ai dit que je pense à toutes les choses belles de la vie. J'aime cultiver des pensées de paix, de joie, de gratitude, comme celles qui me viennent de la poésie ou de la musique, ou encore de la prière. J'apprécie le fait que ces pensées me parlent de Dieu et de Son message d'amour pour chacun de nous. C'est comme cela que je trouve de la splendeur dans chaque jour qui passe. Aujourd'hui, le monde est si bruyant. Dehors, on entend des voitures, des camions, des tondeuses à gazon, des avions. Dedans, il y a les appareils électroménagers, les climatiseurs et la télévision. Je pense que nous avons besoin de rechercher et d'apprécier les bienfaits de la solitude, où que nous soyons.
Dans la maison de retraite où je réside, il y a beaucoup de personnes du « quatrième âge ». L'une de mes voisines vient d'avoir cent ans. Je pense aux heures que nous passons seules, et aux idées déprimantes qui peuvent venir à l'esprit pendant ces heures. Beaucoup de ceux qui vivent en maison de retraite ne sont plus capables de lire, et on accomplit pour eux beaucoup de tâches, comme la cuisine, le ménage et la lessive. Il est alors aisé de se sentir seul et inutile.
Je me suis aperçue que, grâce aux idées que j'ai apprises en Science Chrétienne, je pouvais changer ces pensées déprimantes, et que « tout seul » pouvait se transformer en « un seul Tout », ou encore toujours un avec Dieu. J'aime beaucoup le psaume de la Bible qui dit: « L'aube apporte la joie » (Psaume 30:6). Pour moi, être seule, cela signifie avoir le temps de parler avec Dieu, d'écouter Sa voix. Alors, j'accepte le don de la solitude.
J'apprécie aussi ce que les autres font pour moi. J'aime les qualités de Dieu qu'ils expriment quand ils m'aident. On ne sait jamais qui, dans la vie, va vous apprendre ce que vous avez besoin de savoir. Parfois, une chose que votre instituteur vous a dite ou quelques mots entendus dans votre enfance vous reviennent en mémoire et prennent un sens nouveau. Ou alors, on apprend quelque chose en voyant comment quelqu'un vit sa vie. Ma devise est: « Vivez cent ans mais apprenez toujours.»
Dans la maison de retraite où j'habite, nous avons des activités qui m'aident à continuer à apprendre.
Par exemple, certains jours, nous avons des réunions au cours desquelles quelqu'un lit à haute voix des articles tirés des journaux et magazines de la semaine, et nous en discutons. J'ai la possibilité d'assister aussi aux réunions de témoignages du mercredi soir dans une église de la Science Chrétienne proche, où sont données des lectures tirées de la Bible et de Science et Santé de Mary Baker Eddy. Les assistants y relatent des témoignages de guérisons qu'ils ont obtenues par la prière et l'étude spirituelle. Et, quand on a été scientiste chrétienne comme moi pendant soixante-quinze ans, on a beaucoup de témoignages à partager ! Pourtant, beaucoup de personnes souffrent de solitude. Elles pensent qu'elles ont besoin d'être avec de la famille ou des amis. Elles espèrent qu'on va leur téléphoner. Mais quand je pense qu'être toute seule, c'est ne faire qu'un seul tout avec notre Père, Dieu, ne faire qu'un seul tout avec le Consolateur que Jésus a promis et qui est là, dans la Science Chrétienne, alors, je ne ressens pas de solitude.
On entend souvent les gens dire: « Je n'ai pas le temps. » Ils mènent des vies si trépidantes. Nous, pourtant, à l'âge d'or, nous avons de longues journées vides devant nous. Avant d'arriver à cet âge d'or, nous avons peut-être passé beaucoup de temps dans des activités pour l'église, ou d'autres activités bénévoles ou à pratiquer un hobby. Pendant plusieurs années, j'ai aidé des enfants de mon quartier à apprendre à lire. J'apportais un soutien de lecture en aide individualisée dans des écoles publiques. Les enfants avaient besoin d'aide pour acquérir les rudiments de la lecture. J'ai commencé cela il y a des dizaines d'années, à un moment où les enseignants s'interrogeaient sur les raisons pour lesquelles tel ou tel enfant ne savait pas lire. J'ai cessé il y a trois ans, quand la question des transports est devenue difficile. J'avais aidé ces enfants parce que cela faisait partie de l'amour qu'on a en soi et qui est là pour être partagé. Je ne le fais plus maintenant, mais j'ai gardé en moi ce que j'ai appris en le faisant, ainsi que la gratitude et l'amour de ceux pour qui je le faisais.
J'ai appris à fabriquer des quilts (couvertures en patchwork) à l'âge de soixante-dix ans, et je l'ai fait pendant onze ans. C'était une activité qui durait toute la journée. Chaque membre de notre groupe apportait son déjeuner, et nous passions la journée à travailler ensemble. Je savais déjà coudre et faire d'autres travaux d'aiguille parce que j'avais eu l'habitude de confectionner mes propres vêtements, ainsi que des anoraks et d'autres habits pour mes enfants. Quand je partais en voiture pour nos réunions de couture, j'avais juste assez de temps pour me réciter ou chanter les sept poèmes de Mary Baker Eddy qui sont des cantiques dans l'Hymnaire de la Science Chrétienne. Donc, sur la route, je me préparais à donner silencieusement des pensées utiles aussi bien qu'à coudre. Je peux encore ressentir la gentillesse qui était si évidente dans notre groupe et chez la personne qui encadrait notre activité.
Aujourd' hui, je remercie Dieu pour les bienfaits que ces activités m'ont apportés, mais je suis aussi reconnaissante pour les bienfaits qui me viennent du don de la solitude. Quand je pense à des passages de la Bible et à des écrits de Mary Baker Eddy, c'est comme si des amis venaient me rendre visite. Les cantiques me sont chers parce que j'ai toujours aimé la poésie. Quand j'ai commencé à étudier la Science Chrétienne, j'ai d'abord lu l'hymnaire et les leçons bibliques. Plus tard, j'ai appris à lire et à étudier Science et Santé.
Pour moi, le cantique 342 de l'Hymnaire de la Science Chrétienne a toujours signifié que nous pouvons être en bonne compagnie avec des idées. La dernière strophe se termine ainsi (en anglais): « Vêtus de robes de joie brillantes, soyez contents, rendez grâce, réjouissez-vous. » (Laura Lee Randall). C'est un bon début de journée pour n'importe qui. Imaginez être revêtus de robes de joie brillantes!
Une autre idée qui m'accompagne est celle-ci: « Sois tranquille, et sache que je suis Dieu. » (Psaume 46:10, d'après la version King James) On n'a pas besoin de répéter des mots pour prier. Il suffit d'être tranquille et de vraiment écouter le message que Dieu vous envoie tout spécialement.
La Bible dit aussi: « Confie-toi en l'Éternel de tout ton cœur, et ne t'appuie pas sur ta sagesse; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. » (Proverbe 3:5, 6) Pour moi, cela veut dire qu'il faut vraiment se confier en Lui et ne pas suivre ses propres idées. Quand Dieu nous dirige, tout est harmonieux.
Je me suis efforcée d'oublier les erreurs que j'ai faites dans ma vie, et, à la place, de me réjouir d'avoir pu aider mon entourage et d'avoir appris beaucoup de choses. Dieu est Amour et, quand on maintient des pensées spirituellement scientifiques au sujet des autres, on exprime l'amour.
J'aimais beaucoup marcher, peindre, enseigner et coudre. Comment pouvais-je faire tant de choses ? Maintenant, j'aime à rester toute tranquille.
