Pianiste et professeur au conservatoire [de Rennes, en France], j'ai été particulièrement heureuse d'apprendre que Serge Prokofiev avait connu la Science Chrétienne: cela ne m'a pas étonnée qu'il ait mentionné dans son journal personnel combien les vérités spirituelles exposées dans les écrits de Mary Baker Eddy l'avaient aidé dans son travail de musicien. Plusieurs de ces vérités m'ont aussi beaucoup aidée.
Depuis toujours, l'une des motivations qui m'a poussée à devenir musicienne professionnelle est que je pensais ainsi me rapprocher de Dieu. Cela a bien été le cas, mais cette carrière a pris la forme inattendue d'un voyage spirituel, qui se poursuit encore chaque jour.
Il ne me suffisait pas de dire « Chouette, la musique exprime de nombreuses qualités divines, alors j'y vais ... ». Il a fallu véritablement que je découvre qu'en réalité la musique est spirituelle et que j'approfondisse le fait merveilleux que Dieu est le créateur de la musique, qu'elle ne dépend que de Lui, qu'il l'aime et la gouverne: elle n'exprime que Ses qualités sous des formes multiples de beauté et d'harmonie. « L'Entendement parfait émet la perfection, car Dieu est Entendement ». dit Mary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 239). Céder à ce sens spirituel de la musique est primordial dans mon travail, notamment chaque fois que je prépare un concert; cela ouvre de nouvelles perspectives d'interprétation de l'œuvre, enlève un faux sens de responsabilité personnelle et libère le jeu en public. Ce n'est pas moi qui « émet », c'est Dieu.
Alors quel est mon rôle en tant que pianiste ou professeur ? Eh bien, Dieu exprime la beauté spirituelle de la musique à travers homme: « L'homme est l'expression de l'être de Dieu », écrit encore Mary Baker Eddy (ibid., p. 470). Me souvenir que je suis l'enfant bien-aimée de Dieu, Sa propre réflexion, me donne de la joie et de l'assurance dans mon travail. Cela me permet aussi de voir mes élèves comme les expressions individuelles de Dieu dans leurs qualités musicales. Il y a un seul Esprit [...] qui opère tout en tous, affirme la Bible (voir I Corinthiens 12:4 à 11). Je suis frappée par la vérité de ces versets lorsque mes élèves se produisent en public: chacun d'eux exprime quelque chose d'unique qu'en qualité de professeur je dois aimer et soutenir. Ainsi j'apprends à écouter d'une façon plus profonde: pour mieux écouter les élèves, la partition, les intentions du compositeur, je veille à rester connectée à Dieu, l'Amour divin, la source de toute chose.
Mozart devait comprendre cette approche lorsqu'il a dit ces mots souvent cités: « J'assemble deux notes qui s'aiment. »
Je me souviens d'un jour où cette vérité m'a pénétrée lorsque j'étais adolescente: j'étais en pleine préparation de l'examen de fin d'année du conservatoire, et un jour mon professeur, exaspérée par ma nervosité, m'a dit que je ne jouerais jamais de façon « aimable » (c'est le terme qu'elle avait employé). Ce verdict implacable m'a d'abord beaucoup attristée. Puis soudain, à travers mes larmes, j'ai vu l'absurdité de cette affirmation: cela allait complètement à l'encontre de tout ce que j'apprenais de Dieu et de l'homme – donc de moi-même – dans la Bible et dans les enseignements de la Science Chrétienne ! Aussitôt, une grande paix m'a envahie et est restée en moi pendant toute la période de préparation de l'examen: je me sentais entourée de l'Amour de Dieu, si bien qu'aucune crainte ni agitation ne me touchaient; je ne pouvais exprimer que l'Amour. Et effectivement, pendant l'examen, il n'y a eu que le gouvernement de l'Amour: ce n'était plus vraiment moi qui jouais, mais j'étais comme le témoin d'une musique qui se déroulait à travers moi et malgré moi, où chaque son, chaque geste, chaque phrase musicale étaient parfaitement à leur place et entourés d'Amour. Plus tard, le résultat de l'examen s'est avéré excellent (j'avais obtenu la première place), mais surtout cela reste ma plus belle prestation publique et une expérience spirituelle unique, une sorte de grâce qui me guide encore sur mon chemin.
