Pour moi, quand j'étais enfant, les mercredis soir étaient des moments privilégiés. Mon frère, ma sœur et moi accompagnions nos parents qui allaient assister à un « programme » organisé par notre église. En tout cas, à mes yeux, cela ressemblait beaucoup à un programme. Des gens se levaient pour raconter une histoire. J'étais fascinée. Même mes parents se levaient quelquefois pour raconter ce qui s'était passé à la maison et pour expliquer comment Dieu nous avait aidés. Je me souviens combien cela me rendait heureuse: j'arborais un large sourire quand ils se rasseyaient.
En grandissant, comme nous avions des devoirs à faire, nous ne les accompagnions plus aussi souvent. J'ai compris depuis que le programme était en réalité un service religieux, une sorte de « pique-nique » spiritual d'une heure, au milieu de la semaine, pour remercier pour les guérisons obtenues et les transformations personnelles inspirées par les guérisons et les enseignements de Jésus. C'était, et c'est encore, un moment de joyeux partage des récoltes de guérison, mais pas seulement avec les membres de l'église. C'est un pique-nique pour toute la localité. Et tout un chacun est inclus dans cette collectivité, quels que soient sa confession religieuse, son héritage culturel ou ethnique.
Aujourd'hui, nous vivons à un rythme si rapide, nous sommes entourés de tant de distractions qu'il est facile d'oublier que nous sommes toujours membres de la communauté que constitue notre ville, notre quartier. Il est déjà suffisamment difficile de subvenir aux besoins de sa propre famille, nous semble-t-il, sans avoir à y ajouter ceux des autres. C'est peut-être moins vrai lors d'une catastrophe, quand il paraît soudain normal à chacun de vouloir apporter son aide. Cependant, on ne devrait pas avoir besoin d'une catastrophe pour manifester sa sollicitude.
La gratitude et le partage ne sont pas des concepts nouveaux. Le livre des Psaumes, dans la Bible, est un véritable livre de gratitude. Il contient 150 chants (témoignages si vous préférez) de louanges qui rendent gloire à Dieu. Ces chants se sont perpétués au cours des âges, et on peut dire, sans grand risque de se tromper, que dans le monde entier chaque mercredi soir, lors des services de la Science Chrétienne, les gens trouvent l'inspiration en écoutant la lecture d'extraits de ce recueil intemporel.
En outre, les racines de cette forme de louange se retrouvent dans toute la Bible. Le livre de Malachie nous dit que nous sommes assurés de recevoir des bénédictions: « Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu'il y ait de la nourriture dans ma maison; mettez-moi de la sorte à l'épreuve, dit l'Éternel des armées. Et vous verrez si je n'ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance. » (3:10)
Ce passage est une promesse d'abondance faite à chacun de nous. Il nous faut simplement être prêts à donner, ne serait-ce qu'un dixième de notre gratitude à Dieu, pour découvrir des bénédictions qui dépassent ce que nous pouvons concevoir. Quelle meilleure façon d'exprimer notre gratitude envers Dieu que de poursuivre l'œuvre commencée par Jésus: guérir les malades et faire connaître son exemple à toute l'humanité ?
Donner à manger aux oiseaux
Un jour, j'ai appris quelque chose d'essentiel sur la manière d'aider à répondre aux besoins d'autrui. Tout a commencé par des oiseaux. Mon mari et moi avions emménagé dans une propriété d'un demi-hectare. Il n'y avait pas de clôtures, mais de grandes prairies qui traversaient toutes les propriétés adjacentes. Nous avions des fougères et un ruisseau qui bordait l'arrière de tous les terrains. À mes yeux, c'était un havre idéal pour les oiseaux.
Or, après avoir passé deux mois à regarder les oiseaux voler vers le jardin de mon voisin, j'ai commencé à me demander pourquoi ils ne venaient pas chez nous. Je me suis alors adressée à la société ornithologique locale. J'ai sans doute paru bizarre à la personne qui m'a reçue. En effet, quand elle m'a demandé quel genre d'oiseaux je désirais, j'ai répondu: « Des rouges, des jaunes, des bleus, des noirs et des blancs, et puis aussi les bruns ordinaires. » Mais elle n'a pas perdu patience et m'a demandé ce que j'avais comme nourriture à leur donner, et je lui ai dit que j'utilisais ce que je trouvais à l'épicerie.
« Ah, m'a-t-elle dit, ça ne suffit pas. Si vous voulez que les oiseaux viennent, vous devez leur fournir des graines qui répondent à leurs besoins spécifiques. »
Avec son aide, j'ai acheté une dizaine de variétés de graines pour des oiseaux bien précis. Vous devinez la suite. Moins d'une semaine plus tard, quand j'ai regardé par la fenêtre de la cuisine, vers le grand lilas, j'ai compté treize espèces différentes d'oiseaux qui chantaient, de toutes tailles et de toutes couleurs.
Comment ces oiseaux savaient-ils que la nourriture qu'ils voulaient était là ? Je n'étais pas dans mon jardin à leur faire des signes pour leur indiquer l'arbre. Je n'avais pas peint de grosses flèches sur le sol. Je ne crois pas non plus que les oiseaux puissent repérer les graines par leur odorat. Je ne savais même pas comment ils pouvaient trouver les mangeoires dans cet arbre touffu. Cependant, ils les ont trouvées, et ils ont continué à nous rendre visite régulièrement.
L'assiduité à l'église
À un moment donné, je me posais des questions sur l'assistance clairsemée des services du mercredi soir de mon église. Les gens donnaient de nombreux témoignages de guérison, et les lectures de notre « pasteur », Bible et Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mary Baker Eddy, étaient toujours remplies d'inspiration. En priant pour recevoir de nouvelles idées, je me suis rendu compte que la dame aux oiseaux m'avait donné la solution: « Si vous voulez que les oiseaux viennent, vous devez leur fournir des graines qui répondent à leurs besoins spécifiques. »
C'est exactement ce que j'ai fait. L'idée qui m'est venue, c'est que ma localité n'était pas simplement un ensemble de gens différents. C'était là où habitaient des familles de toutes sortes et de toutes tailles, avec pour la plupart de nombreux enfants. Il y avait diverses boutiques, des banques, des concessionnaires automobiles, des cliniques, des écoles et d'autres églises. La ville avait des problèmes économiques, manquait d'organisations charitables, et elle était toujours à la recherche de gens capables de conseiller les jeunes.
Plus que jamais, je me suis rendu compte à quel point je faisais partie de cette communauté et combien notre propre famille avait dû faire face aux mêmes difficultés. Nous avions trouvé de bonnes solutions grâce à la prière seule. Notre étude des lois impartiales et universelles de Dieu, et notre obéissance à ces lois, avaient comblé notre famille de nombreuses bénédictions. Nous étions toujours merveilleusement conscients du fait que nous ne pouvions pas simplement amasser des preuves convaincantes du pouvoir guérisseur de Dieu. Il nous fallait les faire connaître avec gratitude. Et ces réunions hebdomadaires nous en donnaient justement la possibilité.
Je me souviens de la remarquable guérison de mon fils à la suite d'un grave accident de voiture; je me souviens de l'époque où mon mari avait eu cinq emplois différents en sept ans, après quoi, ayant prié pour être guidé vers le bon emploi, il avait eu une longue carrière dans un domaine extrêmement intéressant; je me souviens qu'il a été guéri de douloureuses migraines dont il souffrait depuis l'enfance; que mes enfants ont toujours été en bonne santé malgré les coupures, les piqûres d'insectes, les bleus, les crises d'eczéma, les rhumes et les fièvres qui les mettaient à l'épreuve de temps en temps.
Au cours des années, il m'est arrivé à plusieurs reprises d'être guérie pendant une réunion du mercredi. Un jour, je ne me sentais pas bien et j'avais décidé que je n'irais probablement pas à l'église. Puis je me suis dit: « Non, c'est justement là où j'ai besoin d'être. » Toutefois, pendant le service, j'ai senti que je perdais connaissance. Mon mari, qui était assis à côté de moi, s'était aperçu de ce qui se passait, et je savais qu'il s'était joint à moi dans la prière pour la guérison. Quelques minutes plus tard, la situation ne présentait plus un caractère d'urgence. Le malaise s'était dissipé, et quand a commencé la partie de la réunion réservée aux témoignages, je ne manifestais plus aucun des symptômes dont j'avais souffert toute la journée. J'ai pu faire part de cette guérison un autre mercredi soir.
Inclure la communauté
Un jour, la secrétaire de l'école de mes enfants m'a posé une question inattendue sur le calme que je manifestais en toutes circonstances. Je l'ai invitée à assister à une réunion du mercredi soir, et elle en est ressortie en disant qu'elle ne se souvenait pas bien de ce qu'elle avait entendu, mais qu'elle s'était aperçue qu'elle connaissait la plupart des personnes présentes. Elles avaient toutes des vies bien remplies: banlieusards qui devaient se rendre à leur travail, travailleurs sociaux, parents aux tâches multiples, et pourtant tous ces gens paraissaient pleins de sérénité. « C'est ce que je désire connaître depuis si longtemps dans ma vie: la tranquillité et la sérénité », a-t-elle déclaré.
Il est évident que cette visiteuse avait été impressionnée par l'atmosphère de guérison de notre église et par l'engagement qu'avaient pris les membres de mieux connaître Dieu et d'encourager leur prochain à faire de même. Et ce n'était que le début. De nombreuses autres occasions se sont présentées, à mesure que nous avons vu qu'en donnant des témoignages, nous ne rendions pas seulement grâce à Dieu, mais que nous partagions avec notre communauté une nourriture spirituelle dont elle avait grand besoin. Je ne suis plus membre de cette église filiale, mais la vitalité dont ses membres font preuve est toujours une source d'inspiration. Leur communauté a peut-être changé, mais pas leur objectif.
La gratitude: une prière
La gratitude n'est pas quelque chose qu'on garde pour ces réunions hebdomadaires et dont on se contente de parler. C'est une forme de prière. Et la meilleure preuve de la sincérité de nos prières se voit dans notre existence quotidienne. Comme l'a écrit Mary Baker Eddy: « Les actes expriment plus de gratitude que les paroles. » (Science et Santé, p. 3)
Quelquefois les gens ne se rendent pas compte à quel point une prise de conscience de la présence et de la sollicitude réconfortante de Dieu peut être puissante. J'ai connu des moments de grande douleur, de grande contrainte et de grand découragement, des moments pendant lesquels je croyais être incapable de prier avec efficacité ou même de penser avec clarté. Or, je suis sortie de l'océan mental dans lequel j'étais prisonnière chaque fois que j'ai montré assez d'humilité pour prononcer ces deux ou trois petits mots: « Merci mon Dieu » ou « Merci Père ». L'effet qu'ils ont eu m'a toujours affermie dans mon ardent désir d'aider mon prochain à saisir combien la louange est simple et puissante tout à la fois.
Il n'y a peut-être pas d'église proche de chez vous où vous puissiez facilement vous rendre pour donner et recevoir de cette manière. Cela ne devrait pas vous empêcher de réserver, chaque semaine, une heure de votre existence bien remplie à l'expression de votre gratitude envers Dieu pour les bénédictions et les guérisons que vous avez eues. C'est aussi un bon moment pour inclure votre localité dans vos prières, ainsi que la communauté qu'on appelle le monde.
L'Église peut toujours prospérer dans notre conscience. Pour moi, c'est le meilleur lieu de rassemblement. Et lorsque nous sommes véritablement remplis de gratitude, chaque jour peut être un mercredi !