Si l'expérience est censée conférer de la compétence, je suppose que je peux me considérer comme une experte en pensées tourmentées ! Lorsque j'étais petite, je me battais souvent avec des questions troublantes et sans réponse dont je bombardais mes parents tout au long de la journée, en demandant « pourquoi ceci ? » « pourquoi cela ? » Mes parents ne me décourageaient pas, bien au contraire, ils m'assuraient avec amour et patience que je trouverais moi-même un jour réponse à mes questions.
Et ils avaient raison. Lorsqu'à présent cette sorte d'intrusion obsessionnelle vient me priver de ma paix intérieure, Je sais au moins que le temps passé à analyser le trouble et à le ressasser ne me conduira jamais au calme que je recherche. Ce n'est pas toujours facile, mais au moins je sais que ces luttes intérieures représentent l'occasion de prouver que chacun d'entre nous possède la capacité d'imposer silence au « tam-tam » d'une pensée troublée. Ce tam-tam est comme une tentative d'impressionner par une répétition lancinante, et je refuse donc de m'y soumettre.
Cette gymnastique mentale importune semble être une activité universelle, même si elle n'est pas le fait d'un choix conscient. Nous sommes tous confrontés à cet état mental agressif lorsqu'une situation semble n'appeler qu'anxiété, reproches, agitation ou peur, nous poussant à vaciller entre justification et auto-condamnation, entre apitoiement sur soi et sentiment de supériorité vertueuse. Cette cacophonie née de la confusion mentale donne alors souvent à penser que la situation est désespérée.
J'ai lu un jour une remarque rapportée par Clarinda Baker, la jeune cousine de Mary Baker, devenue plus tard Mary Baker Eddy, qui créera la revue que vous êtes en train de lire. Elle dit que cette dernière, encore toute petite, s'était écriée: « Oh, j'aimerais tant pouvoir arrêter ma machine à penser ! »-Robert Peel, Mary Baker Eddy: Je ne sais combien de fois cette remarque m'est revenue à l'esprit lorsque des pensées parasites m'assaillaient au milieu de la nuit !
Or, j'ai eu la preuve dans ces cas-là que je pouvais m'élever au-dessus de ce brouillard, hors de cette zone crépusculaire d'inquiétude où l'on tâtonne à la recherche d'une sortie, grâce à cette autre chose que Mary Baker Eddy a partagée avec le monde: la révélation, par ses prières, de l'unique chemin, la seule véritable solution à ce problème. L'exemple qu'elle a donné de se tourner vers la prière me sert de guide depuis de nombreuses années.
Bien des années plus tard, Mary Baker Eddy a été inspirée à écrire un poème qu'elle a intitulé « Christ, mon refuge » Ainsi, alors qu'elle se tournait sans nul doute dans un élan d'humble sincérité vers ce calme et cette paix qu'elle recherchait, elle a écrit ces vers:
« Sur les flots en courroux, je vois
Le Christ marcher:
Calmant les eaux, sa tendre voix
Sait m'apaiser. »
(Écrits divers, p. 397)
Quelle expérience précieuse, mémorable et réconfortante ! Selon les différentes biographies de Mary Baker Eddy, les tourments ne lui ont pas été étrangers: pendant de nombreuses années, privée de soutien humain, elle a dû se tourner vers Dieu pour trouver un guide, un ami et un conseiller. Selon ses propres termes, la Bible, était « son seul instructeur », « la carte de la vie », contenant « la recette pour toute guérison ». (Science et Santé, respectivement p. VIII, 24 et 406).
Chacun de nous peut comme elle se tourner vers la même source pour découvrir cette certitude. Elle a répondu à l'invitation de Job: « Attache-toi donc à Dieu, et tu auras la paix » (22:21), et elle a effectivement vu se réaliser la promesse formulée dans le livre d'Ésaïe: « À celui qui est ferme dans ses sentiments tu assures la paix, la paix, parce qu'il se confie en toi. » (26:3) Elle a peut-être dû, à de nombreuses reprises, passer encore par des périodes troublées, mais en vraie disciple des enseignements de Jésus, elle n'était jamais victime, la victoire l'attendait toujours.
J'ai un souvenir très net de la première fois où j'ai vraiment découvert cette paix de l'âme qu'elle a décrite: c'était après un appel téléphonique bouleversant de ma mère qui m'informait que mon frère, qui se trouvait sur une base militaire, lors de la dernière guerre, était dans le coma, souffrant d'une méningite cérébro-spinale. Même si elle m'assurait qu'un aumônier militaire de la Christian Science priait pour lui, j'étais inconsolable. Je n'avais jamais ressenti cette peur, mais c'est elle qui allait me faire découvrir par moi-même ce qu'est la Science du Christ.
Étudiante universitaire, j'habitais chez une personne qui se consacrait à guérir, une praticienne de la Christian Science qui, constatant ma peur panique, me suggéra calmement de lire un passage de Science et Santé, ouvrage que tous les étudiants de la Christian Science lisent en relation avec la Bible. La seule chose que j'aie faite correctement, c'est de suivre son conseil et, même si les mots semblaient vides de sens, de persister à lire et relire à toute vitesse. Oui, j'ai lu encore et encore ! C'était un vendredi après-midi à quatre heures et je n'ai pas arrêté de lire pendant les vingt-trois heures qui ont suivi; ma pensée s'emballait et j'avais envie d'appeler ma mère toutes les cinq minutes pour avoir des nouvelles, habitée par un sentiment de profond désespoir.
Et puis c'est arrivé: je pourrais moi aussi utiliser les mots du poème de Mary Baker Eddy, « Christ mon refuge », pour dire que le Christ m'avait touchée sur la mer déchaînée et qu'il me rassurait tendrement.
Science et Santé décrit le Christ comme « la manifestation divine de Dieu, qui vient à la chair pour détruire l'erreur incarnée » (p. 583) et comme « la vraie idée énonçant le bien, le message divin de Dieu aux hommes, parlant à la conscience humaine ». (p. 332) Ce message-Christ me parvint à la fin du samedi après-midi, quand une douce impression de soulagement m'enveloppa et que je sentis s'évanouir l'angoisse, l'agitation, la douleur mentale qui me tenaillait. J'ai su à ce moment-là que je ne sombrerais plus jamais dans cette agitation et dans cette confusion mentale. Je n'ai plus été tentée d'appeler pour avoir des nouvelles de mon frère, dont j'ai appris trois jours plus tard la complète guérison.
Cela ne veut pas dire que je n'aie pas été confrontée depuis à des défis lorsque la peur et la confusion ont tenté à nouveau de m'impressionner par leurs répétitions lancinantes (le tam-tam). En effet, mère de trois enfants, des enfants très « dynamiques » qui plus est, j'ai vécu bien des moments d'épreuve, comme par exemple le jour où j'ai appris qu'un des enfants avait eu un accident, ou bien les heures d'attente quand ma fille, qui devait rentrer d'Europe, n'avait toujours pas donné signe de vie vingt-quatre heures après l'arrivée de ses bagages, ou encore le moment où un autre enfant fut ramené à la maison après un accident de moto... De plus, l'angoisse a été constante lors des cinq premières années de notre mariage, alors que mon mari occupait et perdait sept emplois successifs et que nous nous demandions au jour le jour comment payer nos factures. Toutes ces péripéties ont trouvé une solution harmonieuse grâce à la prière, et j'ai pu ressentir un peu de cette paix qui accompagne la présence du Christ.
Je me suis toutefois rendu compte que ce ne sont pas nécessairement les événements les plus importants qui perturbent notre pensée. Les angoisses les plus cruelles et les plus agressives proviennent peut-être de ces petits commentaires que quelqu'un a faits, ou que nous avons nous-mêmes exprimés, et que nous souhaiterions n'avoir jamais entendus ou dits; nous nous sentons incompris ou blessés, et même insultés, offensés. La susceptibilité agit comme un aimant, attirant dans un tourbillon de doute, de remords et de ressentiment tous les aspects négatifs d'une simple remarque.
Un autre verset de la Bible m'a aidée à faire taire ces tourments et à accepter la guérison, le Christ toujours présent: « Grande est la paix de ceux qui aiment ta loi: et rien ne peut les offenser. » (Psaume 119:165, d'après la version King James) Quelle joie de se libérer d'un sentiment d'offense ! Et si vous voulez avoir une agréable surprise, cherchez les synonymes des mots « offense » ou « offensé » je n'avais pas conscience d'être facilement offensée, mais en découvrant que plus de quatre-vingts termes pouvaient s'interpréter comme des offenses, je me suis rendu compte que je devais impérativement m'attacher à suivre avec plus de diligence les deux grands commandements de la loi donnés par Jésus: aimer Dieu et aimer son prochain, sans compromis ou fausses excuses. (voir Matthieu 22:37-39)
Ainsi que je l'ai dit au début, si l'expérience fait de vous un expert, alors j'en ai suffisamment pour me considérer comme une experte de l'élimination des pensées turbulentes. Cette expérience de la lutte intérieure disparaît toutefois instantanément quand les leçons sont apprises et appliquées. Personne ne peut jamais être séparé même un seul instant du Christ, du message divin venant de Dieu et s'adressant à chacun de nous directement et de façon spécifique. Il suffit de le comprendre pour que s'apaise toute agitation, tourment ou panique.
Bien des années après le jour où Mary Baker Eddy a écrit son poème « Christ, mon refuge», elle a donné le message suivant: « À ceux qui sont fatigués et chargés, Jésus dit: «Venez à moi.» Ô glorieuse expérience ! il reste donc un repos pour le juste, un repos en Christ, une paix dans l'Amour. Cette pensée apaise les plaintes; les vagues déferlantes de la vie – cette mer agitée – se résolvent en écume, et au-dessous, règne un calme profond et stable. » (Quatre Messages à l'Église Mère, Message de 1902, p. 19) Ce calme profond et stable nous appartient maintenant, et pour toujours. Il nous faut juste l'accepter.
