Je me souviens très bien de cette journée: je m'étais activée toute la matinée pendant que mon fils de quatre ans, Aiden, s'occupait de son côté. Je voulais terminer tout ce que j'avais à faire avant une heure de l'après-midi, afin d'être complètement libre pour mettre mon fils au lit pour sa sieste.
Depuis que j'étais maman, j'avais toujours considéré comme vital de faire en sorte que mon enfant dorme bien. Je m'étais souvent surprise à penser aux heures de sommeil qu'il avait eues, ou dont il aurait besoin. S'il n'avait pas fait de sieste dans l'aprèsmidi, j'avais l'impression qu'un désastre allait se produire, qu'il ne survivrait pas jusqu'au dîner ou ne pourrait pas être au mieux de sa forme.
M'assurer qu'Aiden ait son compte de sommeil était sans doute légitime. Mais l'importance que j'y accordais – comme si assurer un sommeil paisible à son enfant était la préoccupation ultime d'un bon parent – n'était pas juste. Est-ce que cela était vraiment de nature à résoudre tous les problèmes auxquels les parents sont confrontés ? Cet après-midi-là, après avoir lu une histoire à Aiden pour qu'il s'endorme, je me suis affalée sur mon propre lit et j'ai ouvert Science et Santé à une page où j'ai trouvé ces mots: « Vous ne dites pas qu'une roue est fatiguée; et cependant le corps est tout aussi matériel que la roue. Sans ce que l'entendement humain dit du corps, le corps, de même que la roue inanimée, ne serait jamais fatigué. Être conscient de la Vérité nous repose plus que des heures de repos dans l'inconscience. » (p. 218)
Je me souvenais d'avoir prié continuellement en m'aidant de ce passage lorsque, en faculté, je dormais peu et avais des quantités de choses à faire. On m'accusait souvent de ne jamais dormir. Mes amis se demandaient comment je me débrouillais pour tout faire. Mais ce que j'avais compris alors, c'était que le sommeil n'était pas la vraie question: ce qui me permettait de continuer à avancer, c'était le fait de centrer mes pensées sur Dieu, la Vérité, et de maintenir ma conscience en paix. Chaque fois que je me surprenais à passer en revue tout ce que j'avais à faire, le tourbillon de mes pensées m'épuisait. Mais quand, grâce à la prière, j'étais consciente de l'amour de Dieu, guidant toutes mes activités, j'étais capable de trouver un petit moment, au milieu de l'après-midi, pour faire une promenade tranquille, ou de prendre du temps pour un petit dîner et pour admirer ensuite le coucher du soleil. À cette époque, même si je veillais très tard, je ne me sentais pas fatiguée. Je semblais comprendre que ce qui nous apporte le véritable repos est la paix intérieure spirituelle qui nous vient de Dieu.
Pourquoi alors, me suis-je demandé, n'avais-je pas appliqué ce concept aux siestes de mon fils ? Quand j'ai réalisé à quel point je m'étais focalisée sur le sommeil d'Aiden, je n'ai pu qu'en rire. J'ai compris que ce dont il avait le plus besoin, c'était de se sentir en paix tout au long de la journée.
À partir de ce moment, je me suis concentrée sur la nature paisible de ma pensée et de celle d'Aiden. (Quelle liberté de ne plus comptabiliser son temps de sommeil !) Plutôt que de défendre obstinément la journée de mon fils contre un monde proposant toujours plus d'activité, j'ai commencé à comprendre que je pouvais m'attendre à ce qu'un rythme alternant repos et activité détermine de façon naturelle chacun de ses instants, parce qu'il existe une impulsion divine qui guide ses pensées et ses actes. Maintenant, lorsqu'Aiden a besoin d'une coupure dans une journée bien remplie, nous partons faire un tour dans les bois, au calme, ou nous lisons un livre. À l'occasion, il fait la sieste.
La leçon, plus importante encore, que je continue d'apprendre à la suite de cette expérience, c'est qu'il ne faut pas prendre trop à coeur tel ou tel aspect du rôle de parent. Non seulement cela peut culpabiliser les parents, mais cela crée un problème là où en fait tout pourrait se passer naturellement.
Quelquefois, j'ai encore tendance à donner trop d'importance à un aspect particulier de la croissance d'Aiden. Mais je pense que c'est plus lié à ma propre paix en tant que parent qu'à son développement. Plus j'accepte de lâcher le fardeau personnel qui consiste à contrôler chaque détail, plus je fais confiance à Dieu pour qu'il me montre comment Il déroule la journée de mon fils en harmonie avec sa nature la plus élevée. Je reste vigilante pour faire barrage aux influences qui peuvent surexciter les enfants mais je comprends que le remède réside dans le fait d'encourager un équilibre et une satisfaction purement spirituels. Et cela donne tellement plus de joie aux parents !
