Skip to main content Skip to search Skip to header Skip to footer

SUR LE CHEMIN DU FOYER

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mars 2006


A l'époque où je demeurais dans mon pays d'origine, j'ai vu beaucoup de souffrance. Outre la guerre et les périodes de troubles intérieurs, la République Démocratique du Congo a connu en effet des décennies de domination par un régime antidémocratique qui favorisait la corruption, la manipulation politique et les pratiques financières illicites. C'est pourtant au cours de cette période de souffrance que j'ai appris des leçons très importantes, des leçons sur l'honnêteté, grâce à l'exemple de mon père, et sur ce qui constitue véritablement le foyer.

En 1994, à un moment où le pays s'appelait encore Zaïre, le gouvernement a voulu assainir les registres du personnel qui étaient truffés d'agents fictifs. Mon père fut chargé de la liste du département des postes et télécommunications pour toute la République. C'était un travail gigantesque et secret qui devait être accompli dans un certain délai. Mon père eut recours à mes services, et je mis tout mon cœur et mon temps dans ce noble travail. Cet effort devait permettre à notre gouvernement d'épargner plusieurs millions de zaïres (la monnaie de l'époque), de l'argent qui jusquelà partait dans les poches de personnes bénéficiant d'impunité.

Mon père avait eu le choix: soit rallier le camp de la mafia et empocher d'importantes sommes d'argent, soit travailler pour le bien de la nation. Il avait opté pour la deuxième voie. Bravant de nombreuses pressions, nous avions continué à travailler sur cette liste, ce qui entraîna pour mon père une suspension de service de trois mois avec privation de salaire, et des menaces de mort. A la réception de la lettre de suspension, mon père répondit simplement qu'il subirait les conséquences de son travail avec honneur. Cependant, nous allions vivre l'époque la plus difficile de notre vie car, après avoir épuisé tout ce que nous avions comme épargne, mes frères et sœurs et moi-même nous sommes retrouvés à certains moments à souffrir de la faim, n'ayant parfois que de l'eau à boire. Lnquiet pour ma sécurité, mon père m'intima un jour l'ordre de quitter le pays, car il estimait que le pays était corrompu jusqu'à un niveau très élevé, et il voulait me mettre à l'abri de tout ce que lui-même avait subi.

Ce fut le début de mon exil vers l'inconnu; la Namibie fut le choix qui se présenta à mon esprit, et ma simple présenta fut: « Dieu, puisses-Tu me guider ! » Dans ma progression vers le sud, je traversai l'Angola, où sévissait la guerre civile. Je fus fouillé deux fois par des militaires en quête d'argent, mais ils ne purent trouver sur moi l'argent que je cachais pour mon voyage. Un jour, toutes les chambres de l'hôtel où je logeais furent fouillées, sauf celle où je me trouvais. J'avais l'habitude de méditer certains passages de la Bible pour calmer ma crainte en pareille situation, des passages comme celui-ci: « Ne crains rien, car je suis avec toi [...] je te fortifie, je viens à ton secours... » (Ésaïe 41:10) Grâce à la lumière apportée par mon étude de la Christian Science, ce passage m'avait permis de voir clairement que Dieu étant Tout-en-tout — un Dieu infini exprimé par chacun de Ses fils et filles — les militaires et moi-même avions notre identité en Dieu, si bien que tout ce dont nous avions besoin, nous l'avions déjà en Dieu, la substance de chacun de nous. Aucune confusion ou aucun mal ne pouvait se manifester entre nous.

Arrivé en Namibie, je me déclarai réfugié politique, et ma demande fut acceptée. Mais quelle ne fut pas ma désolation de me voir déporté dans un camp de réfugiés, très loin de la ville. Les conditions de vie étaient effroyables: nous devions dormir sous une tente, dans la brousse, où la chaleur était presque insupportable. Pourtant, des pensées du Psaume 91 m'ont aidé à comprendre qu'avec Dieu « aucun malheur ne t'arrivera, aucun fléau n'approchera de ta tente. » (verset 10) Une nuit, alors que j'étais assis dans la tente faiblement éclairée par une lampe à pétrole, j'entendis un voisin crier: «Au serpent ! », et il pointait du doigt l'endroit où j'étais assis; le serpent qui se trouvait là se faufila aussitôt dehors, nous étions tous sains et saufs. Une autre nuit, je me réveillai subitement, avec la sensation que quelque chose rampait sur mon front. C'était un gros scorpion que je chassai d'un geste vif. Plus tard, je me rendormis avec la certitude que Dieu n'avait jamais manqué de me protéger, et le lendemain ma vie reprit comme à l'habitude.

La loi namibienne n'autorisait pas les réfugiés, même qualifiés, à travailler pour le pays. Je devais prendre des files d'attente, comme tout le monde, pour avoir ma ration alimentaire mensuelle. Cette absence de foyer et de travail était un mode de vie que je ne pouvais accepter. Je décidai de faire une étude approfondie des livres qui faisaient partie de mes maigres possessions: la Bible et les écrits de Mary Baker Eddy. Je recherchais en particulier les explications que donnent ces livres sur la façon de surmonter le mal et le mesmérisme, en m'efforçant de comprendre que Dieu, le bien, était présent dans cet endroit reculé.

J'écrivais régulièrement à mon professeur de Christian Science, et ses réponses me permirent de calmer ma crainte et d'avoir la certitude du déroulement du bien malgré le tableau matériel que présentait la vie monotone, répétitive du camp. Trois mois après mon arrivée, le gouvernement namibien promulgua une loi sans précédent qui devait permettre aux réfugiés compétents d'être embauchés dans les domaines qui manquaient de main-d'œuvre qualifiée. Nous étions très optimistes concernant cette loi votée par le parlement et agréée par le gouvernement, mais en pratique, rien ne semblait s'améliorer sur le terrain jusqu'à ce que, enfin, un réfugié pût trouver un emploi et aller résider en ville. L'occasion m'était offerte de commencer à cultiver la gratitude en m'appuyant sur cette idée, développée dans Science et Santé, le livre de Mary Baker Eddy, que « tout ce qui bénit l'un, bénit tous » (voir p. 206).

Au bout d'une année, une dizaine de réfugiés avaient trouvé un emploi, mais je n'étais pas du nombre. Cependant, je ne me décourageais pas. Je continuais à cultiver la gratitude tout au long de ma deuxième année dans ce camp.

Je devais aussi surmonter la pensée que j'étais emprisonné, confiné dans des limites. Je me rappelais que Dieu étant Esprit, Il était partout, et que l'homme, Son reflet et Sa ressemblance, existe partout avec Lui. Dieu ne connaissant pas de frontières, Sa création, Sa manifestation spirituelle, ne connaissait pas non plus de limitations ni de frontières. Ceci n'était pas facile à assimiler au premier abord, car d'après tout ce que pouvaient percevoir mes sens physiques, j'étais bel et bien enfermé dans un camp de réfugiés.

Pendant la journée, cependant, le ciel était bleu et souvent sans nuages. J'aimais contempler le firmament et repenser à l'infinitude de Dieu, et voir que l'homme était partout avec son Créateur. Et pendant la nuit, le ciel était rempli d'étoiles que je contemplais aussi, en affirmant que le bien circule dans l'Entendement divin où il n'existe aucune barrière.

Dans ces moments de prière et de contemplation, je ressentais la vérité puissante de ces paroles: « Pèlerin sur la terre, ta demeure est le ciel; étranger, tu es l'hôte de Dieu. » (ibid., p. 254) Mesefforts constants pour comprendre Dieu pendant ces deux années en Namibie m'ont aidé à acquérir, jour après jour, un sens plus élevé du foyer. En qualité d'enfants de Dieu, nous sommes des créations de l'Âme, et nous appartenons à jamais à l'univers spirituel de Dieu. Donc, quand nous écoutons et suivons nos sens spirituels, nous fermons la porte au découragement, à l'impatience, et nous sommes prêts par conséquent à accepter de nous laisser guider par Dieu, prêts à voir le bien qu'll a déjà établi pour nous. Notre foyer est partout où se trouvent le Père-Mère divin et les enfants de Dieu, y compris sous le bleu du ciel pendant la journée, et sous les étoiles la nuit.

Finalement, l'occasion me fut offerte, ainsi qu'à beaucoup d'autres réfugiés, de faire une demande de résidence au Canada. Bien que cela ait traîné en longueur et que l'ambassade du Canada en Afrique du Sud ait été submergée par des centaines de demandes, j'étais optimiste pour mon acceptation.

Mais par ailleurs, j'étais totalement démuni: pas d'argent, presque pas de vêtements, des souliers usés... Jusque-là, détenteur d'un diplôme d'études supérieures, je m'étais vu appelé à assumer des fonctions en rapport avec mon niveau d'études. Mais j'ai éprouvé alors le désir d'exprimer davantage d'humilité, comme l'indique la parabole de l'économe infidèle: « Celui qui est fidèle dans les moindres choses l'est aussi dans les grandes... » (Luc 16:10) A la lumière de l'étude que j'avais faite, j'apprenais que je devais être disponible pour n'importe quelle fonction qui me serait offerte, si humble fût-elle. En réalité, il y avait des qualités spirituelles dont je pouvais faire preuve à n'importe quel poste, des qualités telles que l'amour, la joie, la disponibilité et l'obéissance.

Enfin, après presque deux ans partagés entre espoir et désespoir, mais aussi riches de progrès dans la compréhension de Dieu et de Son univers, des bénédictions commencèrent à apparaître: j'obtins un poste d'enseignant de mathématiques, chimie, physique dans une école secondaire de bonne réputation où les ministres et hauts cadres de la Namibie envoyaient leurs enfants. Le salaire était très satisfaisant, et j'étais logé dans une grande maison bien équipée, aux frais de l'école. Puis, moins de trois mois plus tard, je reçus un avis favorable pour un interview en vue de ma demande de résidence au Canada. Sur neuf candidats retenus, je fus le seul à être accepté et, au grand étonnement de mes amis, je pus entreprendre le voyage dans un délai très bref.

J'ai des raisons de croire que le Canada, un pays multiculturel où personne ne se situe au-dessus de la loi, est le pays qui me convenait. Il y a presque dix ans que j'y suis arrivé, et j'ai obtenu le statut de résident permanent, puis, il y a trois ans, la nationalité canadienne. Entre-temps, j'ai entrepris de nouvelles études, ce qui fut une grande joie. Et enfin, je suis à même d'aller assister aux réunions de l'association scientiste chrétienne dont je suis membre, sans avoir à solliciter une aide financière pour mon voyage et mon séjour.

Les leçons que j'ai apprises sur la persévérance, l'humilité et la gratitude continuent à m'aider lorsque je suis confronté à des difficultés dans ma vie quotidienne, ici au Canada. Et je continue à prier pour le peuple congolais, pour que chacun puisse découvrir son foyer réel: la vie dans la présence de Dieu, sous Son gouvernment.

Au cours d'un référendum à la fin de l'année 2005, une nouvelle constitution a été adoptée par une majorité de la population en République démocratique du Congo et d'autres élections (présidentielles, législatives, etc.) doivent intervenir d'ici à quelques mois.

Pour découvrir plus de contenu comme celui-ci, vous êtes invité à vous inscrire aux notifications hebdomadaires du Héraut. Vous recevrez des articles, des enregistrements audio et des annonces directement par WhatsApp ou par e-mail. 

S’inscrire

Plus DANS CE NUMÉRO / mars 2006

La mission du Héraut

« ... proclamer l’activité et l’accessibilité universelles de la Vérité toujours disponible... »

                                                                                                                                 Mary Baker Eddy

En savoir plus sur le Héraut et sa mission.