HONNÊTETÉ
Comment l'honnêteté peut-elle de nos jours résoudre des situations pénibles reposant sur l'improbité ou la malversation, et triompher de la malhonnêteté ? Les rédactions des Héraut en allemand, espagnol, portugais et français ont cherché ensemble des réponses à cette question cruciale qui concerne aussi bien les individus que des pays entiers, partout dans le monde. Rassemblés dans le dossier spécial de ce mois-ci, les articles qui suivent montrent comment des hommes et des femmes de divers pays, Espagne, Uruguay, Allemagne, Brésil, France, et issus de milieux différents — politicien, secrétaire, vendeur, femme au foyer, homme d'affaires, etc. — ont prouvé dans leur vie le pouvoir de l'honnêteté, grâce à une compréhension spirituelle de Dieu et du rapport qui unit l'homme à son Principe créateur.
C'est arrivé une nuit sur l'autoroute entre Paris et Berlin. Il y avait beaucoup de brouillard, ma voiture a dérapé sur une plaque de verglas et a effectué un tête-à-queue. Elle a percuté la glissière centrale et s'est immobilisée. Mes trois amis et moi-même avons réussi à sortir rapidement de la voiture pour gagner un endroit sûr. L'instant d'après, une autre voiture est venue s'encastrer dans la mienne. Les deux véhicules étaient inutilisables. Fort heureusement, aucun passager n'avait été blessé, bien que les cinq occupants de l'autre voiture n'aient pas eu leur ceinture attachée au moment du choc. Quand les policiers ont pris nos dépositions sur les lieux de l'accident, l'un d'eux m'a dit que l'autre conducteur me tenait pour responsable parce que mon véhicule n'était pas visible, les feux de détresse n'ayant pas été actionnés. Mais je lui répondis que j'avais bel et bien allumé à la fois les phares et les feux de détresse.
Le policier me conseilla de prendre un avocat à Berlin, ce que j'ai fait. L'avocat m'a déclaré qu'il ne doutait pas de mon honnêteté, mais que celle-ci ne me serait d'aucune utilité au tribunal, car ce serait ma parole contre celle de l'autre conducteur. En fin de compte, il m'a dit: « Ce pourrait être une période difficile pour vous avant l'audience. Ne prenez pas l'affaire trop à cœur. »
Sur les conseils de l'avocat, j'ai fait effectuer un contrôle technique de mon véhicule, qui n'a pu ni confirmer, ni infirmer mes déclarations. L'avocat m'a dit alors que tout espoir était perdu.
Il a tout de suite été clair pour moi que je ne partageais pas son point de vue. J'avais la conscience tranquille. Je savais que j'étais honnête. Et je me suis souvenu de cette déclaration dans Science et Santé de Mary Baker Eddy: « Honnêteté est pouvoir spirituel ». (p. 453) Comme je connaissais ce livre depuis des années, j'avais pris l'habitude d'utiliser ses déclarations comme règles de vie. J'ai souvent trouvé de telles phrases sur l'instant, elles m'ont marqué profondément et m'ont indiqué une direction que je pouvais suivre avec constance, quelquefois pendant plusieurs semaines. Elles m'ont guidé, fortifié et souvent réconforté.
J'ai décidé de vivre cette phrase concernant la nature de l'honnêteté jusqu'à ce que la situation soit résolue. L'audience allait avoir lieu dans une dizaine de mois et j'étais résolu à employer utilement cette période de temps. Je voulais mieux comprendre ce que Mary Baker Eddy voulait dire lorsqu'elle déclarait que l'honnêteté est pouvoir spirituel.
Pendant les mois suivants, j'ai eu beaucoup d'occasions de voir cette phrase sous un jour nouveau et d'en faire le tour. Parfois, je me réjouissais à l'idée qu'à l'audience mon innocence serait prouvée devant la loi. Quelle belle perspective ! Mais il y avait aussi des jours où je me souvenais des mots de l'avocat qui avait dit que mon honnêteté ne me serait d'aucune aide. Je pensais qu'il devait certainement avoir connu des cas semblables dans l'exercice de sa profession pour parler de la sorte. Mais je me suis également dit que, moi aussi, j'avais vu des cas semblables dans mon étude et ma vie avec Science et Santé, des cas qui confirmaient les déclarations de Mary Baker Eddy.
J'avais résolu de m'appuyer sur le pouvoir de cette phrase et il m'était évident que ce n'était pas à moi d'émettre des hypothèses sur la façon dont la vérité allait se révéler. Mon travail, c'était de faire confiance à cette déclaration qui m'apparaissait de plus en plus comme étant une loi divine, qui me protégerait et mettrait en lumière la vérité pour toutes les parties concernées.
J'ai remarqué que cette phrase se trouve dans un paragraphe pour lequel l'auteur a choisi le sous-titre suivant: « Connaissance et honnêteté ». Je connaissais mon honnêteté. Alors, je me suis posé cette question: « Qu'est-ce que je connais de la présence de Dieu ? Est-ce que je sais vraiment que Dieu a le pouvoir de faire en sorte que toutes les parties sachent la vérité ? Est-ce que je sais vraiment que je peux penser à l'issue de l'audience avec sérénité et sans crainte, sans douter aucunement ? »
Après cela, l'inquiétude a fait place à la certitude qu'avec Dieu toutes choses sont possibles. Et je savais que ce n'était pas à moi de décider de ce que serait la solution. Quand je pensais à l'audience qui approchait, je ressentais une espérance joyeuse et calme: j'étais intéressé de savoir comment l'Amour divin allait prouver mon innocence.
Après environ un an et demi, j'ai été informé que le jugement aurait lieu dans les prochains jours. Je n'avais pas besoin d'être présent, l'avocat avait pris toutes les mesures nécessaires et le verdict serait rendu rapidement.
Quelques jours plus tard, l'avocat m'a appelé et, au son de sa voix, j'ai su que l'audience s'était déroulée autrement qu'il ne l'avait prévu. « Vous ne croirez jamais ce qui est arrivé », m'a-t-il dit. Le policier qui avait fait le constat de l'accident sur place avait été entendu par la cour et avait répété qu'il n'avait aucune information à ajouter. Mais, pendant qu'il attendait dans le hall d'être appelé à la barre, il avait rencontré un collègue qui devait témoigner dans le cas suivant. En parlant, ils s'étaient rendu compte que les deux accidents avaient eu lieu le même soir, à peu près à cent mètres l'un de l'autre et presque au même moment. Ce collègue, qui roulait dans l'autre sens sur l'autoroute, avait remarqué quelques minutes plus tôt une voiture jaune, arrêtée de l'autre côté, et dont les phares et les feux de détresse étaient allumés. Il avait consigné ce fait juste avant de faire son rapport sur « son » accident, celui où il se rendait. Le policier qui témoignait dans mon affaire avait tout de suite compris qu'il s'agissait de ma voiture. Il avait demandé à son collègue de l'accompagner à l'audience et de donner ce témoignage décisif. La cour avait immédiatement accepté ce témoignage et ainsi mon innocence avait été prouvée.
Selon mon avocat, c'était une coïncidence incroyable, ou un miracle à peine concevable. Il n'avait jamais vu cela dans toute sa carrière. Il termina la conversation en me disant qu'il fallait fêter cet évènement, et il me félicita de ce verdict.
Oui, il y avait quelque chose à fêter. Je ressentais une joie profonde et calme, et de la gratitude pour avoir pu prouver dans mon expérience le message guérisseur de la phrase: « Honnêteté est pouvoir spirituel. »
